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Le maquilleur de l’horreur rÉmy couture acquittÉ

Le
maquilleur spécialisé en horreur a été acquitté des trois chefs d’accusation de
corruption de moeurs pour production, possession et diffusion de matériel
obscène qui pesaient contre lui. « Je
suis soulagé. C’est comme si j’avais 400 livres de moins sur les épaules », a-t-il
déclaré samedi soir à la sortie de la salle d’audience du palais de Justice de
Montréal. Il venait
de recevoir le verdict des sept femmes et cinq hommes chargés de le juger,
après près de deux journées de délibérations.

Les membres du jury devaient ajourner
leurs délibérations à 17 h 30, samedi, dans l’éventualité où ils n’avaient pas
été en mesure de s’entendre. Cependant, ils ont demandé de prolonger le tout
pendant au moins une heure. Leur décision a finalement été annoncée vers 18 h. « Même
si l’opinion publique, la plupart des gens (…) étaient vraiment derrière moi,
et que tout le monde disait ‘Ben non, c’est impossible que tu sois déclaré
coupable’, la possibilité était tout le temps là. Pour moi, ce n’était pas
acquis que j’allais m’en tirer », a affirmé Rémy Couture.

Pour l’une
des rares fois dans l’histoire judiciaire canadienne, un jury devait déterminer
si une oeuvre artistique enfreignait les limites de l’expression artistique en
vertu des lois canadiennes sur l’obscénité. Les procès en lien avec cette
question concernent habituellement des cas de pornographie juvénile. Les
avocats de Rémy Couture ont évidemment accueilli le verdict avec beaucoup de
satisfaction.

« On
est contents de la décision, c’est certain. On pense que c’était une question
évidemment importante. Pas facile, par contre, parce que les images étaient
difficiles à voir », a réagi l’une des avocates de l’accusé, Me Véronique
Robert. « Je
pense qu’on a droit d’avoir une opinion en faveur ou en défaveur de la chose,
mais ici, c’était un procès criminel, a-t-elle poursuivi. La question était de
savoir si Rémy Couture a agi comme un criminel en produisant et en diffusant
ces images-là, et le jury a décidé que non. »

La Couronne, qui dispose d’un délai d’un mois
pour interjeter appel, s’est montrée vague en ce qui a trait à ses intentions à
ce chapitre. « Nous
avons, comme vous le savez, 30 jours pour y penser. C’est une question de
droit, nous prendrons notre décision sur des points de droit. Nous verrons dans
30 jours », s’est contentée de mentionner Me Geneviève Dagenais en quittant
la salle d’audience samedi soir.

Rémy
Couture et ses avocats ont défendu son travail comme étant une oeuvre d’art.
Témoignant pour sa propre défense, le maquilleur spécialisé en horreur a
expliqué au jury que son site Internet, qui met en vedette un tueur psychopathe
qu’il a créé, n’est pas la pornographie violente décrite par la Couronne. Le
matériel en question inclut des centaines de photos et deux vidéos de fiction
qui montrent des meurtres sordides, de la torture, des agressions et de la
nécrophilie. Tous ces actes mettent en scène des jeunes femmes qui apparaissent
partiellement ou complètement nues.

Il n’y a
aucune victime impliquée dans l’affaire. Toutes les productions de Couture
étaient des mises en scène et les actrices qui y participaient étaient
consentantes. Du faux sang, du latex et du silicone ont été utilisés pour créer
des images terrifiantes et réalistes. « Je
crée de l’horreur. Je ne suis pas un pornographe », a déclaré Rémy Couture
au jury pendant son procès, disant que le but de ses films
était de dégoûter et non d’exciter. Il a
élaboré en expliquant qu’il était inspiré par des films d’horreur
et de la littérature et qu’il avait simplement créé un tueur en série et un
univers pour lui. Il a décrit son travail comme étant « le faux journal
intime d’un tueur en série ».

Le
maquilleur a argumenté que la nature sexuelle de certaines des photos est
secondaire, la décrivant comme accessoire. Il a dit que les effets spéciaux et
la valeur artistique étaient ce qui l’intéressait le plus. Il a
également indiqué au jury que certaines personnes ne croyaient pas que les
images étaient fausses et lui écrivaient pour lui dire. Rémy Couture dit leur
avoir alors répondu avec des images illustrant le processus de création pour
prouver que tout était faux. Il a également confié au jury avoir reçu des
menaces relativement à son travail.