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Êtes-vous une personne remarquable?

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Nous connaissons tous des gens qui ont réussi ou qui
sont sur le chemin de la réussite. Est-ce que cela en fait pour autant des
êtres d’exception? De mon point de vue, ce qui fait d’un être qu’il est
exceptionnel et irremplaçable, c’est sa faculté de se remettre en question, sa
curiosité à l’égard des gens et des choses, sa passion et son désir de se
dépasser. L’être d’exception ne tient rien pour acquis. L’être remarquable
n’a jamais assez de connaissances. Il sait faire preuve de persévérance, de
patience et de modestie. Il sait que seul, il ne peut réussir.

Des personnes remarquables, j’en ai rencontrées. Ces
personnes travaillent parfois dans l’ombre, elles ne font pas toujours les
manchettes et ne sont souvent pas conscientes de l’impact qu’elles ont sur les
gens qui croisent leur route. Cette forme de succès, on en parle très peu. On
voit trop souvent la réussite comme pécuniaire ou sociale. Ces gens qui vous
laissent pantois d’admiration tellement ils rayonnent, on en parle très peu. Je
pense à deux médecins spécialistes que j’ai croisés sur ma route il y a
quelques années, j’en avais parlé sur mon blogue Ton
histoire m’inspire
. Qu’ont de si exceptionnel ces deux médecins? Ce n’est
pas tant leur profession que la façon de l’exercer qui m’a séduite lorsque je
les ai rencontrés lors d’un tournage pour la Fédération des médecins
spécialistes du Québec.

Dr Michel White est cardiologue à l’Institut de
cardiologie de Montréal (ICM).  En 1988,  un de ses patients, 
un jeune père de famille de cinq enfants âgé de 30 ans, greffé du cœur et sauvé
in extremis par une greffe, a eu l’idée de l’entraîner dans la grande aventure
de l’ascension d’une montagne. Sa réflexion a été de courte durée; il allait
relever ce défi de taille en hommage au courage de ce jeune père de famille. Au
cours des dernières années, son empathie pour ses patients et le courage dont ces
derniers font preuve ont entraîné Michel White sur les quatre continents. « Baby-boomers
à l’assaut du mont Mera » est le titre d’une série de deux reportages qui
avait été présentée dans le cadre de l’émission Découverte, à Radio-Canada. Je
vous invite à lire l’article d’Anne Richer
dans La Presse le 9 novembre 2008.

Dre Michèle Tardif est chirurgienne
plastique au centre hospitalier Maisonneuve-Rosemont. Cette jeune plasticienne
a un parcours impressionnant. Nous l’avons rencontrée en compagnie d’une de ses
jeunes patientes sur laquelle elle a réalisé une reconstruction de la main à la
suite d’un cancer. Au moment du départ de sa patiente, elle l’a prise dans ses
bras en lui recommandant de continuer ses exercices et de garder espoir. Je
suis restée surprise de voir la relation qui la liait à sa patiente. Plus tard,
elle nous expliquait que sa spécialité impliquait, le plus souvent, un suivi à
long terme et que la qualité de la relation avec ses patients, ainsi que leur
confiance, était primordiale dans le processus de guérison. En poussant un peu
plus loin la conversation, elle nous a confié avoir participé à des missions
humanitaires au Mexique et en Chine avec Operation Smile, un organisme
international qui vient en aide à des enfants et à des adultes affligés de becs de lièvres ou fentes labiales, un peu partout à
travers le monde. Les médecins qui s’associent à cette ONG le font tout à fait
gratuitement. Pourquoi le font-ils? Parce qu’ils savent à quel point la
chirurgie correctrice change la vie de milliers de personnes qui n’ont pas les
moyens de se payer une telle intervention chirurgicale. Ces centaines de
médecins, à l’instar de Michèle Tardif, sont conscients du talent dont la vie
les a dotés. Ils donnent généreusement au suivant, tout simplement.

Peu de gens
connaissent Beat Richner. D’ailleurs,
moi non plus, jusqu’à ce jour, je n’en avais jamais entendu parler. Tombée par
hasard sur son histoire, elle m’a inspirée. Médecin et musicien, Beat Richner
est arrivé au Cambodge au milieu des années 70 pour exercer en tant qu’aide-médecin
à Kantha Bopha, l’hôpital des enfants de Phnom Penh. Après avoir fui le régime
khmer rouge en 1975, il est retourné au Cambpdge en 1991 à la demande du roi
Norodom Sihanouk  qui souhaitait le voir remettre
en état l’hôpital pédiatrique.

Doté d’une volonté sans
limites, il a surmonté tous les obstacles dans un pays où la corruption est
omniprésente. En 8 ans, il a rénové le premier hôpital et en a construit deux
autres, dont celui de Siem Reap. Financés entièrement par des dons privés, les
trois hôpitaux permettent de sauver la vie de 2400 enfants par mois. Son acharnement
lui a permis d’accomplir ce qu’aucune organisation d’entraide n’avait réussi
avant lui. Il offre des soins entièrement gratuits aux patients incapables de
payer.

L’être remarquable
réussit ce qu’il entreprend, car il se tient debout contre vents et marées. L’être
d’exception ose dénoncer ce qui doit l’être; il refuse de suivre le troupeau et
de se conformer sans réfléchir. Il regarde la vie droit dans les yeux et courbe
l’échine en continuant de foncer droit devant lui lorsque les rafales tentent
de l’empêcher d’avancer. Réussir sa vie, c’est rester fidèle à soi-même et à
ses valeurs; c’est croire en soi et en ceux qui nous entourent. Les êtres d’exception
se fixent des objectifs et les atteignent. La peur les arrête rarement. Le
manque de confiance en eux les affecte rarement ou jamais très longtemps, parce
qu’ils croient en eux et croient que ce qu’ils souhaitent accomplir est juste.

On n’a pas besoin d’être
médecin pour être une personne exceptionnelle et pour réussir sa vie. J’ai des
amies et d’anciennes élèves qui ont vécu des moments très éprouvants… le genre
d’épreuves dont tout le monde ne se relève pas. Elles n’occupent pas un poste
convoité, elles ne sont ni célèbres, ni riches. Ce qui en fait des personnes
exceptionnelles, c’est la façon dont elles ont surmonté leurs épreuves et leur
volonté de se battre pour survivre physiquement et psychologiquement. Réussir,
c’est savoir se battre, c’est savoir apprivoiser et accepter souffrances et
déceptions; pour réussir, c’est vouloir se relever et apprendre des leçons que
la vie nous enseigne. Dans la réussite, il n’y a de place ni pour l’amertume,
ni pour l’orgueil, ni pour le défaitisme, ni pour l’égocentrisme.

GINETTE LABARRE

OPERATION SMILE

BEAT RICHNER