Café Consenza, qualifié de quartier général de la mafia montréalaise, ont vu M.
Milioto 236 fois entre 2004 et 2006. Et il y a été filmé en train de remettre
des liasses de billets à Nick Rizzuto, le patriarche du clan Rizzuto, et de
glisser lui-même des liasses dans ses chaussettes. S’il cachait ainsi ces billets, c’était « pour
ne pas te faire voler, pour ne pas que ça tombe », a-t-il répondu à la
procureure chef de la commission, Me Sonia Lebel.
Et cet argent provenait presque toujours de Lino
Zambito, qui lui demandait de le remettre à Nick Rizzuto, a-t-il assuré. Mais lui qui a remis des liasses de billets cinq
ou sept fois au nom de M. Zambito ne lui a jamais demandé pourquoi il devait
remettre cet argent. « D’où ça vient? Je ne le sais pas. Il m’a dit ‘donnez
ça à M. Rizzuto’. Ce n’est pas de mes affaires; je n’ai pas besoin de savoir
d’où vient l’argent », a lancé M. Milioto.
Quand la présidente de la commission, France
Charbonneau, lui a demandé s’il se pouvait qu’il s’agisse d’un
« pizzo », cette commission prélevée par la mafia italienne, M. Milioto
a affirmé qu’il n’avait jamais entendu parler de pizzo ici, au Québec. Il a dit croire que M. Zambito avait « des
problèmes d’argent », mais a préféré garder ses impressions pour lui-même
et ne pas poser de questions, a-t-il affirmé. Les quelques fois où l’argent qu’il remettait ne
venait pas de M. Zambito, il venait de la vente de billets qu’il effectuait
pour l’association Cattolica Eraclea, du nom de son village natal en Sicile. Il
est arrivé au Québec à l’âge de 18 ans.
MILIOTO JOUAIT AUX CARTES
AVEC RIZZUTO AU CONSENZA
a admis avoir longtemps joué aux cartes avec Nick Rizzuto père, au Café
Consenza, qualifié de quartier général de la mafia à Montréal. Il savait bien que les journaux disaient que M.
Rizzuto était relié au crime organisé, mais estimait que ce n’était pas de ses
affaires de lui en parler. Nick Rizzuto « est un père de famille, une
bonne personne. Il me respectait et je le respectais », a résumé M.
Milioto. Il ne lui a jamais posé de questions sur ce que les médias disaient de
lui, a-t-il assuré.
Les deux hommes viennent du même village de la Sicile, Cattolica Eraclea,
comme des Catania, des Piazza et d’autres entrepreneurs dans la construction à Montréal, a-t-il souligné. C’est un village de
10 000 personnes et tout le monde se connaissait, a-t-il soutenu. M. Milioto a assuré que les deux hommes ne
faisaient que parler de cartes, qu’il ne lui a pas, par exemple, parlé de son
fils Vito Rizzuto, emprisonné durant plusieurs années aux États-Unis. Les policiers qui ont effectué la surveillance du
Café Consenza ont noté que M. Milioto s’y était rendu 236 fois entre 2004 et
2006.
Interrogé par la procureure chef de la Commission Charbonneau,
Me Sonia Lebel, M. Milioto a expliqué qu’à ses yeux, M. Rizzuto était un bon
père de famille, une bonne personne. « Il me respectait et je le
respectais. » Des témoins ont déjà dit à la commission que M.
Milioto agissait comme intermédiaire entre le clan Rizzuto et le cartel des
entrepreneurs en construction à Montréal.