Notre Mère Noël sexy,
Alyson Queen, est une rare porn star au Québec. Elle pratique
une activité peu commune et nous étions curieux de connaître les facettes de
son travail. Comment se voit-elle, et dans le regard des autres ?
L.M. On dit volontiers qu’on traîne son
enfance toute sa vie. Si vous avez bifurquée vers le travail de masseuse et de
vedette du porno, est-ce en raison d’une enfance malheureuse?
A.Q. Au contraire. J’ai les meilleurs parents du
monde. Ma mère est secrétaire dans un collège et mon père est ingénieur en
sécurité. Mon père me soutient et je lui ressemble un peu. Ma mère, elle, a un
peu de misère avec ça, car elle s’imagine pleins de mains d’hommes qui se
promènent sur mon corps; ça l’embête beaucoup.
L.M. Adolescente, vous deviez être un sacré
canon. Vous êtes très grande, avec un physique de nageuse. Les gars devaient
vous courir après?
A.Q. C’est le contraire qui se passait. C’est moi qui
allais à la chasse. J’étais par contre mal dans ma peau, rebelle, très
tourmentée intérieurement. Un peu punk. Si d’autres filles étaient sexy, moi
j’étais très sexuelle. C’est comme ça que je compensais pour mes manques.
J’étais très masculine dans ma mentalité.
L.M.
Avez-vous entrepris des études?
A.Q. Je suis allée me chercher un certificat en
assurance de personne. Mais l’ennuyeux avec ça, c’était les horaires. Il
fallait rencontrer des clients le soir et j’avais déjà mon enfant. Et je ne me
voyais pas m’éloigner de lui. J’ai toujours voulue être une bonne mère. Et un
jour, en ouvrant un journal, j’ai vue qu’on cherchait des masseuses. Et je
précise ici que ce sont des massages érotiques, et non complets.
L.M.
Et comment vous êtes-vous sentie dans cette nouvelle vocation?
A.Q. J’ai été à l’aise assez rapidement. J’avais des
horaires qui me convenaient et ça payait bien. Et puis, j’ai toujours aimé le
sexe. Ça ne m’a jamais posé de problèmes. Et je vous dirais que j’ai même joui
pour la première fois avec un client. Sur un autre plan, ça m’a donné une très
grande confiance en moi. Les hommes m’ont fait sentir belle et désirée. Et
c’est d’ailleurs ça qui a fait que ma mère, qui m’avait vu un peu malheureuse
avant, a remarqué que j’étais transformée positivement.
L.M. Et parlons-en, des clients. Est-ce que certains se
comportent comme des salauds, déviants, ou quoi encore?
A.Q. D’abord,
il faut savoir que lorsque nous sommes nus dans un lit, on est tous égaux.
Pauvres ou riches, nous sommes pareils, à poils. Je dirais que sur une échelle
de 100, vous pouvez avoir 5 % de clients qui vont essayer de manipuler la
fille. Surtout si elle débute dans le métier. Ils vont tenter de
« bargainer » sur les extras. Mais je vous dirais que la majorité est
constituée d’hommes bien, très bien même. Et je vais vous surprendre, beaucoup
aiment énormément leur femme.
C’est que l’usure du temps a pris le dessus et il
ne se passe plus rien sexuellement entre eux. Mais ils ne veulent pas avoir de
maîtresse pour autant. Et je pense qu’au fond, les femmes ne sont pas folles.
Elles s’imaginent bien que les gars vont ailleurs. Ça les soulage, d’une
certaine façon, d’une sexualité qui ne les intéresse plus.
Avec
le temps, mes fidèles clients deviennent des intimes. Il y a beaucoup
d’affection qui entre aussi là-dedans. Et j’ai des jeunes de 30 ans qui veulent
se vider – excusez-moi d’être crue –mais c’est aussi ça.
L.M.
Parlez-vous ouvertement de votre travail à votre entourage?
A.Q. Absolument. J’assume très bien ce que je fais.
Dans les premiers six mois que j’étais masseuse, pas vraiment. Mais maintenant,
je suis entièrement ouverte. Tellement, que je mets cartes sur table tout de
suite. T’acceptes qui je suis, sinon tu sors de mon existence. J’ai vraiment
choisi de faire la vie qui me plaisait.
L.M.
Et le rapport à l’argent dans tout ça?
A.Q. Je me suis offert tout ce que je voulais,
quelquefois 4 ou 5 voyages par année. J’aimerais un jour me lancer dans
l’immobilier et avoir un bloc à appartements. Mon père a de l’expérience comme
propriétaire et je pourrais bénéficier de son expérience dans le domaine. Parce
que je sais bien que j’en ai encore pour quatre ou cinq ans à faire ce métier.
L.M. Sur le plan amoureux, ce ne doit pas être facile de
voir des hommes à longueur de journée et se retrouver ensuite dans les bras
d’un homme qu’on aime? Ça prend un compagnon qui ne soit pas trop regardant.
A.Q. Malheureusement, c’est presque incompatible. Il
n’y a pas beaucoup d’hommes qui vont accepter que leur blonde se fasse caresser
par d’autres hommes. J’en ai pris mon parti. Tant que j’exercerai mon travail
actuel, je ne veux pas faire entrer d’amoureux dans ma vie. Et je reçois
beaucoup d’affection, comme j’ai dit, de bien de mes clients. Là-dessus je suis
comblée. Je m’évite bien des crises de jalousie.
L.M.
Comment est arrivé le passage au travail d’actrice pornographique?
A.Q. Un
animateur de CHOI, à Québec où je vis, m’a demandé de venir parler de mon
travail en ondes. Et ensuite, je suis devenue chroniqueuse de sexe à la radio
et j’ai eu aussi mon site Internet. Et celui qui travaillait à la conception du
site était aussi le même qui travaillait pour la compagnie de production de
films érotiques Pégase. On m’a invitée à leur party annuel, où je ne devais
être que figurante. Finalement je me suis envoyée en l’air avec bien du monde.
J’aimais l’atmosphère de totale libération face au sexe. Des gens si
décomplexés. Deux semaines après, je tournais ma première scène. J’ai participé
en tout à une quinzaine de films.
L.M. Je connais un peu d’avance la réponse, mais est-ce
qu’on peut vivre uniquement de la porno au Québec?
A.Q. Pas du tout. Je sais que vous allez me demander
combien touche une actrice pour une scène : 600 $. Ce peut être
plus si c’est une star. Là tu peux négocier davantage. Mais encore là, pas
assez pour ne vivre que de ça.
L.M.
Et votre fils qui a huit ans. Comment voit-il ça? Lui en avez-vous parlé?
A.Q. Je vais vous raconter une anecdote. Un jour, mon
fils devait avoir six ans, je viens le chercher après la classe. Et dans la
voiture il me dit : « Maman, il y en a qui t’ont vu toute nue à
la télé. » Comment voulez-vous réagir à ça? Et moi de lui demander : «
Et puis, qu’est-ce que tu as répondu? » « Je leur ai dit que tu étais
sexy. » Dans sa tête, je suis belle et je suis sa mère. Quand je lui ai
ouvertement parlé de ma réalité professionnelle, il m’a lancé : « On
en parlera une autre fois. »
L.M.
Êtes-vous heureuse?
A.Q. Je réponds oui. Je vis très bien mon célibat. Je
suis entourée de gens qui me comprennent très bien, qui partagent ma
philosophie de vie. Je ne manque pas d’affection. Et à compter de janvier, on
pourra suivre mes activités sur mon site.
L.M. Merci
Alyson et n’épuisez pas le Père Noël.