Et là je ne parle pas de ce que l’on ne voit pas, c’est-à-dire de
l’état record de la dette et le huit milliards et demi que l’Alberta nous
envoie chaque année à contre-coeur parce que nous sommes si mal en point. Un
simple coup d’oeil aux édifices, aux infrastructures, aux routes et trottoirs,
la signalisation, les gens et leurs habitudes de consommation, les grands
restaurants pleins tous les soirs de semaine et aux hôtels de luxe – même les
hôtels de madame Germain à Toronto et Calgary sont à un autre niveau – suffit
pour nous convaincre.
La dernière fois que Montréal – le centre économique du
Québec – a vu une tour à bureaux s’ériger fut en 1990. Et dans le reste du
Canada, j’ai vu beaucoup de jeunes de 28 ou 30 ans dans des rôles de
gestionnaires supérieurs.
Parlons-en des jeunes! Bien entendu, je
n’ai pas la prétention et l’intention de régler les problèmes de richesse au
Québec. Mais je sais que ça commence à la base et la base ce sont nos gens,
surtout nos jeunes gens. Ce constat est valide autant pour assurer la pérennité
de notre nation que celle de votre organisation. Depuis 1998, de façon
bénévole, je donne des conférences dans les écoles secondaires afin de prévenir
le décrochage scolaire – qui atteint les 38% au secondaire 3 chez les jeunes
hommes. Dès cette année, je m’associe à la Fondation de l’humoriste Jean-Michel
Anctil afin de contribuer à cette même démarche. Cependant, malgré tous ces
efforts que d’autres et moi déployons depuis des années, je sais maintenant que
l’on ne prend pas le problème par le bon bout. Et c’est souvent ce que l’on
fait en organisation lorsque nos gens semblent résister au changement ou pour
promouvoir tel ou tel projet.
Tel que mentionné dans une autre chronique, à son retour du Japon où il a
étudié le système de Qualité des constructeurs automobile et électronique sur
l’île du soleil levant, Edwards Deming nous a révélé que 80% des problèmes
venaient des situations ou des processus. Seulement 20% des difficultés
provenaient des gens. Et pourquoi n’en serait-il pas de même pour le processus
scolaire? Pourquoi tenter de régler le « problème » en s’adressant aux jeunes,
aux gens? Il y a eu une réforme majeure du système scolaire il y a un
demi-siècle. Par exemple, on empêchait aux élèves d’occuper leurs mains et de
regarder parfois ailleurs durant les leçons de l’enseignant, sous menace de se
voir infliger des coups de règles sur les doigts. Or, il a été scientifiquement
démontré que l’élève demeurerait mieux concentré et retenait davantage la
matière enseignée s’il occupait ses mains avec un crayon ou une gomme à effacer
par exemple. Idem pour le regard ailleurs que dans les yeux de madame ou
monsieur le professeur.
Le cerveau de la nouvelle génération ne
fonctionne pas de la même façon que celui des Baby Boomers, ces bons vieux
hippies qui sont devenus l’extension de la révolution tranquille et les mentors
de toutes nos générations. Mais qui sont ces créatures de la génération Y ou
celle qui suit, les Z? Leur cerveau ne fonctionne pas de façon linéaire. Ils
peuvent texter, fureter sur le net, vous parler et prendre un appel cellulaire
en même temps. Avez-vous déjà essayé de suivre un préado sur un jeu vidéo
évolué? Ça prend tout un esprit. Voilà pourquoi je propose une réforme du
système scolaire, qui est 80% du problème. Ce n’est pas vrai qu’on va tous les
mettre sur le ritalin ou autre??
Pourquoi ne pas inviter des concepteurs de jeu
vidéo à concevoir des programmes pédagogiques? Les pupitres et les chaises pour
toute la journée, c’est révolu. Comme dans vos organisations, faisons des
sessions debout. Tout doit bouger rapidement. Intégrons les sports dans le
système et ce, pour tous, pas seulement pour les bénéficiaires des programmes
sport-études – seulement le niveau va changer. Nos jeunes n’ont pas un problème
de déficit d’attention – TDAH, c’est notre système qui n’est pas adapté à eux.
Cette génération de hippies a fait
beaucoup pour nous et elle a fait son possible. Mais la permissivité à
outrance, les enfants qui appellent leurs parents par leur prénom, ces enfants
roi qui ont eu la clef dans le cou et tout dans le bec pour acheter la paix
suite aux absences prolongées ou quoi d’autres, ce n’est pas ce dont le Québec
a besoin pour faire face à la mondialisation et à la concurrence. Ils ne
demandent qu’à bouger, qu’à se réaliser, qu’à se dépasser. Je le sais, j’en ai
rencontré des centaines et des centaines dans ma carrière et je le vois dans
leurs yeux. Ils ne savent pas pour où commencer et croient que tout vient un
peu facilement car c’est ainsi que les hippies les ont programmés. De l’amour
oui, mais de la discipline et un système conçu pour eux. Maintenant.
Avez-vous l’environnement adéquat pour
attirer et garder les meilleurs éléments dans votre équipe et organisation?