LE MONDE ÉVANESCENT DE BÉRENGER
Le roi Bérenger se meurt. En temps réel, puisqu’il lui reste une heure et demie à vivre, le temps d’une farce tragique, pendant laquelle tout son royaume, ses deux reines, l’émotive Marie, la sage Marguerite, son inquiétant médecin-astrologue-bourreau, son garde et sa bonne, sont partagés entre l’espoir d’assister à sa guérison et la satisfaction de voir le destin s’accomplir. Même si Bérenger Ier refuse égoïstement que son monde lui survive, il devra apprendre à mourir, à travers le déni, la révolte, la dépression puis le renoncement jusqu’à la transparence finale, où, accompagné de Marguerite, il pourra se dépouiller graduellement de tous ses pouvoirs, pour n’être plus qu’un homme nu, face à l’inéluctable, à la fois pathétique et loufoque.
CÉRÉMONIAL BURLESQUE
Vivre sa mort : telle est l’expérience à laquelle Ionesco convoque son personnage principal et nous tous, à travers lui. La mort, que l’auteur nous donne en spectacle, est la seule expérience existentielle que nous sommes tous certains de devoir vivre. Et cette fatalité crée des liens intenses de fraternité, une communion d’esprit, tout au long de la cérémonie à laquelle les spectateurs sont conviés. À notre époque où la mort est considérée comme un échec personnel, le théâtre d’Ionesco offre une incontournable réflexion métaphysique sur la vie, sa fin, et le rituel par lequel tout un chacun doit passer. Bérenger, c’est l’Homme dans toute sa splendeur, c’est-à-dire l’humanité tout entière. Quand il s’éteint, c’est tout son univers qui s’évanouit. Rien ne survit à celui qui n’est plus là pour voir.
UNE OEUVRE PLURIELLE
Depuis sa création au début des années soixante, cet inclassable chef-d’oeuvre d’Ionesco a fait le tour du monde et a touché de multiples générations. La vision libre et débridée de Frédéric Dubois choisit de donner au thème de la pièce une toute autre résonance, en confiant le rôle de ce roi qui se meurt à un jeune acteur. La jeunesse, par définition, c’est un sentiment d’immortalité, d’éternité, quand on finit par croire au présent perpétuel. Pour le metteur en scène, le questionnement de Bérenger est tout aussi valable pour sa génération. Il parle aussi de son mal-être, de ses tiraillements : engagement collectif, partage des responsabilités, choix de société… fermer les yeux ou prendre position ? La prise de conscience ou le confort et l’indifférence ? C’est la reine Marguerite qui porte le plus haut ce message, cette notion qu’il faut «vivre avec la conscience de son destin.»
UNE MAJESTUEUSE DISTRIBUTION
Benoît McGinnis le magnifique, une force vive de la scène québécoise, donne sa pleine mesure dans ce rôle exigeant, qui demande que l’on vive en accéléré les étapes de l’expérience humaine. À ses côtés, pour raconter cette histoire toujours d’actualité, une distribution majestueuse nous donne à voir cette absurde mise en abyme, qui joue avec dextérité sur tous les registres de la farce et du tragique : merveilleuse Violette Chauveau (la reine Marie), lumineux Patrice Dubois (le médecin), émouvante Kathleen Fortin (la bonne, Juliette), le jeune Émilien Néron (le garde) et l’étonnante Isabelle Vincent (la reine Marguerite).
ÉQUIPE DE CONCEPTION
assistance à la mise en scène et régie : Stéphanie Capistran-Lalonde
décor : Anick La Bissonière
costumes : Linda Brunelle
éclairages : Martin Labrecque
musique originale : Pascal Robitaille
maquillages : Florence Cornet
conseiller dramaturgique : Paul Lefebvre
LE ROI SE MEURT
d’Eugène Ionesco
mise en scène Frédéric Dubois
du 15 janvier au 9 février 2012
Réservations : 514 866-8668
Source : LaMetropole.com