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Collusion confirmÉe À la ftq

Par
ailleurs, M. Borsellino a confirmé à la Commission Charbonneau,
mardi, l’existence d’un système de collusion entre entrepreneurs à Montréal dès
1995, mais en a attribué la paternité à l’ingénieur Gilles Surprenant, employé
à l’époque de la Ville
de Montréal. M.
Borsellino a d’abord raconté à la commission que Jocelyn Dupuis lui avait
simplement demandé la clef de ce condo qui appartenait à l’une de ses
entreprises, GB Argus, et qu’il la lui avait donnée. L’entreprise a possédé ce
condominium acheté 320 000 $ de mai 2007 à août 2010.

M. Borsellino a confirmé à la Commission Charbonneau,
mardi, l’existence d’un système de collusion entre entrepreneurs à Montréal….

Le
président de Construction Garnier a aussi payé un voyage en Italie à son
« ami » Jocelyn Dupuis, de même que des billets de hockey, des billets
pour la boxe et des sorties au restaurant. M.
Borsellino s’est défendu en affirmant que M. Dupuis était pour lui « un
ami » et que si son ami lui demandait quelque chose, il le lui donnait.
Mais il assure ne jamais lui avoir donné d’argent. Plus tard, il a soutenu
qu’il avait réalisé que Jocelyn Dupuis profitait de lui et ses sorties au
restaurant se sont espacées. Aujourd’hui, a-t-il dit, M. Dupuis est « un
peu moins » son ami.

Il a
également admis avoir donné des billets de hockey à des représentants d’autres
organisations syndicales, notamment la CSN-Construction. Et il a
dit avoir également eu un autre ami au Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction (international), la deuxième organisation syndicale en
importance dans ce secteur, mais il « ne pense pas » avoir donné des
billets de hockey à l’un de ses représentants.

Lors du
voyage en Italie avec M. Dupuis, en octobre 2008, il s’est aussi retrouvé avec
Robert Marcil, l’ancien directeur de la réalisation des travaux pour la Ville de Montréal, et Yves
Lortie, de la firme Génivar, avec leurs conjointes respectives. Construction
Garnier a payé l’hôtel pour tous et les billets d’avion pour tous, sauf pour M.
Marcil et sa conjointe, a-t-il affirmé. La
commission a déposé en preuve les factures. Il évalue le total de ce qu’il a dû
payer à environ 50 000 $.

Le
procureur de la commission, Me Simon Tremblay, a cherché à faire un lien avec
le fait que le 27 août 2008, soit peu avant, M. Marcil avait approuvé le
paiement final pour des travaux d’urgence effectués sur un collecteur d’égout
de la rue Sherbrooke, au coût de 5,2 millions $. Comme il s’agissait de travaux
d’urgence, il n’y a pas eu appel d’offres.

Ces
cadeaux de Construction Garnier visaient à « développer les affaires »,
a martelé M. Borsellino. Même avec des représentants syndicaux, il voulait
développer des affaires, être en bons termes, notamment parce que les syndicats
pouvaient lui présenter la meilleure main-d’oeuvre dans le secteur requis,
a-t-il soutenu.

ÉCOUTE ÉLECTRONIQUE

Ces
révélations ont été faites par le témoin après que la commission eut fait
entendre des extraits de l’écoute électronique de la ligne téléphonique de
Jocelyn Dupuis. On y
entend M. Dupuis discuter avec M. Borsellino, entre autres. Dans
certains extraits, M. Dupuis parle de projets auxquels l’une des entreprises de
M. Borsellino pourrait s’intéresser, notamment la rénovation d’un Club Med en
Floride, un terrain à vendre près de la Place Bonaventure
à Montréal et un investissement dans le designer de jeans Parasucco. Aucun de
ces projets ne s’est toutefois concrétisé, a-t-il affirmé.

M. Dupuis
y prétend pouvoir présenter des projets au président de la FTQ et président du conseil
d’administration du Fonds de solidarité FTQ, Michel Arsenault, en passant par
un intermédiaire, Reynald Grondin. M. Dupuis
a perdu son poste de directeur général de la FTQ-Construction
en septembre 2008, après que Michel Arsenault lui eut réclamé sa démission. Il
est parti dans la foulée de la controverse concernant ses dépenses exagérées.

 » EXTORQUÉ « 

Par
ailleurs, M. Borsellino a confirmé l’existence d’un système de collusion entre
entrepreneurs en construction dès 1995. Il a soutenu
que c’est l’ingénieur Gilles Surprenant, de la Ville de Montréal, qui l’a initié à ce système,
en approchant les entrepreneurs pour leur suggérer de s’entendre entre eux.
C’est M. Surprenant qui aurait organisé la première rencontre au restaurant
avec les entrepreneurs Paolo Catania, Joey Piazza et Giuseppe Borsellino, a
relaté ce dernier. M. Surprenant était prêt à les aider ensuite à obtenir des
contrats pour la Ville.

Le premier
contrat truqué par le cartel, vers 1996, a été remporté par Paolo Catania, selon
lui, puis M. Borsellino a remporté son premier contrat truqué en 1996 ou 1997
pour le boulevard Gouin, dans l’est de Montréal. Il se
rappelle avoir versé de l’argent à Gilles Surprenant, qui l’a
« extorqué », selon lui. La juge
France Charbonneau s’est étonnée du fait que M. Surprenant, un homme dans la
trentaine à l’époque, aurait réussi à « extorquer » un groupe
d’entrepreneurs expérimentés. Mais il a maintenu sa version. « Nous, on
n’aime pas ça payer. On ne voit pas pourquoi on devait payer. Nous, ce qu’on
voulait, c’est travailler », s’est exclamé M. Borsellino.

Le
procureur de la commission, Me Tremblay, a exprimé son scepticisme devant le
fait que ce soit un fonctionnaire qui ait lancé le stratagème de collusion
entre entrepreneurs et organisé la rencontre au restaurant, mais M. Borsellino
a encore maintenu sa version. « Ils
avaient tellement de pouvoir. Il y avait des gens à la Ville qui étaient vraiment
puissants », s’est exclamé le témoin en anglais. La Ville pouvait par exemple
retarder les paiements et les entrepreneurs « souffraient » alors,
a-t-il rapporté.

Interrogé
à savoir ce qui se passait lorsque les entrepreneurs ne s’entendaient pas entre
eux sur la répartition des contrats, M. Borsellino a répondu moitié en anglais,
moitié en français: « there was no arbitre ». Le témoin
a soutenu que l’ex-dirigeant d’Infrabec, Lino Zambito, était « rentré de
force » dans le cartel en 2000 et qu’il avait compris qu' »il faut
qu’on lui donne une place ». La juge
Charbonneau lui a alors demandé qui lui avait dit qu’il devait faire de la
place à Lino Zambito. Elle lui a nommément demandé si cela pouvait provenir
« de la mafia ».

M.
Borsellino est resté vague: « ça peut venir de la fonction publique, ça
peut venir de la politique, ça peut venir des ingénieurs, ça peut venir de la
mafia, je ne peux vous répondre là-dessus ». M.
Surprenant, surnommé monsieur TPS, pour Taxe pour Surprenant, a déjà témoigné
devant la commission des mêmes faits, mais en en inversant la responsabilité.
Il a soutenu que ce sont les entrepreneurs qui se sont entendus entre eux et
l’ont approché ensuite pour le soudoyer.