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La qualitÉ de l’air et la prÉsence de moisissures inquiÈtent

La
vérification de la qualité de l’air dans les écoles primaires a été effectuée
dans six écoles faisant partie de trois commissions scolaires du Québec: la
commission scolaire de Montréal, la commission scolaire des Navigateurs et la
commission scolaire Sorel-Tracy. Le nom des écoles visitées ne figure pas dans
le rapport. Diverses
lacunes observées, dont la présence de moisissures ou d’amiante et un mauvais
contrôle du taux d’humidité, font dire au vérificateur général que le ministère
de l’Éducation fait preuve de laxisme en la matière et laisse les bâtiments
scolaires se détériorer,

risquant ainsi de nuire à la santé des enfants et à
leur productivité en classe. Vu leur
petite taille, les enfants sont plus vulnérables aux contaminants présents dans
l’air. Il peut en résulter une aggravation de certains symptômes comme le mal
de tête, l’asthme, la congestion des sinus, la fatigue et la difficulté à se
concentrer. Or, une
ventilation inadéquate a été observée dans toutes les écoles visitées.
L’entretien ménager laisse aussi à désirer. Par exemple, dans près de 80 pour
cent des classes visitées, le plancher était sale ou poussiéreux. Pire, des
excréments de souris étaient présents en grande quantité dans une de ces
écoles.

À certains
endroits, la présence de moisissures atteignait un niveau « vraiment
préoccupant ». Aucune des
trois commissions scolaires visitées n’effectue d’inspection visuelle annuelle
des bâtiments sous leur responsabilité, contrairement à ce qui devrait être
fait. Les
enseignants ne sont pas informés des bonnes pratiques d’aération, et ouvrent ou
ferment les fenêtres des classes à leur guise, sans directive précise. Certaines
classes étaient tantôt surchauffées (à 28 degrés) ou affichaient un taux
d’humidité (11 pour cent) nettement inférieur à la norme (entre 30 et 60 pour
cent).

Dans deux
écoles, des produits dangereux, comme de l’essence à briquet, du dissolvant à
peinture et de l’essence, étaient à portée de main des écoliers. De manière
générale, le vérificateur par intérim, Michel Samson, reproche au ministère de
l’Éducation de ne pas exiger des 72 commissions scolaires qu’elles rendent des
comptes régulièrement sur la qualité de l’air ambiant dans leurs écoles. Le parc immobilier scolaire est âgé et mal entretenu.
L’âge moyen des 1804 écoles primaires au Québec est de 53 ans. Plus d’un
demi-million d’enfants les fréquentent.

Selon
l’enquête menée par l’équipe de M. Samson, « les commissions scolaires
vérifiées maîtrisent peu les différents facteurs de risque liés à la qualité de
l’air intérieur ». Le programme d’entretien préventif des écoles est
« soit non structuré, soit incomplet », écrit-il dans son rapport
2012-2013. Malgré une
injection de 2,3 milliards $ dans l’entretien du parc immobilier
scolaire entre 2007-2008 et 2011-2012, les travaux effectués ne sont pas à la
hauteur des besoins, selon M. Samson.

Après
l’examen de seulement six écoles sur 1804, le vérificateur a reconnu en
conférence de presse qu’il était périlleux d’extrapoler les observations
effectuées à l’ensemble du réseau scolaire. « Il y
a quand même une situation préoccupante à l’égard de la gestion qu’on fait des
différents facteurs de risque qui peuvent affecter la qualité de l’air dans les
écoles », a commenté M. Samson, exhortant les directeurs d’école à vérifier
dans quelle mesure les constats effectués s’appliquaient à leur établissement.

Il a dit
déplorer « un manque de sensibilisation, de préoccupation de la part des
différents intervenants » sur ces questions. La
présidente de la Fédération
des commissions scolaires, Josée Bouchard, a réagi en s’en prenant aux coupes
effectuées dans les budgets des commissions. « C’est
à coup de centaines de millions de dollars que l’on coupe dans nos enveloppes
administratives », a-t-elle commenté.

« Entre
choisir de supprimer de l’aide aux enfants en difficultés dans les classes _
quand on décide d’ajouter des ressources et réduire un petit peu l’entretien
ménager, souvent c’est ce choix-là qui est fait, de réduire l’entretien
ménager », a ajouté Mme Bouchard pour justifier la situation. La
ministre de l’Éducation, Marie Malavoy, n’a pas fait de commentaire.