Elle y retrouve la complicité artistique de Lorraine Pintal, dont la mise en scène transforme la relation incestueuse en ode à l’amour. Le spectacle est porté par une brillante distribution, formée notamment de fabuleux acteurs de Québec tels Jean-Sébastien Ouellette et Hugues Frenette. Et dans le rôle-titre, Louise Marleau, une véritable reine de théâtre, accompagnée par nulle autre que Monique Mercure dans le rôle de la suivante.
VOIX DE FEMME
Nous sommes à Thèbes, l’antique cité où la reine Jocaste, toujours éprise de son époux OEdipe, soigne les victimes de la peste avec ses filles et sa servante. La malédiction annoncée par l’oracle de Delphes s’abat sur OEdipe et sa famille : « Tu tueras ton père et épouseras ta mère. » Éclate alors la vérité sur les liens véritables qui unissent les époux maudits. Nancy Huston renverse la perspective et donne les rênes du récit à Jocaste, car cette histoire, déclinée par des hommes au fil des siècles, a bel et bien occulté l’aspect féminin qu’elle recèle. Aujourd’hui, le mythe est retourné comme un gant pour mieux nous en révéler toute l’ambigüité. C’est à nous, spectateurs, d’accorder foi à Jocaste ou à OEdipe, à l’amour passionné ou à la peur de la fatalité.
INTEMPOREL ET ACTUEL
Chronique d’une hécatombe causée par l’amour fou d’une femme, la pièce est structurée comme une tragédie classique, l’action se déroulant en l’espace d’une journée, du lever de la famille jusqu’à la mort de Jocaste, au crépuscule. Leurs mots sont les nôtres, ceux d’un couple amoureux qui se questionne : Jocaste, délaissée par son premier mari, a 34 ans de plus qu’OEdipe et craint que son désir pour elle ne déserte son corps. Leurs mots sont aussi ceux de deux parents aimants, entourés de leurs quatre enfants. Et c’est par la puissance d’un mot que la tragédie survient. Jocaste ne peut accepter qu’OEdipe renonce à tout ce qu’ils ont bâti ensemble, la justice de leur règne, leur famille, sous prétexte qu’il y ce mot entre eux, de quatre lettres, le mot fils… Dans une langue vibrante, urgente, le texte de Huston nous renvoie à la notion d’affranchissement, de liberté, qui est parfois celle du refus de la vie. En portant un regard sur le monde actuel, la tragédie n’a jamais été aussi vivante.
UN THRILLER PSYCHANALYTIQUE
La distribution est parfaitement liée au texte, mêlant adroitement générations et provenance des artistes qui la composent. Louise Marleau incarne une Jocaste débordante de sensualité et d’amour tandis que Jean-Sébastien Ouellette lui oppose un OEdipe aussi passionné que désespéré lorsqu’il comprend la nature de sa relation incestueuse. Hugues Frenette, pythanaliste passionné de Freud qui se substitue au coryphée habituel de la tragédie grecque, est éblouissant d’humour et d’intelligence. Parmi les éléments de modernité, soulignons les costumes de Sébastien Dionne et la présence sur scène de la multiinstrumentiste et chanteuse Claire Gignac.
DES ÉCHOS DE LA CRÉATION MARS 2012
[…] Jocaste reine a l’ampleur et le souffle des classiques, la vivacité et l’audace d’une oeuvre au temps présent.
— Le Devoir
[…] prestation magistrale des comédiens, parmi lesquels la grande Louise Marleau, superbes costumes et éclairages dans un décor dépouillé, musique en direct distillant une aura à la fois mystérieuse et sacrée. Somptueux.
— Voir Québec
[…] Louise Marleau prouve encore une fois l’immensité de son talent. La distribution est impeccable, comme la direction d’acteurs.
— Le Journal de Québec
[…] un hymne à la féminité – l’amour, le sexe et la maternité.
— Le Soleil
[…] Louise Marleau est vraiment magnifique, extraordinaire !
— Première Heure, Première chaîne, R-C
Source : LaMetropole.com
TNM