FRIGON, né Dragon, est la preuve que cette flamme qui brûle
en lui n’est pas prête de s’éteindre. L’homme n’a jamais oublié ses racines
mauriciennes ni ses débuts dans le magasin général de ses parents. Pour lui, la
famille c’est la base d’une société et chaque entreprise doit prendre soin de
ses employés et collaborateurs comme de sa propre famille. Il a une éthique qui
mérite d’être soulignée de par son désir d’encourager plein de dragons à
collaborer avec lui. Gaétan Frigon est, sans contredit, un excellent
dragonnier.
Monsieur Frigon a
souvent brisé des tabous, reliant les affaires au monde artistique d’une façon
exceptionnelle. Entre vous et moi (il me tuera pour avoir utilisé cette
définition), Gaétan Frigon est un peu « l’ancêtre du branding »
au Québec!
Peu de gens savent que
le Gala Métrostar fut si populaire grâce au duo Guy Fournier et Gaétan Frigon.
Gaétan, bien qu’il n’était pas chaud à l’idée d’utiliser le mot anglais STAR
pour représenter un gala québécois, savait que les galas tels les
« People’s Choice Award » étaient écoutés par milliers de Québécois
francophones. Il fallait donc suivre cette tendance afin d’assurer la meilleure
visibilité à Metro Richelieu, son cheval de bataille du moment. Il accepta que
la marque de commerce METRO soit commenditaire en titre de ce gala de STAR et du
même coup, il venait de mettre les deux pieds dans le bottin de l’UDA. Gaétan
Frigon a toujours été une personne flamboyante et lui-même un peu star, même
s’il n’aimait pas qu’on l’appelle ainsi.
Il a côtoyé des vedettes toute sa vie.
Marguerite Blais, Louise Deschâtelets, Mitsou, Martine St-Claire, René Simard
et Marie-Josée Taillefer. D’ailleurs, cette dernière et sa mère Claudette
furent associées à l’un des premiers grands succès en édition au Québec, les
fiches recettes « Bon
appétit ». Ce fut un des nombreux projets auxquels aura participé Hélène
Héroux, sa conjointe. Pour Gaétan, les artistes et l’industrie alimentaire
devaient marcher main dans la main et Hélène serait celle qui l’accompagnerait
dans l’élaboration de ces nombreux projets. Fiches-recettes, publications de
livres, et bien sûr encore l’image de marque de personnalités connues
avec les grandes entreprises du commerce de détail au Québec.
J’ai eu l’opportunité de
côtoyer professionnellement, autant que personnellement, Hélène et Gaétan, et
laissez-moi vous dire qu’ils ne laissent rien au hasard. Nous avons collaboré à
des projets d’émissions sur les ondes de MusiquePlus et j’ai même eu le grand
plaisir d’organiser des réceptions estivales à leur résidence secondaire de
Foster, en Estrie. Les artistes répondaient « présents » quand Gaétan
et Hélène les invitaient. Même le soleil n’aurait osé être absent!
On a toujours associé
Gaétan Frigon à la
politique. Malgré des allégeances personnelles très bien
exprimées dans cette biographie, adroitement écrite par Christian Morissette,
Gaétan Frigon n’a pas toujours pu choisir les gens qui l’aideraient à atteindre
ses objectifs. Au risque d’être jugé, quand on redresse une entreprise, on doit
utiliser les forces politiques en place, au profit du mandat. C’est pour cela
qu’on venait le chercher. Gaétan Frigon est un Dragon des affaires, il ne
« brûlera » jamais personne, mais il fera « chauffer »
quelques-uns!
L’épicier, comme on se
plaisait à l’appeler, roula sa bosse dans multiples opérations de commerce de
détail imprégnant le Québec de nouvelles bannières et de nouvelles façons de
faire. Il allait ensuite devenir PDG de la Société des alcools du Québec. C’est
là que son rôle de personnalité publique s’intensifia. Ne pouvant mettre de
porte-parole à sa place, il écrivit le scénario d’une reprise économique
remarquable, en se choisissant comme acteur principal. Ce qui lui valut bien
des critiques, mais il avait l’expérience pour mettre à exécution ses propres
mises en scène.
C’est là qu’il
rencontra la terrible maladie du monopole. Malgré des employés prêts à
travailler et à se dépasser, la SAQ s’empêtrait les pieds à cause de la
lourdeur de son rôle.
La société était le
théâtre de sempiternelles mauvaises décisions. Dans cette biographie on nous
parle de sérieux problèmes d’approvisionnement qui ternissaient la réputation
de la SAQ. Problèmes
qui touchaient le grand public autant que les restaurateurs à la merci de cette
mauvaise gestion. Frigon dû donner de grands coups de barre pour replacer le
bateau dans le chenal, et cela passerait par le fait de sortir des bouteilles
des succursales, pour qu’elles joignent l’acheteur, où qu’il soit au Québec.
On ne fait pas
d’omelettes sans casser des œufs, ou plutôt de vin sans écraser le raisin.
Monsieur Frigon, le président, en a chauffé des postérieurs. Mais il fit
confiance à ses vendeurs, qu’il transforma en « conseillers en vin »
grâce à sa nouvelle « Université de la SAQ ». Il faut avoir lu cette
biographie pour comprendre que le « jaguar » courait plus vite que
son ombre et qu’il réussira à guérir la SAQ de sa « monopolyte » aigüe.
Ensuite il y eu
Loto-Québec, les Ailes de la mode et tant d’autres qui ont
« chauffé » sous la flamme de notre dragon. Passant du privé au
public, pour ensuite revenir au privé. Gaétan n’a jamais fait de différence
entre les deux types de société. Il sait très bien que lorsque l’on gère une
entreprise, ce ne sont pas seulement des budgets, mais des humains que l’on
gère. Ceux qui travaillent pour nous et ceux qui achètent de nous. Le service à
la clientèle est primordial et l’opinion que le public a de l’entreprise, tout
autant.
Dans son livre, Gaétan
Frigon est l’image même de la personne qui avance en s’adaptant au terrain. Il
a su contourner les obstacles et se tenir debout et fier, alors que plusieurs
ont déposé les armes. Grâce à ses ailes, le dragon peut voler, mais il revient
toujours chez lui s’occuper de ses petits dragons.
Sandra
Paré, pour LaMétropole.com