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Marc hervieux À l’opÉra de montrÉal

L’Opéra de Montréal poursuit sa 33e saison de
manière pétillante en présentant ce bijou de l’opérette viennoise, La
chauve-souris (Die Fledermaus) de Johann Strauss fils. Quelle meilleure façon de
lutter contre les froids de l’hiver ! Mélodies envoûtantes, rythmes
entraînants, humour contagieux… ce concentré de charme et d’humour viennois est
le plus grand succès de celui qu’on surnomme encore « le Roi de la valse » !
Une production de l’Opéra de Montréal d’après une production originale d’Opera
Australia, présentée les 26, 29, 31 janvier et 2 février prochains à la salle
Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Pour
honorer le roi de la valse, rien de moins que le prince de nos ténors : le
Montréalais Marc Hervieux, dans le rôle de Gabriel, qui conjuguera voix et
humour. Autour de lui, une distribution composée de la crème des jeunes
chanteurs québécois, dont plusieurs remarqués lors de leur passage à l’Atelier
lyrique de l’Opéra de Montréal : les sopranos Caroline Bleau (Rosaline) et
Marianne Lambert (Adèle), le baryton Dominique Côté (Falke), le baryton-basse
Alexandre Sylvestre (Frank), le ténor Thomas Macleay (Alfred) et la mezzo Emma
Parkinson (le Prince Orlofsky). Dans le rôle parlé du gardien de prison Frosch,
le populaire comédien Martin Drainville fera ses débuts à la compagnie. Les
rôles de Blind et de Ida seront respectivement chantés par le ténor Aaron
Ferguson et le baryton Jonathan Bédard. Enfin, une invitée surprise fera son
apparition, incarnée par la soprano Chantale Nurse.

Le
metteur en scène Oriol Tomas, très applaudi pour son Trovatore la saison
dernière, a transporté l’action dans le Montréal des années 30. L’Orchestre
symphonique de Montréal et le Choeur de l’Opéra de Montréal valseront sous la
baguette du maestro Canadien Timothy Vernon. Les décors de Richard Roberts et
les costumes de Angus Strathie seront éclairés par Anne-Catherine
Simard-Deraspe.

Chaque
représentation est précédée d’un préOpéra par le musicologue Pierre Vachon au
Piano Nobile de la salle Wilfrid-Pelletier à 18 h 30 (en français avec résumé
en anglais. Gratuit pour les abonnés, 5 $ pour les non-abonnés).

L’HISTOIRE

Condamné
à passer quelques jours en prison, Gabriel décide d’aller faire d’abord un tour
au bal masqué du Prince Orlofsky. Sa femme Rosaline s’y retrouve aussi, de même
que sa servante Adèle, ainsi que le directeur de la prison Frank… Coïncidence?
Non : c’est un plan organisé par Falke pour se venger de Gabriel qui l’a
ridiculisé autrefois. Au cours de ce bal échevelé, personne n’est tout à fait
lui-même : Gabriel est ridiculisé par une jeune actrice, qui n’est autre
qu’Adèle… il entame une conversation avec un noble chevalier, sous le masque
duquel se cache son geôlier Frank… et il séduit une mystérieuse comtesse
hongroise qui est en fait sa femme Rosaline! Tout le monde flirte, tout le
monde ment, tout le monde danse… et tout le monde se retrouve en prison. Mais
personne n’est vraiment puni, puisqu’il n’y a qu’un seul coupable : le
champagne!

LA VALSE DE PÈRE EN FILS

Johann Strauss père était déjà un compositeur fêté,
auteur de valses et de polkas, mais surtout de l’insubmersible Marche de
Radetzky, au programme de tous les concerts populaires encore de nos jours, qui
a le don de faire taper des mains la foule. Trois de ses fils seront
compositeurs : Eduard, Josef mais surtout Johann II, sans conteste
le plus doué. Johann II connaîtra une gloire mondiale, avec une série de titres
qu’une bonne partie de la planète peut fredonner instantanément, à commencer
par Le beau Danube bleu [An der schönen, blauen Donau]. Mais on connaît aussi
par coeur Les légendes de la forêt viennoise [Geschichten aus dem Wienerwald],
Aimer, boire chanter [Wein, Weib und Gesang] ou La valse de l’empereur
[Kaiser-Walzer]…

Autant de pièces destinées à faire danser les foules, mais que
leurs qualités musicales a amenées à être jouées aujourd’hui surtout au
concert. Les plus grands compositeurs ont salué le talent de Strauss II, à
commencer par Verdi qui honorait en lui « un de ses collègues les plus doués ».

À
la même époque (deuxième moitié du 19e siècle), l’opérette connaît une vogue
remarquable. Jacques Offenbach règne sur toute l’Europe avec ses oeuvres
joyeuses, qui essaiment de Paris vers toutes les grandes capitales, dont
Vienne. Déjà quadragénaire et auteur de plus de 300 morceaux de danse, Johann
Strauss II se laisse convaincre de tenter sa chance à l’opérette pour
concurrencer Offenbach. Ironiquement, son plus grand succès dans le genre est
basé sur une pièce de Meilhac et Halévy, les librettistes habituels de l’auteur
de La belle Hélène. La chauve-souris – composée en six semaines, selon la
légende – connaît des débuts hésitants à Vienne en 1874.

Mais elle s’envole bientôt
à la conquête de Berlin, Londres et Hambourg, où Gustav Mahler la dirigera en
1894. Plus tard, ce sera un autre Strauss au pupitre, Richard, l’auteur de
Salomé, qui affirmait avoir plus de plaisir à diriger La chauve-souris que bien
des symphonies à quatre mouvements… et avouant s’être inspiré du « génie
souriant de Vienne » pour son Chevalier à la rose : « Johann Strauss est, de
tous les musiciens bénis par les dieux, celui qui donne le plus de joie ».

CHARME, CHANSONS ET CHAMPAGNE…

Au
coeur de l’oeuvre, la valse, ces trois temps inlassablement scandés qui
traversent tout le 19e siècle et une partie du 20e. Les valses de La
chauve-souris sont célèbres, mais l’oeuvre regorge d’autres rythmes dansants –
polkas, galops, marches – auxquels même les pieds d’aujourd’hui ont bien du mal
à résister. Les plus belles mélodies de l’oeuvre sont concentrées dans la
magistrale Ouverture, souvent jouée en concert. Parmi les perles de la
partition, on remarque l’air que chante Adèle à son patron pour se moquer de lui
; surnommée en anglais « The Laughing Song », il fait les délices des sopranos
coloratures, avec ses éclats de rire en forme de vocalise ; les sopranos plus
lyriques se lancent plutôt dans la magnifique csárdás que chante Rosaline pour
prouver qu’elle est bien une comtesse hongroise… La mélodie du finale de l’acte
II, qui chante la fraternité et l’amitié, s’imprime instantanément dans les
mémoires.

La musique de Strauss II exerce un charme tel que
bien des grandes cantatrices se laissèrent tenter par elle. Des Norma, des
Tosca, des Traviata, endossèrent sans rougir les robes d’Adèle ou de sa
patronne, tandis que maint grand chanteur wagnérien mit volontiers de côté son
armure pour aller s’amuser au bal du Prince Orlofsky… Jamais, malgré tout son
talent, Johann Strauss II n’aura autant de succès au théâtre, que ce soit avec
Le baron tzigane [Der Zigeunerbaron] ou Une nuit à Venise [Eine Nacht in
Venedig]. La chauve-souris est l’opérette la plus représentée de tout le
répertoire, devançant même La veuve joyeuse de Franz Lehar et tous les grands
succès d’Offenbach. Et c’est La chauve-souris, triomphe absolu du genre, qui
fait de Strauss II le deuxième compositeur autrichien le plus populaire après
Mozart !

LA CHAUVE-SOURIS (DIE
FLEDERMAUS)

Opérette en 3 actes
de Johann Strauss fils (1825-1899)

Livret de Carl
Haffner et Richard Genée, d’après Le réveillon de Henri Meilhac et Ludovic
Halévy

Créée au Theater an
der Wien (Vienne), le 5 avril 1874

Chantée et dialoguée
principalement en français, avec surtitres français et anglais

Production : Opéra de
Montréal (production originale Opera Australia)

Dernière production à l’Opéra de
Montréal : mai 1993

Source : LaMetropole.com

OPÉRA DE MONTRÉAL