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Des rÉunions de « gens d’affaires »

Je me
suis levé tôt pour arriver sur place, à 7h30. Je ne m’attendais pas à
grand-chose, mais je me suis dit que je devais de nouveau faire des efforts
pour aller rencontrer de nouvelles personnes d’affaires. Faire ce dont on nous
parle tellement souvent, le fameux «réseautage». En
arrivant, je me suis dit qu’il fallait que je me dirige vers les autres
personnes, que je devais faire l’effort de me présenter et tenter de faire la
conversation avec des gens, du véritable appel au froid, mais face à face.

Je
me suis avancé à une table où il y avait déjà 2 personnes installées en train
de manger. J’ai immédiatement vu que ces 2 hommes se connaissaient déjà. Avec
un peu d’hésitation, je me suis présenté. Les deux personnes se sont
introduites à leur tour et sont aussi vite retournées à leur conversation
privée. Quelques
minutes plus tard, mes 2 partenaires de table m’ont demandé si je pouvais me
tasser d’une place parce qu’ils attendaient un ami. J’ai bien compris que ces
gens n’étaient pas là pour rencontrer d’autres personnes d’affaires.

Après
environ 10 minutes, 2 autres individus se sont joints à notre table. Un des
nouveaux arrivants, qui était assis juste à côté de moi, s’est introduit et
rapidement a commencé à engloutir son petit déjeuner et semblait être fort
préoccupé par sa dégustation. Par désarroi, j’ai commencé à lui poser quelques
questions sur ce qu’il faisait. Comment allaient leurs affaires et autres… Durant
toute notre conversation, il ne m’a pas posé une seule question. Sans
commentaires…

La
dernière personne se présenta comme un conseiller en investissement et me
demanda qui j’étais et ce qu’était mon emploi. On voyait bien qu’il ne
cherchait qu’à juger la valeur potentielle du gibier présent à la table. Après
nous avoir tranquillement estimés, il a sorti son téléphone et a commencé à
envoyer des textos. Inutile de préciser que les autres êtres humains présents à
la table avaient bien moins d’importance pour lui que son téléphone intelligent. C’est à ce moment que j’ai
décidé de partir, de laisser tomber cette affaire et de me diriger vers le
sanctuaire de mon bureau.

Mais je
n’ai pas désiré abandonner pour autant. Je me suis présenté ce matin pour voir
le conférencier; là j’en aurais pour mon argent. À 8 heures pile, l’entreprise
qui avait parrainé l’événement avec la Chambre monte sur le podium pour
présenter le conférencier. Le pauvre type commence par dire qu’il n’est pas bon
pour prendre la parole en public. Cela aurait été compréhensible s’il n’avait
pas en plus mentionné qu’il avait demandé à son département de marketing de lui
préparer un discours. Il nous montre 8 pages froissées, qu’il commence à lire.
Après un laps de temps laborieusement long, il finit ses 8 pages, qui ne
semblaient pas avoir persuadé, inspiré ni même juste interpelé les gens dans la
salle. Maintenant on s’attend à entendre le conférencier, mais non! Le
président de la Chambre doit lui aussi prendre la parole et heureusement, lui
non plus n’aime pas parler en public…

Le
conférencier était un journaliste local reconnu et très efficace pour prendre
la parole, un vrai professionnel. Il nous parle principalement des enjeux
économiques globaux, nord-américains, canadiens et québécois. Il nous a parlé
de tous les défis économiques qui nous attendent, les désastres fiscaux à
venir, la sclérose de nos systèmes financiers et pour finir, les quelques
petites miettes d’espérance qu’il pourrait nous rester. Je lui donne tout de
même mon appui parce que, d’après moi, il parlait de vraies choses, des faits, de
notre réalité collective et courante. Après 40 minutes, il termine son
intervention et commence la période de questions/réponses. Juste au moment où
les échanges prenaient de la valeur, l’organisateur, bien concerné avec le
temps, arrête brusquement la rencontre… et voilà! C’est terminé. Je regardais
les gens sur place et je me demandais si réellement c’était une bonne dépense
de leur temps et de leur argent. La moitié pitonnaient sur leur téléphone,
l’autre moitié des têtes blanches avaient un air préoccupé, fatiguée et
désengagé.

Tout
cela pour dire que les chambres de commerce, comme beaucoup d’organisations
d’affaires, doivent rapidement trouver des façons pour se réinventer, ou ils
suivront la route de ces salons d’affaires ennuyeux. Je suis parti de
l’événement un peu déprimé et loin d’être énergisé comme je l’aurais espéré. Je pense
que les gens qui continuent à fréquenter ces organisations le font parce qu’ils
ne savent plus quoi faire de nouveau. Ce sont eux qui doivent prendre les
choses en main, mais ils se disent qu’ils ont déjà fait leur lot et que c’est à
la relève, qui en passant est absente de la salle, de faire des efforts. Ça me
fait penser aux églises catholiques où il ne reste que quelques petits seniors
sur les bancs délaissés par le peuple. Que faire?

Nous
sommes une entreprise qui se spécialise à aider les entreprises et les gens à
se réinventer, à rallumer l’enthousiasme et la créativité de leurs employés
pour relancer l’engagement et dépasser ses objectifs. Je pense qu’il est
vraiment temps de rallumer nos entreprises en changeant nos attitudes, nos
façons de travailler. Sinon on va éventuellement finir comme beaucoup
d’organismes avec des bancs vides, plus de clients et plus de business….