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Joe beef dÉnonce un zÈle…

Une dénonciation qui a provoqué de nombreux commentaires sur les
réseaux sociaux en plus d’attirer l’attention internationale – un autre
établissement montréalais a confié avoir vécu une situation semblable. Le
restaurant Joe Beef, qui a publié un livre de recettes à succès en plus d’être
connu partout au pays et à l’international après avoir participé à des
émissions de cuisine à l’étranger, a à son tour dénoncé, samedi, le zèle de
l’organisme, qui s’appliquait dans son cas aux décorations de son commerce du
quartier de la Petite
Bourgogne, à Montréal.

Le
propriétaire David McMillan a expliqué que les inspecteurs avaient des
problèmes avec une décoration murale, souvenir rapporté d’une plage de
l’Île-du-Prince-Édouard, qui arbore le mot Exit (sortie), de même
qu’avec une antiquité placée au-dessus des toilettes des employés qui
indique please leave this gate closed (veuillez laisser cette
barrière fermée). Les
inspecteurs ont également cru à tort qu’une autre décoration, une vieille
enseigne d’un boucher du Tennessee, faisait partie du menu du restaurant.

Le
propriétaire a avoué qu’il avait été surpris par le manque de compréhension des
inspecteurs, qui lui paraissaient jeunes et inexpérimentés. Il a admis que la
visite lui avait laissé un goût amer, mais qu’il n’avait toutefois pas
l’intention de déménager son établissement à l’extérieur de la province. Les
inspecteurs de l’OQLF se sont rendus au restaurant il y a quatre ou cinq mois,
mais M. McMillan a décidé de dénoncer l’affaire sur la place publique après le
tollé soulevé suite aux déboires d’un autre restaurant montréalais avec
l’Office.

«J’aime le
Québec … mais c’est de moins en moins facile», a déclaré McMillan,
parfaitement bilingue, lors d’un entretien samedi. «Ma femme
est francophone, mon partenaire d’affaires est francophone, mes enfants vont à
l’école française, mais ça me rend triste et déprimé, et je me demande quel est
le problème de ces gens», a-t-il lancé. M.
McMillan a décidé de laisser ses décorations murales en place, sauf pour la
pancarte des toilettes, qu’il voulait rapporter à la maison.

Le
propriétaire a spécifié que le restaurant n’a pas été menacé d’une amende et
qu’il n’avait pas eu de nouvelles des inspecteurs de l’office récemment. «Nous leur
avons envoyé une lettre, expliquant que les items mentionnés étaient des
cadeaux, des souvenirs… le genre de trucs que des restaurants ont sur leurs
murs», a-t-il expliqué. L’OQLF
n’était pas disponible pour commenter l’affaire samedi.

Le
restaurateur a insisté que son menu était seulement en français et que tout le
personnel de l’établissement était bilingue. Le livre
de Joe Beef, que M. McMillan décrit comme «une histoire d’amour avec cette
province», inclut des hommages à la cuisine et à la culture québécoise
traditionnelle. Il a été publié en français et en anglais.

Un
établissement italien de Montréal, le Buona Notte, a dénoncé plus tôt cette
semaine le fait qu’on lui eut reproché l’utilisation de mots italiens,
dont pasta sur son menu. À la suite de reportages et de vives
critiques dans les médias sociaux, l’OQLF a admis un «excès de zèle» et a
invoqué une exception au règlement relatif aux spécialités étrangères. La
ministre responsable de l’organisme a également fait valoir que l’office ferait
davantage attention à l’avenir.

Le
gouvernement du Parti québécois a annoncé une augmentation de six pour cent du
budget de l’Office, qui atteindra 24,7 millions $. Plusieurs
organisations et personnalités nationalistes au Québec craignent qu’une érosion
du français à Montréal mène, éventuellement, à sa disparition. Samedi,
Raymond Bachand, l’un des trois candidats à la direction du Parti libéral du
Québec, a réagi à la controverse sur Twitter. «Retirez
de la rue les inspecteurs zélés sans jugement. Dommages pour le Québec», a-t-il
écrit.