négocie un traité de paix avec l’Espagne, en échange du mariage du jeune Louis avec
l’infante Marie-Thérèse. Mais le futur roi est épris de la nièce du cardinal,
la jeune Marie Mancini.
Nous sommes tout à coup témoins de tous les jeux de pouvoir de Mazarin, de Colbert
aux finances, et de la régente. Chacun y va de son intérêt et magouille allègrement
pour y arriver. Mais malgré son jeune âge, Louis a bien appris de son maître. Il ne se
laissera pas manipuler facilement.
Une
leçon inquiétante qui décrit les nécessités et les obligations de la démarche
politique où les
volontés personnelles des grands de ce monde se font très souvent au détriment
et dans
l’oubli du peuple.
LES MAZARINADES
Si on
associe souvent les intrigues historiques aux grandes passions secrètes, aux déchirements
amoureux et aux troubles profonds des héros classiques, Antoine Rault nous amène,
dans Le Diable rouge, plutôt là où règnent les esprits et le savoir-faire
intellectuel. Les
personnages mythiques qui animent les scènes du Diable rouge sont tous plus
doués les uns
que les autres aux jeux de la raison, chacun ayant appris du grand maître
Mazarin à surpasser
intellectuellement son adversaire. Ou à « mazarer », comme le dit le metteur en scène
Serge Denoncourt.
Naissent
de la plume de Rault des dialogues particulièrement savoureux et riches, des scènes
où les affronts entre les tout-puissants de France se font dans la plus grande élégance,
justesse du mot et pertinence de l’argument à l’appui. Les répliques
s’enchaînent à la
vitesse d’une pensée. Les mots appuient, dévoilent, dissimulent, aiment,
contournent, blessent,
lèguent et confrontent. Les mots servent, atteignent leur cible à tout coup. L’histoire
de France telle que vécue sous Mazarin et revue par Rault se joue un mot à la fois,
d’une guerre à l’autre et avec la parole comme arme principale.
RÉGNER, VIVRE, MOURIR… ET RÉGNER ENCORE
«
Mazarin fera, jusqu’à son dernier soupir, de la politique » disait Serge
Denoncourt lors d’une
lecture avec les comédiens. Grand homme d’État, successeur du cardinal
Richelieu, amant de
la régente Anne d’Autriche prétendent certains, parrain du Dauphin Louis XIV et
tuteur de ce dernier, l’Italien d’origine aura grandement influencé la France
du 17e siècle.
Dans la pièce, Jules Mazarin cherche à achever son œuvre et à signer la paix
avec l’Espagne
qui fait la guerre à la France depuis des décennies. Michel Dumont, comédien émérite
et figure de proue de DUCEPPE, n’est pas étranger aux rôles iconiques. On ne s’étonne
aucunement que cet acteur au talent plus d’une fois confirmé, au registre
infini et à la
présence indéniable revête le rôle de l’emblématique cardinal.
À ses
côtés et toute aussi au sommet de son art, Monique Miller incarne la reine Anne d’Autriche.
Interprète à la carrière impressionnante, femme de scène comme il en existe peu,
elle insuffle à la monarque toute la profondeur et l’acuité dont elle fait
preuve sous la plume
d’Antoine Rault. Veuve de Louis XIII et mère du jeune Louis XIV, elle fera tout pour que
le Dauphin de France choisisse un mariage de raison plutôt qu’un mariage de passion
amoureuse. Cet
amour, l’héritier du trône bientôt prêt à régner, ici incarné par le
charismatique François-Xavier
Dufour qui joue chez DUCEPPE pour la première fois, l’éprouvera pour la belle
Italienne Marie Mancini, défendue par Magalie Lépine-Blondeau qui elle aussi
fait son
entrée chez nous.
D’une naissance inférieure au roi mais d’une intelligence et
d’une ambition
redoutables, la jeune Marie devra affronter les grands de la cour de
France. Dans le rôle de Jean-Baptiste Colbert, alors gestionnaire de l’immense
fortune de Mazarin, on
retrouve le comédien Jean-François Casabonne. Conscient que son protecteur
approche du
trépas mais continuant à veiller à son bien-être, Colbert tentera de préparer
sa propre promotion
parmi le conseil royal du roi en devenir. Marcel Girard campe quant à lui le rôle de
Bernouin, le fidèle serviteur de Mazarin.
Le
Diable rouge
du 10
avril au 18 mai