Là aussi, il s’agit d’un enfant surpuissant à
sacrifier ou à protéger (la fameuse Renesmée, née de l’union entre une mortelle
et un vampire), et de visions prémonitoires qui viennent troubler un présent
déjà bien embrumé. C’est que le torchon brûle désormais entre
la famille Cullen et la puissante secte des Volturi (toujours aussi génialement creepy). Il faut en découdre mais hors de question
d’aller au combat seuls : une coalition se crée pour venir en aide au clan
Cullen, et cette réunion donne lieu à un très beau bestiaire qui n’est pas sans
rappeler celui des X-Men.
On croisera par exemple un couple de
vampires arabes crypto-gais (leurs regards ne trompent pas) ou une paire
d’amazones à la Xena capables de suggérer quelques pensées (coquines ?) –
toujours ce même petit jeu pervers avec le spectateur. Déroulé en crescendo
jusqu’à l’(in)évitable bataille finale – à l’instar des ultimes Star Wars ou Seigneur des anneaux–, le chapitre 5 conclut
brillamment le cycle et ramasse l’ensemble de ses motifs tout en en défrichant
de nouveaux.
Bella
n’est ainsi plus cette adolescente fragile et hésitante dont les joues
rougissent à la vue du bel Edward. Devenue vampire, elle est désormais une
force de la nature, une femme puissante, une dominatrice – enfin ! Le film est
en outre d’une violence parfois sidérante, confirmant après les saillies gore
du quatrième épisode le goût des jeunes filles pour la carne (à défaut du sang,
absent).
Mais le plus beau
tient à autre chose. Prémonitions, rêves et télépathie ont toujours été importants dans Twilight, mais cet épisode-ci en fait son cœur. Comme
si, à sa ligne narrative guerrière (et masculine), s’ajoutait un deuxième film
(plus féminin) fait de souvenirs des épisodes précédents, de fantasmes secrets
ou de futurs possibles, bref d’une multitude de lignes parallèles qui viennent
se briser ou s’épanouir, parfois au risque du kitsch, sur la roche enneigée.
Nullement crépusculaire, ce dernier Twilight est
ainsi une ode aux voyants, la confirmation lumineuse que l’avenir (et le
cinéma) leur appartient.