typiques des bâtiments du Vieux-Montréal, je remarque le bois qui craque dans
le foyer et qui dégage une odeur réconfortante. Une ambiance intime se dessine
autours de nous, peut-être due en partie à la voix enveloppante d’Henri
Salvador, qui nous berce avec « Petite fleur ». Couples et solitaires
commencent à entrer et échangent une poignée de main chaleureuse avec notre
hôte. Avant même d’avoir ouvert le menu, on y voit l’indicateur sincère d’une
cuisine savoureuse: ici, les gens reviennent régulièrement.
Une cuisine provençale typique
abordée avec des produits locaux, voilà l’esprit de La Gargote. Avec une table
d’hôte qui change tous les jours et une longue liste de vins, majoritairement
français et d’importation privée, on sait comment nous mettre l’eau à la
bouche. Justement, question de nous ouvrir l’esprit et l’appétit, on nous sert
d’abord un Lillet blanc. C’est un bordeaux macéré à l’orange, liquoreux, qui
présente une belle longueur en bouche. Un petit plaisir coupable, à essayer
absolument.
En entrée, on opte pour la soupe
de poisson et le foie gras. La soupe de poisson et sa rouille, une petite
mayonnaise composée d’ail et de safran, est très fidèle aux saveurs de
Provence. De son côté, le foie gras de canard au torchon a été une révélation.
Aromatisé au cidre de glace et accompagné d’un chutney de mangue, d’ananas, de
pomme et d’orange, il fond en bouche. Je suis une grande amatrice de foie gras,
n’en déplaise à mes artères, et celui proposé par la Gargote, est un des meilleurs
que j’ai eu la chance de savourer à Montréal.
Pour la suite, arrive le tartare
de bœuf et tobiko au couteau et ses croustilles. Un peu épicé, avec une touche
vinaigrée délicate, et des œufs de poisson qui offrent des petites explosions
agréables en bouche, ce tartare est plutôt surprenant. Le problème des
tartares, c’est qu’on en trouve généralement deux sortes: au bœuf et au saumon.
C’est très bon, mais on finit par s’en lasser à force de retrouver les mêmes
saveurs. Si vous êtes amateurs de tartare, sachez que La Gargote est un des
rares endroits qui offre des tartares aux combinaisons originales, se succédant
régulièrement sur la carte.
On ne pouvait passer à côté du
braisé de lapin et d’agneau en croûte avec son jus court aux herbes. La croûte
légère cède toute la place à la viande qui est tendre, mais également sucrée
par le confit d’oignon dans lequel elle est préparée.
En dessert, on nous conseille la
crème brûlée, qui change selon la saison. Aujourd’hui, à mon grand plaisir,
elle est à la gelée d’érable. Elle est délicate et onctueuse, mais il faut bien
avouer que même avec la meilleure volonté du monde, face au fondant au chocolat
et nougatine accompagné de sa petite crème anglaise, on perd notre sang froid.
Une compétition déloyale. Goûtez-y, vous comprendrez.
Repue, effaçant les dernières
traces de chocolat dans mon assiette, je regarde la place d’Youville en
fantasmant sur l’été. Je m’imagine déjà sur la terrasse de la Gargote, un
Lillet à la main, et savourant son foie
gras à nouveau.
Adresse: 351, Place d’Youville, Vieux-Montréal
Téléphone: (514) 844-1428
En collaboration avec Gabrielle Elliott
Source : La Métropole