Passant
outre à cette règle qui veut qu’il y ait dans tout média une nette séparation
entre la salle de rédaction et le département de publicité, le maire Michael
Applebaum a donné l’ordre de stopper tous les contrats de publicité de l’arrondissement
Ville-Marie, tant au Journal La
Métropole que sur son portail. Pourquoi? Tout simplement
parce qu’il n’a pas prisé le portrait que nous avons fait de lui à la Une de notre édition de
décembre. Un rappel des faits.
D’ABORD OUI, PUIS SOUDAINEMENT NON
Le 11 décembre dernier en matinée, j’étais
convoqué par Patrick-Jean Poirier pour le renouvellement du contrat de
publicité liant l’arrondissement de Ville-Marie avec le Journal La Métropole,
dont j’assume la direction. Madame Isabelle Rougier, sa patronne, se trouvait
au rendez-vous. Dans un premier temps, ils m’ont fait deux reproches. Ils m’ont
d’abord transmis que le maire Applebaum n’avait pas du tout apprécié le
portrait que nous avions fait de lui à la Une de notre édition de décembre, sous la
signature de notre journaliste Daniel Rolland. Et en second, ils ont relevé que
nous n’accordions pas suffisamment de place à la couverture des activités
municipales de l’arrondissement dans nos colonnes.
D’entrée de jeu, j’ai répliqué pour la
première critique, en rappelant la règle de la séparation entre la salle de
rédaction et notre département de publicité. Et pour le second grief, que nous
allions corriger le tir. J’ai même proposé qu’une de nos journalistes établisse
un contact avec le service afin d’articuler un plan de match. Nous nous sommes
quittés sur une poignée de main, avec la garantie de renouvellement. On m’a
même invité à envoyer le plus tôt possible le formulaire de renouvellement
publicitaire prévu à cet effet.
De retour au bureau sur l’heure du dîner,
coup de théâtre. J’ai un message de monsieur Patrick-Jean Poirier qui m’informe
qu’il n’y aura pas de renouvellement de contrat, pour la raison que le cabinet
du maire a fait savoir que monsieur Applebaum avait donné l’ordre de stopper
les publicités pour notre journal. Vous pouvez imaginer ma stupeur. Nous avons
contacté sur-le-champ la Fédération professionnelle des journalistes du Québec,
ainsi que le Conseil de presse, afin d’obtenir un avis. Et clairement on nous a
fait savoir que jamais, au grand jamais, un élu ne devait se servir des deniers
publics pour assouvir sa vengeance. Fort de cette information, j’ai aussitôt
envoyé un message par courriel aux intéressés du service des communications,
rappelant cette règle d’éthique.
Au final nous avons obtenu, non seulement
une fin de non-recevoir, mais monsieur Poirier m’a dit que si nous
entreprenions une campagne publique de dénonciation nous serions, et je
reprends ses mots « barrés pour les cinq prochaines années à la Ville de Montréal ».
Il faut rappeler qu’à titre de journal
indépendant nous n’avons pas d’a priori contre qui que ce soit. Et si monsieur Rolland
a brossé un portrait peu flatteur du maire, c’est que ce dernier offrait cette
perception. Un portrait est d’emblée toujours
partial. Mais dans mon courriel aux communications, j’ai offert au maire
un droit de réplique, qui fait partie des usages. Mais on n’en a pas tenu
compte. Au contraire, on s’est fait dire à l’interne que la décision était de
nature politique.
Ce n’est pas le type de relations que
j’envisage avec la Ville
de Montréal. Jamais, et même sous le régime autocratique du maire Jean Drapeau,
a-t-on vu un tel procédé émanant directement du cabinet du maire à l’endroit
d’un média. Le maire Applebaum, sur qui pèsent déjà des allégations, ajoute à
l’odieux en se comportant de façon tyrannique à l’endroit d’une publication qui
se veut la tribune pour tous et aussi une courroie de transmission des services
offerts par la Ville
de Montréal. D’où la nécessité de bénéficier des budgets consentis à la
diffusion des messages d’intérêt public. Un tel comportement de monsieur
Applebaum n’a pas sa place et dénote une gouvernance inappropriée.
PLAINTE AU CONSEIL DE PRESSE
Le
maire de Montréal ne s’est pas contenté de ces seules représailles, il a fait
parvenir, par la voie de son directeur de cabinet monsieur Jacques Martineau,
une plainte au Conseil de presse du Québec, qui se libelle comme suit :
NOTRE
RÉACTION
Le conseiller principal du maire nous
accuse de manquer de professionnalisme. D’abord, si on veut être respecté,
faut-il se montrer respectable. À commencer par le peu de temps alloué pour la
rencontre. Si les leaders de l’opposition ont pris une bonne heure et un peu
plus chacun pour prendre le temps d’élaborer leur pensée, dans le cas du maire,
on nous a fait savoir d’une part que son temps était très précieux, et avec
insistance. Et que nous n’avions qu’une demi-heure, pas une minute de plus.
LES
TAXES, LA CORRUPTION,
LES PARCOMÈTRES…
Comment voulez-vous, dans ces circonstances,
que notre journaliste ne se soit pas senti vexé d’avoir à passer en revue des
dossiers aussi cruciaux que l’augmentation de taxes, la corruption, les
parcomètres, l’itinérance, les règles de l’urbanisme et le coût des transports
publics? En nous limitant à si peu de temps, c’était une façon que l’on croyait
habile de ne pas vouloir répondre. Et M. Rolland a été heurté par le fait que
le maire se contentait de débiter une cassette.
Or, si vous connaissez bien notre
journaliste avec ses blogues retentissants sur le portail de Montréal, LaMetropole.com,
« Toute
vérité est bonne à dire », vous savez qu’il ne se contentera
jamais de réponses formatées. Il a permis, par son ton agressif qui est le
sien, de faire pénétrer dans le bureau du maire la colère des contribuables.
C’est un style qui est le sien et qui en vaut d’autres. À la fin, voyant qu’il
n’obtenait pas de M. Applebaum des réponses satisfaisantes, il a modifié son
plan de match pour transformer ce qui devait être une transcription en mode
questions et réponses pour le genre portrait. Or, qui dit portrait dit vision
fatalement partiale. C’est la perception de notre journaliste qui lui est
propre.
DROIT
DE RÉPLIQUE IGNORÉ
Que le maire n’apprécie pas le procédé,
c’est compréhensible, car il n’en ressort pas grandi, loin de là, ni le
contexte. Et je le précise en MAJUSCULES, nous n’avions, au point de départ,
aucune amertume personnelle envers le maire. Nous voulions lui offrir la même
tribune qu’à ceux de l’opposition, en toute parité. Comme nous avons eu écho
qu’il était en colère au vu du résultat, nous lui avons même fait transmettre
une proposition de droit de réplique, qu’il a tout simplement ignorée.
REPRÉSAILLES
En conclusion de la lettre de plainte, le
chef de cabinet fait savoir qu’il ne sera plus question que le maire ou les
institutions qu’il représente s’associent à notre publication. Ce faisant, on
déclare en toute transparence nous boycotter. Ce qui est contraire à la
diffusion des idées dans une optique de libre démocratie.
À
LA DÉFENSE DU CONTRIBUABLE ET DES COMMERÇANTS
leaders de la communauté québécoise de réagir. Nous ne devons pas laisser
passer cette manière de faire, qui a des allures de dictature. On a déjà dit
que la différence entre la dictature et la démocratie est que dans le premier
cas on vous dit « Tais-toi » et dans le second, « Cause toujours ».
Eh bien sachez que nous nous sommes rangés définitivement dans la défense du
contribuable et des commerçants et que nous n’entendons pas nous laisser
museler de la sorte. En complément, je souhaite vivement que le ministre des Affaires
municipales se penche sur cette histoire afin d’empêcher que d’autres élus
soient tentés de faire de même.
LA METROPOLE CONTRE LA VILLE
UN PORTRAIT CHOC DU MAIRE APPLEBAUM…
LE MAIRE APPLEBAUM ATTAQUE LAMETROPOLE.COM
CORRUPTION: « LE MÉNAGE N’EST PAS ENCORE FAIT »