D’abord,
l’attaché de presse a voulu modifier à trois reprises l’heure de la rencontre. À
un moment donné, je lui ai dit : « Ça va faire, je ne suis pas à la
remorque du maire. Qu’on se décide une fois pour toutes. » S’ils ne sont
pas capables de gérer une rencontre, c’est inquiétant de leur laisser la
gestion de milliards de dollars entre les mains. Finalement, j’arrive dans son
bureau à l’heure enfin convenue. On m’a prévenu, une demi-heure pas plus.
Comment aller au fond des choses dans ces conditions?
C’est parfait pour un
politicien, il ne peut que demeurer en surface. Et c’est ce qui va se passer.
L.M:
Monsieur Applebaum, on l’a appris à
tout le monde connaissait le système de collusion mis en place. Et vous, vous
n’avez rien vu, vous de l’équipe Tremblay?
M.A:
« Écoutez. On entendait des rumeurs, mais moi,
comme vous-même, on n’est pas des spécialistes de la construction. On se fiait
à ce qu’on nous présentait. C’était très difficile d’accuser qui que ce soit
par manque de formation technique. »
LM:
Je veux bien, Monsieur le maire, mais malgré ça,
que ce soit toujours les mêmes entreprises qui raflent tout, c’était évident
que c’était suspect. Il y avait comme une évidence de quelque chose.
M.A:
« Je vais vous raconter une histoire. Quand
j’étais maire d’arrondissement, on a fait un appel d’offres pour du
déneigement. Il y avait une entreprise qui se trouvait à 50 milles de Montréal.
On trouvait impensable de faire venir de si loin de l’équipement en cas de tempête.
Qu’est-ce qu’on a fait? On s’est tourné vers une entreprise connue sur le territoire,
capable d’intervenir avec ce qu’il fallait. »
L.M:
Donc,
on peut en déduire que c’est le même raisonnement qui vous faisait toujours
choisir les entreprises d’Accurso et de Catania? Et lui de répondre par
l’affirmative.
GEL
DE TAXES IMPOSSIBLE
L.M:
Vous voulez augmenter les taxes de 2,2 %. À
mes yeux c’est de la grossière indécence. Les Montréalais se sont fait voler
pendant des années et en plus, vous arrivez avec des augmentations?
M.A
« Monsieur Rolland, oubliez le gel des
taxes, c’est impossible; tout augmente. Le problème du maire Tremblay, c’est de
ne pas avoir augmenté les taxes dès le départ. On se retrouve dans une
situation impossible. »
L.M:
Je
lui réplique que si
avait su gérer ses comptes sans en donner aux voleurs, on ne serait pas obligé
d’en venir là et qu’il ne veut pas faire un grand effort.
STM,
ENCORE DES AUGMENTATIONS
L.M:
J’aborde cette fois le cas de
gestion qui soit. Chaque année on augmente le coût du titre de transport. Je
lui fais remarquer le piètre service. J’avais un bel exemple, j’ai même failli
rater mon rendez-vous parce que le 37 Woodland ne s’est même pas présenté. Et
on aura le culot de venir m’augmenter? Sans compter qu’on suffoque l’été, sans
climatisation dans le métro et les arrêts de service fréquents.
M.A:
« Oui, mais vous voudriez tout ça sans devoir
payer? Savez-vous combien coûte seulement le coût du pétrole
annuellement? »
L.M:
Et moi de lui faire remarquer que si
ne se retrouverait avec des chauffeurs qui touchent des 100 000 $ par
année avec le temps supplémentaire.
LES
TRACASSERIES DE L’URBANISME
L.M:
Le temps passant et l’attaché de presse
manifestant son impatience, je passe en rafale sur d’autres thèmes.
M. Applebaum, combien de commerçants, et juste
en face de l’hôtel de ville, place Jacques-Cartier, des restaurateurs se font
continuellement écoeurer par le département de l’urbanisme? Telle année, la
terrasse est conforme; quatre ans après, elle ne l’est plus. Ça leur coûte une
dizaine de milliers de dollars pour entreprendre des modifications.
le commerce.
M.A:
« Écoutez, j’ai été commerçant à 18 ans dans le
commerce de détail. Nous, tout ce qu’on veut comme dans le cas du
Vieux-Montréal, c’est qu’il y ait de l’harmonie visuelle et que l’on ne se
retrouve pas avec des gens qui installent n’importe quoi. On veut une ville
design. »
L.M:
Mais vous remarquerez qu’il passe complètement à
côté de l’exemple que je lui mets sous les yeux. Tout au long de la
conversation, il fera fonctionner sa cassette. À l’évidence, il n’aime pas être
contredit et sa mauvaise qualité d’écoute ne le rendra pas populaire. Il se
défend d’être une potiche et a même un plan de match pour les 100 premiers
jours. Le maire de passage veut même constituer un comité de sages pour lui
faire des recommandations sur la manière de gérer les appels d’offres.
L.M:
Pas un autre comité, M. Applebaum! Les gens en
ont par-dessus la tête des comités. Vous n’avez qu’à écouter
Charbonneau.
M.A:
« Je n’ai pas envie d’attendre la fin de
pour agir », me répond-il.
L.M:
Sauf que ce fameux comité à créer ne bougera
pas plus vite. Une autre perte de temps.
L’ITINÉRANCE
QUI DÉFIGURE MONTRÉAL
L.M:
Je lui manifeste ensuite mon désarroi face aux
itinérants qui mobilisent le paysage montréalais. Vous avez d’une part des
esquimaux qui pissent dans l’édicule de la station de métro Atwater. Des
itinérants et des malades mentaux qui gênent les dineurs aux terrasses dans le
Village, des hordes de mal foutus qui couchent partout dans le métro à
Bonaventure, Place-des-Arts, Place d’Armes et Beaudry. Quelle belle image pour
M.A:
« Nous avons des projets d’ouvrir des
centres d’hébergements. C’est un problème complexe. Mais
Québec doit intervenir. »
L.M:
Du pelletage dans la cour des autres. Et les
centres auxquels il fait référence n’hébergent que pour la soirée; le jour, on
les fout dehors; ça ne règle rien.
PRÉSERVER LE FAIT FRANÇAIS. PARLONS-EN!
« WHAT DOU YOU WANT IN YOUR COFFEE ? »
En terminant, il me dit vouloir préserver le
fait français à Montréal. Parlons-en. Quand je suis arrivé dans son bureau, il
était tout à côté en train de prendre son café. Je le salue en français. Une de ses collaboratrices me demande : « What
do you want in your coffee? » Vivement
novembre 2013 avec un maire plus à l’écoute des contribuables, qui étouffent
sous les taxes accablantes. Le candidat à la mairie qui fera du gel de taxes
pour quatre ans la base de son programme l’emportera haut la main.
APPLEBAUM OPPORTUNISTE?
Applebaum
m’est apparu comme un opportuniste qui est entré en politique en 1994 sous la
bannière du Parti des Montréalais de Jacques Duchesneau, puis a suivi Gérald Tremblay
dans le parti présumé corrompu d’Union Montréal, au cœur du pouvoir exécutif.
Maintenant, il siège comme indépendant. Vous savez comment on appelle ça? Ça
tourne au gré du vent au-dessus des granges…