La police a confirmé
l’arrestation d’un homme au domicile de Patrick Brazeau à Gatineau jeudi matin
vers 9h10, après avoir reçu un appel concernant un cas de violence conjugale. Aux Communes, M. Harper a insisté sur le fait qu’il ne prenait pas l’incident à
la légère. «Monsieur le président, je crois qu’il est connu qu’à la lumière des événements
sérieux qui ont été rapportés aujourd’hui, j’ai exclu le sénateur Brazeau du
caucus conservateur.
Évidemment, notre compréhension est qu’il s’agit
d’affaires de nature personnelle plutôt qu’en lien avec les affaires du Sénat,
mais elles sont très sérieuses et nous nous attendons à ce que les tribunaux s’en
chargent», a signalé M. Harper. Un peu plus tard, le leader en Chambre du gouvernement, Peter Van Loan, a fait
le lien entre son exclusion du caucus et les événements survenus plus tôt. «Au sujet du sénateur Brazeau, ce qui a été rapporté aujourd’hui est évidemment
de nature sérieuse, en lien avec un incident familial», a-t-il signalé.
Selon une source conservatrice, M. Harper aurait été «sidéré et attristé»
lorsqu’il a appris la nouvelle et il aurait réagi rapidement. Le caucus
conservateur de la Chambre
haute a été prévenu de sa décision peu après midi par le cabinet de la leader
au Sénat Marjory LeBreton. «Étant donné la gravité des événements rendus publics aujourd’hui, le sénateur
Brazeau ne fait plus partie du caucus conservateur. Comme il s’agit d’une
question légale, je ne peux commenter davantage», a écrit Mme LeBreton dans une
déclaration transmise aux médias.
La police de Gatineau a indiqué qu’un homme a été arrêté à la maison de Patrick
Brazeau, sans révéler l’identité de l’agresseur présumé ou de sa possible
victime. La loi interdit de divulguer les noms des personnes impliquées dans ce
type de situation. «Malheureusement, je ne peux parler de la victime étant donné que l’enquête est
encore en cours pour le moment. C’est un processus qui est quand même assez
long», a expliqué le porte-parole de la police de Gatineau, Pierre Lanthier. Aucune accusation n’a été portée pour le moment, mais l’homme demeure en
détention.
M. Brazeau pourra encore siéger au Sénat, à titre d’indépendant. Si des accusations
sont déposées, le Bureau de régie interne pourrait toutefois le suspendre. Il
en serait officiellement expulsé s’il était trouvé coupable et écopait d’une
peine de plus de deux ans en vertu du code criminel.
CONTREVERSES
M. Brazeau, ancien chef national du Congrès des peuples autochtone, est le plus
jeune des 105 sénateurs siégeant actuellement à la Chambre haute. Depuis sa
nomination en 2009, il a fait l’objet de nombreuses controverses sur la colline
parlementaire à Ottawa. La plus récente remonte à mercredi, quand le réseau CTV a révélé que le
sénateur aurait déclaré au fisc une fausse adresse entre 2004 et 2008 afin de
pouvoir bénéficier de déductions fiscales. Ce même réseau avait également
dévoilé que M. Brazeau avait fourni au Sénat l’adresse d’une résidence où il ne
vivait visiblement pas afin de toucher une prime de résidence éloignée de plus
de 20 000 $.
Son caractère impulsif lui a également attiré des ennuis. Devant une enquête
d’une journaliste de La
Presse Canadienne démontrant son fort taux d’absentéisme au
travail, il avait traité cette reporter de «bitch» sur Twitter, s’attirant
ainsi une avalanche de commentaires d’internautes indignés. Le public le connaît toutefois surtout depuis son combat de boxe avec l’actuel
candidat au leadership du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau. M. Brazeau
avait perdu ce combat.
NPD
L’incident de jeudi a permis au Nouveau Parti démocratique (NPD) de réitérer sa
position en faveur de l’abolition pure et simple de la Chambre haute. «L’exclusion (de M. Brazeau) du caucus conservateur est une chose. Mais il est
encore au Sénat, donc jusqu’à l’âge de la retraite, s’il reste au Sénat, il va
coûter aux Canadiens 7 millions $», a souligné le chef néo-démocrate Thomas
Mulcair en point de presse à Montréal.
BQ
Le chef bloquiste Daniel Paillé estime de son côté que M. Brazeau devrait
démissionner de son propre chef et renoncer à son siège au Sénat. «Je pense sincèrement que le sénateur Brazeau, il en a pas mal lourd sur les
épaules. Ce dernier événement-là est particulièrement grave s’il est avéré»,
a-t-il noté.
PARTI LIBÉRAL
Le Parti libéral ne condamne pas le premier ministre Harper qui a exclu son
sénateur avant que des accusations ne soient portées. Le député Dominic LeBlanc
présume que le chef conservateur devait posséder les renseignements nécessaires
pour prendre cette décision. «Nous sommes énormément préoccupés par le fait qu’il y a peut-être une victime,
une personne qui a été blessée dans cette circonstance très malheureuse. Le
sénateur Brazeau devra ultimement faire face au processus juridique et policier
que les autorités vont juger appropriés», a dit M. LeBlanc.
Si des accusations sont portées, l’homme devra comparaître vendredi matin au
palais de Justice de Gatineau.