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Isabelle gaston brandit les cendres de ses enfants…

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Celle qui
milite pour améliorer le sort des proches des victimes a lancé un cri du coeur
en commission parlementaire sur le projet de loi 22. Dans un long témoignage,
elle a décrit en détail son calvaire qui dure depuis 2009 tout en soulignant
les carences du projet de loi. Le régime
d’indemnisation, même après sa bonification, sera loin d’être généreux,
a-t-elle plaidé, alors que la société aurait plutôt tout intérêt à
« investir dans les victimes ». « Quoi
que vous puissiez en penser, (la victime) ne fait pas juste recevoir du
système, a-t-elle dit.

On oublie trop facilement que, sans victimes, on ne peut
pas combattre le crime. Vous aurez beau avoir les meilleurs policiers, vous
aurez beau avoir les meilleurs procureurs, si vous n’avez pas de victime qui se
tient debout, puis qui a la force d’affronter un système, on ne peut pas
protéger la vie humaine, puis l’intégrité. »

Elle
demande la parité, c’est-à-dire qu’on accorde autant aux parents d’un enfant
mort à la suite d’un acte criminel qu’à la suite d’un accident, soit 50 000 $,
à l’instar des programmes de la
Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), par exemple.
Or, le projet de loi 22 prévoit faire passer l’indemnité de 2000 $ à 12 000 $. « Ce
n’est pas parce que tu es décapité, que tu es poignardé, que tu es brûlé, qu’on
te fait sauter, que tu vaux moins que quelqu’un qui est mort dans un accident
de la route. Il n’y a aucune raison (pour motiver le fait que) la valeur
devrait être moindre. »

Elle a
fait ressortir que selon les statistiques, en 2011, sur les 7251 demandes
d’indemnisation, il y a eu 52 requêtes à la suite d’un meurtre, soit 0,7 pour
cent, ce qui ne causerait pas une « hémorragie » dans le régime actuel.

Pour faire
réfléchir les parlementaires hésitants, elle leur a demandé d’imaginer si
c’était leur enfant qui était mort assassiné. C’est alors qu’elle a brandi deux
sachets de plastique avec des cendres, pour leur faire prendre conscience de la
perte. « Si
vous n’y arrivez pas, là, vous amenez une petite portion de qu’est-ce que j’ai,
moi, des photos puis des cendres. Je vous les donne, OK, si c’est pour la
cause, là, pour que ça vous aide à comprendre. Est-ce que vous accepteriez,
sans broncher, que votre vie soit rythmée avec des procès, que votre vie soit
rythmée avec des procédures? »

Elle exige
aussi que les parents qui survivent à un enfant assassiné soient reconnus comme
victimes, pour avoir droit à des programmes d’aide plus complets. Elle a
longuement fait état des tracasseries et des refus des compagnies d’assurances,
des problèmes d’accès à la psychothérapie, de l’absence prolongée au travail,
etc. Enfin,
elle a indiqué que le remboursement des frais funéraires d’une victime, qui
passe de 3000 $ à 5000 $, était vraiment minimal.

Le
porte-parole de l’opposition officielle, Robert Poëti, a pour sa part soulevé
le fait que le fonds d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) ne
manquait pas d’argent, en raison des fractions des contraventions qui y sont
versées, et qu’il allait interpeller le gouvernement en faveur des proches des
victimes. « Je
vais être un allié pour vous », a-t-il dit à Mme Gaston.

Le
ministre de la Justice,
Bertrand St-Arnaud, a remercié Mme Gaston pour son témoignage, sans s’engager à
augmenter le régime d’indemnisation au-delà de ce que prévoit le projet de loi.