L’humoriste, comédien et peintre, avait
survécu à plusieurs cancers. Finalement il sera emporté dans la nuit du 21 mars
par une infection pulmonaire. Il est né le 24 août 1937 à Rouyn-Noranda. Il est
le 3e d’une famille de cinq enfants. Une famille modeste. Le père
est garagiste. Malgré tout, le jeune Yvan sera encouragé à entreprendre des
études classiques au collège de Rouyn-Noranda tenu par les Oblats. Il est loin
d’être fou des études, lui de nature un peu rêveuse.
Il sera tenté par la
radio. Et c’est ainsi qu’il débutera dans une radio locale en Abitibi. Et il
les fera presque toutes. Notons au passage CKRN à Rouyn, CKVD à Val d’Or et
CKLS à Lasarre. C’est en faisant de la radio à Timmins qu’il créera le concept
demeuré célèbre des Insolences d’un téléphone. L’idée étant de piéger quelqu’un
en se faisant passer pour une personne très au fait de sa situation. On imagine
qu’il s’était au préalable très bien renseigné sur les forces et faiblesses de
son interlocuteur. La majorité des « victimes » tombaient dans le
panneau. Et c’était de les entendre réagir lorsqu’à la toute fin Yvan Ducharme
reprenant son timbre inimitable, s’identifiait. Il y en a qui sacrait de rage
de s’être fait prendre aussi bêtement. Des gros mots bien sûr masqués par des
bip, bip.
ARRIVÉ
EN GRANDES POMPES À MONTRÉAL
Faut croire que les Insolences cartonnaient
car, alors qu’il fallait faire presque toutes les stations de radios régionales
avant de penser faire carrière à Montréal, c’est la grande station privée
montréalaise CJMS qui viendra le chercher à Timmins. On lui offrira d’animer
« Du charme au réveil ». Une
émission matinale qui connaîtra longtemps les plus fortes cotes d’écoute. Comme
il n’avait pas de technicien, la nouvelle vedette des ondes se tapait tout, le
boulot de metteur en ondes, de recherchiste, d’animateur, de lecteurs de
nouvelles et des pubs et enfin disque-jockey! C’est l’époque de Frenchie
Jarraud inventeur de la ligne ouverte et un Claude Poirier débutant. Il
conservera cette émission jusqu’en 1970.
DIX MICROSILLONS
L’année précédente il ouvre un bar
« Le bar aux insolences » une brève incursion dans le monde de la
restauration. Il enregistrera dix microsillons de ses meilleures Insolences
ainsi que des pensées. Car il aimait beaucoup à réfléchir sur le sens de la
vie. N’oublions pas que c’était un rêveur à l’origine. Il l’est toujours
demeuré.
LES
BERGER
Autant il sera connu pour ses Insolences à
la radio, autant un autre public le découvrira comme comédien dans le téléroman
à succès « Les Berger ». Avec des auditoires que Télé-Métropole avait
rarement connus jusqu’à présent. En 1972, sa prestation lui vaudra de devenir
Monsieur Télévision. Il conservera son rôle de 1970 à 1976 qu’il abandonnera
cette dernière année lorsqu’on lui découvrit un cancer du poumon. Conséquence,
l’ablation du poumon atteint, et une sentence de six mois à vivre. Heureusement
l’année d’après ce sera la rémission. Mais par après d’autres cancers suivront
qui le laisseront diminué.
Mais à travers ces épisodes de santé malheureux, il
trouvera le moyen de faire du cinéma, beaucoup avec Denis Héroux et du théâtre
d’été. Des comédies très légères, ça va de soi. Dans les vingt dernières années
de sa vie, Yvan Ducharme consacrera l’essentiel de son temps à l’écriture (cinq
livres) et surtout la peinture. Ses dernières expositions remontent à 2007. Il
se définissait comme le créateur de « l’impulsillonnisme ». C’était de la peinture abstraite. Mais ce qui
est concret c’est que cet homme aimé de tous aura répandu largement la joie chez
les gens qui se sentent un peu triste aujourd’hui avec l’annonce de sa
disparition.