Devenir membre

Beauchamp et tomassi au club 357c?

Devant la
Commission Charbonneau, mardi, l’enquêteur de la commission
Érick Roy a commencé à témoigner des rencontres qui ont eu lieu dans un club
privé de Montréal entre des entrepreneurs en construction, des représentants de
firmes de génie-conseil, des élus ou des fonctionnaires. L’enquêteur,
qui vient de l’escouade Marteau, a visité le Club 357C en octobre dernier pour y
obtenir la liste informatisée des membres qui y ont rencontré leurs invités. Pour
entrer dans ce club sélect de Montréal, a-t-il expliqué, il faut en être membre
ou y être invité par un membre.

Après
avoir énuméré une vingtaine de lunches, petits-déjeuners ou rencontres
organisés par des membres du club privé en 2005 et 2006, il en est ressorti
plusieurs noms déjà évoqués devant la commission. On y voit
souvent les membres Paolo Catania, des Constructions F. Catania, Pasquale
Fidele, président de Civbec qui a été administrateur de Constructions F.
Catania, ou Bernard Poulin, de l’entreprise de génie Groupe SM, inviter
d’autres personnes, souvent des firmes de génie Dessau, Génius (ex-Groupe
Séguin) ou Cima +.

Parmi les
gens du milieu municipal qui font partie des invités, on note Martial Filion,
ex-directeur général de la
Société d’habitation et de développement de Montréal jusqu’en
2008 et ex-chef de cabinet du maire de Montréal Gérald Tremblay; Frank Zampino,
ex-président du comité exécutif de la
Ville de Montréal de 2002 à 2008 et ex-maire de
Saint-Léonard; Robert Marcil, ex-directeur du service de réalisation des
travaux à la Ville
de Montréal et vice-président du Groupe SM; ainsi que Stéphane Arbour, ex-maire
de l’arrondissement Outremont de 2005 à 2007. Le
policier Roy continuera mercredi à énumérer les noms contenus dans le tableau
de 10 pages qui a été colligé.

LE PLQ DANS L’EAU CHAUDE

L’avocat
du Parti libéral du Québec, Me Michel Décary, s’était plus tôt objecté à ce que
deux noms liés au parti politique et qui apparaissent sur cette liste soient
diffusés, parce qu’il n’avait pas réussi à joindre ses clients. La
présidente de la commission, la juge France Charbonneau, s’est impatientée
devant la requête de non-diffusion et non-publication demandée par Me Décary,
parce que la commission avait justement suspendu ses audiences de 10h45 à 14h
afin de permettre aux avocats des parties de prendre connaissance de cette
liste. Mais Me
Décary était absent à ce moment, puisqu’il prononçait une conférence ailleurs.

La juge Charbonneau lui a toutefois souligné que le PLQ avait une autre avocate
qui était présente, elle, lors des audiences et qui a donc pu prendre
connaissance de la liste.

Le débat
sur la requête de non-publication du PLQ n’aura donc pas lieu. Ces noms
seront dévoilés mercredi, puisque Me Décary s’est engagé à ne pas présenter de
nouveau sa requête devant la commission. Celle-ci a donc pu commencer à scruter
la liste des membres du Club 357C
et de leurs invités.

LE CLUB S’EXPLIQUE

De son
côté, le Club 357C
a publié un communiqué en fin de journée pour dire qu’il a collaboré avec la
commission comme tout club de golf ou autre doit le faire, puisqu’il s’agit
d’une instance judiciaire. « Le 357C s’est donc entendu avec la Commission pour ne
fournir que les informations reliées directement aux personnes qui étaient sous
enquête, ceci afin de protéger la confidentialité des activités de tous les
autres membres du 357C
qui n’ont rien à voir avec l’enquête de la Commission »,
écrit-il.

« Il serait
malheureux et inacceptable que les actions d’une très petite minorité des
clients du 357C
aient un impact négatif sur l’image du club et de ses membres »,
poursuit-il. Le club
privé souligne que ses règlements précisent qu’il « collaborera entièrement
avec tout corps judiciaire légitime s’il y a enquête sur un des membres ».

BEAUCHAMPS ET TOMASSI AU CLUB 357C

Les audiences
automnales de la
Commission Charbonneau ont pris fin, mercredi après-midi,
avec le témoignage d’un enquêteur de la commission sur la liste des membres du
club privé 357C
et de leurs invités. L’enquêteur Érick Roy a
confirmé la présence des ex-ministres libéraux Line Beauchamp et Tony Tomassi
au chic Club 357C
de Montréal. Mme Beauchamp y est
identifiée comme invitée à deux occasions, en février et mai 2007, par le
membre du club privé Rosaire Sauriol, vice-président de la firme de génie
Dessau, a indiqué le policier. Lors de la première invitation, Mme Beauchamp
était ministre de la Culture
et des Communications, et lors de la seconde, ministre de l’Environnement.

Les deux fois elle était
accompagnée de Pierre Bibeau, un vieux routier et organisateur du Parti libéral
du Québec qui a été son conjoint. D’autres personnes
assistaient à ces rencontres, notamment Frank Zampino, ancien président du
comité exécutif de la Ville
de Montréal, Bernard Trépanier, argentier du parti Union Montréal, et
l’entrepreneur Paolo Catania, de Constructions Frank Catania. D’autres
représentants des firmes de génie Dessau, Cima +, BPR et Génius étaient
présents. L’ex-ministre de la Famille Tony Tomassi,
de son côté, a été invité en février 2008 par le membre du club privé Paolo
Catania. À l’époque, M. Tomassi était député libéral de Lafontaine et adjoint
parlementaire du premier ministre. Il a aussi été invité en février 2009 par
l’entrepreneur Paolo Catania, lorsqu’il était cette fois ministre de la Famille.

Contre-interrogé par
l’avocat du Parti libéral du Québec, Me Michel Décary, le policier a admis
qu’il ne pouvait présumer de la teneur des discussions qui y ont eu lieu, ni du
but des rencontres, ni de la durée réelle de ces rencontres. Cette liste est bel et bien
une liste d’invitations, pas un registre de présences, a-t-il affirmé, ajoutant
que parfois, quand la personne invitée ne se présentait pas, la mention
« no show » était inscrite. « Êtes-vous en mesure
d’affirmer que l’événement est lié de quelque manière

à l’attribution ou à la
gestion de contrats publics dans l’industrie de la construction? » lui a
demandé Me Décary. « Non », a
simplement répondu le policier Roy. L’enquêteur a aussi admis
qu’il ne pouvait pas non plus dire si la rencontre en question au club privé
avait trait au financement du Parti libéral du Québec, même si Pierre Bibeau
« était quand même un ex-organisateur du Parti libéral du Québec ».

AUTRES NOMS

Parmi les autres noms
connus qui paraissent sur la liste des invités des membres du club privé, on
note le sénateur conservateur Léo Housakos, qui n’était toutefois pas encore
sénateur lorsqu’il a été invité en mai 2007 par Bernard Poulin, de la firme de
génie Groupe SM. M. Housakos a aussi été invité en avril 2008 par Paolo
Catania. Il a présidé le comité de financement de l’Action démocratique du
Québec (ADQ) et a oeuvré au sein de la firme de génie BPR.

M. Housakos fait aussi
partie des membres de ce club sélect et, à ce titre, en juin 2007, il a invité
11 autres personnes pour un cocktail pour l’ADQ, dont l’entrepreneur Joe
Borselino
, de Garnier Construction. On remarque aussi Marc
Deschamps
, trésorier d’Union Montréal, qui a été invité par Paolo Catania en
2007, et encore par le même entrepreneur en construction en mars 2011. Il a été
agent officiel de la
Coalition avenir Québec en 2011 et 2012. L’ancien chef de Vision
Montréal et maire de l’arrondissement Ville-Marie, Benoît Labonté, a été invité
au club par Paolo Catania en avril 2008.

D’autres élus municipaux ou
libéraux ont aussi été invités au Club 357C par des membres du club privé, comme
Claude Dauphin, maire de l’arrondissement de Lachine, invité par l’entrepreneur
Paolo Catania en mars 2007, et Joël Gauthier, un ancien directeur général du
PLQ et ancien président de l’Agence métropolitaine de transport, aussi invité
par Paolo Catania en février 2007. On note aussi sur cette
liste une série de rencontres rapprochées de plusieurs personnes qui ont
ensuite été accusées dans le cadre du contrat du Faubourg Contrecoeur, à
Montréal. Le terrain a été vendu à une valeur bien moindre que son évaluation.

Élio Pagliarulo, ex-ami et
associé de Paolo Catania, avait témoigné devant la Commission du fait
qu’il y avait échange d’argent dans ce club sélect. Lui-même a d’ailleurs été
invité dans ce club privé par Paolo Catania. Après avoir annoncé que le
témoignage de l’enquêteur Roy a clos les audiences de l’automne, la présidente
de la commission, la juge France Charbonneau, a précisé qu’elle fera une brève
allocution jeudi matin.

Les audiences publiques
reprendront le 21 janvier.