Il prépare
une règle budgétaire pour « encadrer de façon plus précise » la
rémunération globale du personnel de direction des établissements. Cette
nouvelle intervention de Québec dans la gestion des universités est délicate,
au vu du malaise persistant entre les recteurs et le gouvernement péquiste,
tous deux engagés dans une guerre de chiffres. Dans une lettre parue jeudi, pas
moins de 18 grands patrons des universités et institutions d’enseignement
supérieur du Québec contestent les données soumises par le gouvernement Marois
en vue du prochain sommet sur l’enseignement supérieur.
Au cours
d’un débat avec l’opposition vendredi matin à l’Assemblée nationale, le
ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a dit que le
gouvernement est ainsi « à l’écoute de ce que la population demande »
en planchant sur ce projet. En effet,
les cas de traitements somptuaires de hauts dirigeants des universités ont
souvent fait la manchette en provoquant l’indignation de l’opinion publique au
cours des dernières années. « La
population se questionne sur la façon dont notre argent est dépensé », a
déclaré Pierre Duchesne au cours d’une interpellation, tout en ajoutant qu’il
ne faut pas généraliser en prétendant que « toute la situation est
contaminée ».
Il n’en
reste pas moins que le gouvernement veut « encadrer de façon plus
précise » la rémunération globale de la haute direction, a-t-il poursuivi.
Le taux de croissance des salaires et des conditions de travail des membres du
personnel de direction supérieure ne devra pas dépasser celui de la politique
salariale du gouvernement. La
politique de rémunération de chaque université sera sujette à l’approbation du
ministre, a-t-il précisé. Et si elle n’est pas conforme aux lignes directrices,
le gouvernement sévira. « Il y
a une possibilité que la subvention (versée à l’université) soit
diminuée », a-t-il indiqué clairement.
Par la
mise en place de nouvelles règles plus strictes, le gouvernement veut s’assurer
d’être « à l’écoute de ce que la population demande et éviter un trop grand
écart entre le salaire de tous ceux qui travaillent à différents niveaux et
(celui du) personnel de direction », a conclu M. Duchesne. Selon des
sources péquistes, cette règle budgétaire devrait être confectionnée avec la
collaboration du Conseil du trésor. L’imposition
de cet encadrement risque d’être accueillie plutôt froidement par les recteurs,
au même moment où le ministre refuse d’adhérer pleinement à la notion de
sous-financement des universités, afin de garder toutes les options ouvertes au
sommet de février.
De leur
côté, les dirigeants des universités plaident pour un réinvestissement massif
de plusieurs centaines de millions et contestent l’étude du gouvernement qui
remet en cause la notion du sous-financement des universités. Conscient
du contexte plutôt délicat, un autre porte-parole péquiste proche du dossier a
pour sa part affirmé que des règles budgétaires étaient déjà en cours de
préparation sous le gouvernement libéral précédent et que le gouvernement
actuel a simplement décidé de mener la démarche à terme.