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Magnotta un meurtre prÉmÉditÉ

Cette
décision a été rendue vendredi, au Palais de justice de Montréal, par la juge
Lori Renée Weitzman.
« Nous
sommes plus que satisfaits de l’engagement à aller en procès pour toutes les
accusations qui ont été déposées contre M. Magnotta », a déclaré le
procureur de la Couronne,
Louis Bouthillier. « Vous
comprendrez que je ne peux pas commenter sur la preuve puisqu’une ordonnance de
non publication est en vigueur. Nous sommes évidemment très contents de la
décision prise cet après-midi (vendredi). »

Magnotta,
âgé de 30 ans, a été arrêté à Berlin l’été dernier après une cavale
internationale de quelques jours, et a éventuellement été accusé en lien avec
le démembrement de Jun Lin, survenu en mai dernier à Montréal.
Le tueur
présumé est également sous le coup de quatre autres accusations: outrage à un
cadavre, production et diffusion d’obscénités, utilisation de la poste pour
diffuser des obscénités, et harcèlement envers le premier ministre Stephen
Harper et des membres de son gouvernement.

Le père de
Jun Lin, Darin Lin, se trouvait dans la salle d’audience lorsque la juge a
résumé la preuve déposée lors de l’enquête préliminaire. Il a assisté à une
partie de cette enquête, quittant parfois la salle lorsque les preuves se sont
avérées trop difficiles à supporter.

Ces
dernières semaines, 32 personnes ont comparu dans le cadre de l’enquête
préliminaire, toutes convoquées par la Couronne. Ces témoignages étaient frappés d’une
ordonnance de non publication.
Dans les
plaidoiries qui ont précédé la décision de la juge Weitzman, l’un des avocats
de Magnotta, Me Luc Leclair, avait soutenu que son client devait subir un
procès sous une accusation réduite de meurtre non prémédité. Cette thèse n’a
pas été retenue.

Vendredi,
Magnotta, habillé en blanc de la tête aux pieds-, est demeuré impassible, les
mains croisées sur les cuisses. Il n’a pas bronché au moment où la juge
rejetait la requête pour obtenir une accusation réduite.
L’accusé a
déjà plaidé non coupable à l’ensemble des accusations retenues contre lui lors
de sa première comparution, en juin 2012. L’affaire reviendra devant la cour le
lundi 29 avril, jour lors duquel la date du procès devrait être fixée.

Me
Bouthillier s’attend à ce que le procès s’amorce au début de 2014.
Jun Lin a
été tué et démembré. Une partie des restes avait été envoyée par la poste et
d’autres retrouvés dans des ordures en bordure de rue. Une
enquête préliminaire ne suscite habituellement pas beaucoup d’intérêt de la
part des médias et du public, mais les passages en cour de Magnotta n’étaient
pas ordinaires.

Ses
avocats ont entre autres tenté d’interdire aux médias et au public d’assister à
l’enquête préliminaire, en prétextant l’attention médiatique démesurée suscitée
par l’affaire.
La cause a
également été entendue dans une salle sécurisée du Palais de justice, où était
parfois déployé un large contingent de policiers.

Alors
qu’il est majoritairement demeuré calme, Magnotta s’est effondré à une
occasion, après avoir visionné des preuves vidéo. Cet épisode a provoqué un
bref délai dans les procédures.

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS

Juillet
2011:
le jeune Chinois Jun Lin arrive à Montréal pour étudier le génie
informatique à l’université Concordia.

24 mai
2012:
il est vu pour la dernière fois par ses amis.

25 mai:
des voisins aperçoivent Luka Rocco Magnotta, un mannequin et acteur de films
pornos originaire de Scarborough, en Ontario, transportant une boîte jusqu’à un
bureau de poste.

26 mai:
Magnotta prend un vol Montréal-Paris. Roger Renville, un avocat du Montana,
voit sur Internet une vidéo de ce qui semble être un homme ligoté se faisant
poignarder à mort, avant d’être dépecé.

27 mai: M.
Renville avise les autorités aux États-Unis et au Canada de la présence de
cette vidéo, mais les policiers considèrent qu’il s’agit d’une mise en scène.

29 mai: la
police montréalaise (SPVM) est appelée à un immeuble à appartements de
Côte-des-Neiges après la découverte, par le concierge, d’un torse humain dans
une valise jetée aux ordures dans la ruelle. Un pied humain est découvert dans
un colis posté au bureau national du Parti conservateur à Ottawa, puis une main
dans un autre colis intercepté dans un centre de tri de Postes Canada et
destiné au Parti libéral du Canada. Des amis de Jun Lin signalent sa
disparition.

30 mai: le
SPVM identifie Magnotta comme principal suspect du meurtre et émet un mandat
d’arrestation national. Interpol l’ajoute à sa liste de personnes recherchées,
mettant les forces policières de 190 pays sur le coup. Magnotta est aperçu dans
un bar de Paris, où il consomme une boisson gazeuse avant de quitter les lieux
en compagnie d’un homme. Le SPVM découvre la vidéo du meurtre sur Internet et
tente, sans succès, de la faire retirer.

1er juin:
le SPVM confirme que le torse découvert dans une valise est celui de Jun Lin.
Le mandat d’arrestation émis contre Magnotta inclut dorénavant une accusation
de meurtre prémédité. Il sera aussi accusé d’avoir menacé le premier ministre
Stephen Harper, en raison de l’envoi postal du pied humain au Parti
conservateur. La police de Montréal ajoute que Jun Lin a eu une liaison avec Magnotta,
et que ce dernier a quitté le Canada pour l’Europe le 26 mai.

2 juin:
les autorités policières de la
France mènent des recherches « ciblées ».

3 juin:
des médias rapportent que Magnotta a séjourné dans un hôtel de Paris, laissant
derrière lui des magazines pornographiques et des sacs vomitoires provenant
d’un avion. Des médias français révèlent que la police vérifie des informations
selon lesquelles deux personnes ont vu Magnotta, ainsi que les appels faits de
son téléphone cellulaire.

4 juin:
venu dans un cybercafé de Berlin pour, semble-t-il, consulter des articles sur
Internet à son sujet, Magnotta est reconnu par un employé. Des policiers
viennent le cueillir sans incident.

5 juin:
l’autre main et l’autre pied de Jun Lin sont découverts dans des colis envoyés
à deux écoles de Vancouver.

18 juin:
Magnotta est embarqué dans un avion militaire canadien à destination du Canada;
il arrive à Mirabel en soirée, sous forte escorte policière.

19 juin:
lors d’une comparution par vidéoconférence, il plaide non coupable à cinq
accusations: meurtre prémédité, outrage à un cadavre, production et
distribution de matériel obscène, utilisation de la poste pour envoyer du
matériel obscène, et harcèlement criminel (de députés fédéraux).

21 juin:
ses avocats renoncent à l’examen psychiatrique pour déterminer s’il doit être
tenu responsable de ses actes. Magnotta, qui est présent au tribunal, choisit
de subir un procès devant jury. Il demeurera détenu jusqu’à la conférence
préparatoire, le 9 janvier 2013, et son enquête préliminaire en mars.

1er
juillet:
grâce à « une information », les policiers retrouvent la seule
partie toujours manquante du corps de la victime, la tête, au parc Angrignon,
dans le sud-ouest de Montréal.

11 mars
2013:
début de l’enquête préliminaire de Magnotta, au Palais de justice de
Montréal. Une ordonnance de non-publication empêche de rapporter les
témoignages.

12 avril:
la juge Lori Renée Weitzman conclut que les preuves sont suffisantes pour citer
Magnotta à procès pour meurtre prémédité. La défense avait tenté de faire
réduire l’accusation à celle de meurtre non prémédité.