cette déclaration, faite sur le ton de l’admonestation (STM, are you
hearing ? a
lancé le ministre) M. Lisée se fait le relai d’une offensive sans précédent des
médias anglophones afin que la STM exige que ses travailleurs donnent des
services en anglais. Cette déclaration nous semble aussi
irresponsable que contradictoire avec les engagements du Parti Québécois. Avec
ce gouvernement, nous espérions obtenir mieux, et non pire, en matière
linguistique qu’avec le gouvernement précédent, lequel, à ce qu’on sache, n’a
jamais admonesté la STM pour avoir dispensé ses services en français.
Pendant la campagne électorale, Madame Marois a
affirmé avoir pour objectif d’augmenter l’utilisation du français partout dans
nos institutions, dans nos commerces et dans nos écoles. Avant son élection, le
ministre Lisée déclarait : « Nous refusons d’être la génération qui
verra Montréal marginaliser le français! Nous n’accepterons pas que les
francophones soient bientôt en minorité sur l’île et nous ne laisserons pas le
français perdre sa masse critique dans la métropole du Québec. »
Le déclin du français à
Montréal est largement attribuable au bilinguisme institutionnel
qui s’est propagé partout dans les services publics à tous les paliers de
gouvernement. Comme les services publics
sont systématiquement disponibles en anglais, les nouveaux citoyens comprennent
que la société d’accueil québécoise ne tient pas spécialement à ce qu’ils apprennent
le français. Comment peut-on
inciter les entreprises privées à utiliser le français comme langue commune à
l’intérieur du Québec si le gouvernement et ses organismes donnent l’exemple
contraire?
La
STM est un des derniers remparts du français à Montréal. La clientèle
touristique de toutes langues y est très bien orientée grâce à des pictogrammes,
et certains services sont déjà bilingues (messages concernant la sécurité,
centre d’information, etc.), mais les autres services et l’affichage y sont essentiellement
en français.
Laisser libre cours à l’anglicisation des
services et inciter la STM à exiger que ses employés servent en anglais la
clientèle anglophone locale, comme le propose le ministre péquiste est
totalement inacceptable et contraire à l’objectif de la politique linguistique,
qui vise à faire du français la langue
publique commune. Cette pratique sabote également la politique de
francisation des immigrants puisqu’en pratique, il est impossible de distinguer
un « vrai » anglophone de toute autre personne exigeant d’être servie
en anglais.
M. Lisée
a affirmé à CJAD que la STM devrait s’inspirer de l’Agence métropolitaine de
transport pour exiger que les inspecteurs, les guichetiers et tous les employés
en contact avec la clientèle soient bilingues anglais-français. Nous croyons
qu’au contraire l’AMT devrait s’inspirer de la STM pour franciser ses services.
ENTREVUE JEAN-FRANÇOIS LISÉE À LA RADIO ANGLOPHONE CJAD
Il semble que sous l’effet
des accusations de xénophobie et du dénigrement qui fusent dans les médias
anglophones à l’égard des défenseurs du français, le ministre responsable des
relations avec les Anglo-Québécois tente de favoriser un rapprochement en
faisant miroiter des concessions sur les engagements linguistiques de son
parti.
Nous pensons à l’inverse,
qu’un rapprochement significatif ne pourra se réaliser qu’en faisant véritablement
le débat avec les Québécois de toutes langues et de toutes origines. Il faut
expliquer à nos compatriotes anglophones qu’avoir une langue
commune est un facteur d’inclusion et non d’exclusion. Assurer la survie et
l’épanouissement de sa langue et de sa
culture est un droit fondamental des tous les peuples.
Il
serait sans doute utile de rappeler que dans le reste du Canada, la plupart des
services municipaux ou provinciaux étant unilingues anglais, les nouveaux
arrivants comprennent que, comme dans la plupart des États occidentaux, la
langue majoritaire est incontournable. C’est pourquoi les transferts
linguistiques des allophones se font à 99% vers l’anglais dans toutes les
grandes villes du Canada à l’extérieur du Québec. Alors, est-ce que le ministre
peut nous expliquer pourquoi il devrait en être autrement au Québec, pourquoi
la langue majoritaire devrait « se tasser » pour laisser davantage de
place à l’anglais ?
La
loi 101 n’a pas été conçue contre le bilinguisme individuel, mais contre le
bilinguisme institutionnel. Comme le mentionnait la première ministre Pauline
Marois dans un texte intitulé Non à un
Québec bilingue: «Il faut faire la différence entre le bilinguisme d’une
personne et celui d’une société et de ses institutions. Je suis et serai
toujours farouchement pour qu’on vive et travaille en français au Québec.»
Mario Beaulieu
Président du Mouvement Québec français
et de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal