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Adieu, richard garneau

Il a
succombé à des complications cardiaques, tôt dimanche matin, à l’Hôpital
Royal-Victoria de Montréal. Richard
Garneau était un monument du journalisme sportif et de la télévision au Québec,
réputé pour sa prolifique carrière à titre de descripteur aux Jeux olympiques et
à La Soirée du
hockey, principalement à la Société Radio-Canada. Le 8
janvier dernier, la SRC
avait dévoilé que M. Garneau se trouvait aux soins intensifs, après des
complications issues d’une chirurgie cardiaque effectuée quelques jours plus
tôt.

Homme de
grande taille, svelte, qui a longtemps pris un soin jaloux de sa condition
physique, Richard Garneau était reconnu pour sa maîtrise impeccable de la
langue française et pour ses connaissances encyclopédiques en matière
d’olympisme, et d’athlétisme plus particulièrement. Né le 15
juillet 1930 à Québec, Richard Garneau a commencé sa longue histoire d’amour
avec les Jeux olympiques à la suite de son embauche par Radio-Canada en 1957.
Il a décrit ses premiers Jeux à l’été de 1960, à Rome.

Ce fut le
début d’une carrière d’une longévité inégalée dans les annales des JO au petit
écran, alors qu’il contribuera à l’animation et à la description de 23 Jeux
olympiques. À l’été
2012, à Londres, il était de nouveau au rendez-vous, toujours aussi alerte et
fébrile, à l’animation des cérémonies d’ouverture et de clôture, et à l’analyse
des épreuves d’athlétisme sur les ondes du Réseau des Sports, aux côtés de
Pierre Houde. Lors de
ces Jeux, il avait fait preuve d’humilité et d’humour après que Robert
Laflamme, un journaliste de La Presse Canadienne l’eut félicité pour sa longue
carrière aux Jeux olympiques.

« Je
n’ai aucun mérite. Le seul mérite que j’ai, c’est d’être vieux! », avait-il
alors lancé.

Pendant
ces cinq décennies, M. Garneau a assisté à quelques-uns des plus grands moments
de l’athlétisme, à commencer par l’Éthiopien Abebe Bikila, le « marathonien
à pieds nus » en 1960, jusqu’au sprinter jamaïcain Usain Bolt, à Londres,
en passant par le prodigieux record de Bob Beamon de 8 m 90 au saut en longueur aux
Jeux de Mexico, en 1968, et la médaille d’argent du Canadien Greg Joy au saut
en hauteur, sous une pluie battante aux Jeux de Montréal en 1976.

Mais M.
Garneau a aussi vécu les jours les plus noirs de l’olympisme : la tuerie qui a
précédé le début des Jeux de Mexico, le massacre à Munich en 1972, les boycotts
ayant marqué les Jeux de Montréal, de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984),
et l’effusion de scandales liés au dopage, dont celui qui devait priver le
Canadien Ben Johnson de sa médaille d’or lors de la finale du 100 mètres des Jeux de
Séoul, en 1988.

L’apport
de Richard Garneau au mouvement olympique lui a aussi permis de vivre un moment
qui l’avait profondément touché, en juin 2004. Lui et une
brochette d’autres personnalités de toutes les sphères de la société s’étaient
vus confier le mandat de transporter la flamme olympique sur une distance de 500 mètres dans les rues
de Montréal, en prévision du retour des Jeux d’été à Athènes, le berceau de
l’olympisme. À cette
occasion, lors d’une entrevue à La Presse Canadienne, M. Garneau avait confié
n’avoir jamais perdu sa passion pour l’olympisme, malgré tous ces moments
sombres.

« J’ai
eu mes doutes, avait-il admis, et ma vision de l’olympisme ne ressemble plus à
celle que j’avais en 1960. À cette époque, on ne parlait ni de drogue, ni
d’argent. Mais le spectacle demeure
grandiose. » « Je
ne m’arrête plus à la possibilité qu’un athlète soit dopé, sinon je ne pourrais
faire mon travail, avait-il aussi déclaré. C’est peut-être cynique, mais si les
huit athlètes à la ligne de départ sont sous l’influence de stéroïdes, c’est
encore le plus rapide qui va l’emporter. »

LE HOCKEY

En
parallèle, une génération entière de Québécois ont pu entendre Richard Garneau
interviewer quelques-uns des plus grands hockeyeurs, et décrire leurs exploits,
à titre d’animateur et descripteur des matchs du Canadien de Montréal à la
télévision et à la radio de Radio-Canada et, brièvement, au réseau TVA, entre
1967 et 1990. Il a
notamment couvert la fameuse Série du Siècle entre les vedettes de la Ligue nationale de hockey et
l’équipe nationale de l’Union soviétique en septembre 1972.

De Jean
Béliveau à Patrick Roy, en passant par Henri Richard, Yvan Cournoyer, Jacques
Lemaire, Ken Dryden, Guy Lafleur et le « Big Three », Richard Garneau a
aussi été un témoin privilégié des plus grands moments du Canadien de Montréal
et de ses neuf conquêtes de la coupe Stanley, en à peine 20 ans, entre le
milieu des années 60 et 1986. Richard
Garneau a également décrit les épreuves de patinage artistique lors de Jeux
d’hiver, ainsi que le Tour de France au Canal Évasion, auprès de Louis
Bertrand.

Au fil de
sa longue et glorieuse carrière, M. Garneau a accumulé sa large part
d’honneurs. Il a entre autres été admis au Temple de la renommée du hockey en
1999, élu chevalier de l’Ordre national du Québec en 2000 et a reçu l’Ordre du
Canada en 2006. Richard
Garneau a aussi été lauréat de cinq prix Gémeaux : deux pour La Soirée du Hockey, un pour
le Marathon de Montréal, un pour la couverture des Jeux olympiques de
Barcelone, en 1992, et le prix Gémeaux Hommage pour l’ensemble de sa carrière.

Il a été
l’auteur de cinq ouvrages : « À toi Richard » qui colore avec humour la
petite histoire de la radio et de la télévision au Québec, en 1992; « Vie,
rage… dangereux », en 1993; « Les patins d’André », en 1994;
« Train de nuit pour la gloire », en 1995; « À toi… Richard…
prise deux. Un Québécois en Bavière », en 1996.

En 1994,
il a remporté le prix du Mérite du français, section Culture, décerné par
l’Union des écrivains et écrivaines du Québec, par la Société des auteurs et par
l’Union des artistes. Au cours
des dernières années, M. Garneau a travaillé comme collaborateur à
l’émission de la
Première Chaîne « Samedi et rien d’autre », en
compagnie de Joël Le Bigot.