«Quand on se voit entre roux, dans les transports en commun ou autre, on va toujours se faire un petit signe, un salut. On a les mêmes traits de caractère: on ne niaise pas avec les roux! C’est l’un de nos vieux dictons», a lancé Nicolas Meunier-Langlois, jeune homme à la tête rousse de 23 ans. De nombreux participants ont partagé leurs souvenirs d’enfance et se sont confortés dans les difficultés que pouvaient rencontrer, sur les bancs d’école, les «poils de carotte» de ce monde.
L’événement était donc, en quelque sorte, une revanche des roux, selon les termes employés par Audrey Bisson, 25 ans et véritable rousse. «Cela nous rapproche de nous raconter comme ça nos vieux souvenirs. Tout le monde se moquait de nous quand on était petit à cause de notre rousseur», s’est-elle remémorée. Et ce genre de taquineries a pris une tournure plus grave ces dernières années, alors que certains roux ont été pris pour cible par la journée annuelle du tir de roux (Kick a Ginger Day), inspirée par la série télévisée South Park. La controverse avait mené à plusieurs avertissements dans les écoles, et certains élèves avaient dû être suspendus.
Mais l’organisatrice du Rassemblement de vrais roux, Céline Dompierre, a plutôt souhaité miser sur la bonne humeur pour son événement. Mme Dompierre avait demandé aux participants de porter un t-shirt blanc et a invité un photographe professionnel à immortaliser ce rendez-vous roux. «C’est agréable de voir toutes les différentes teintes de roux et de se rassembler entre roux. On peut rire à notre tour des autres (qui ne le sont pas)», a indiqué Tiffanie Cormier, 17 ans, en prenant soin de préciser qu’il était faux de croire que les roux ne pouvaient pas bronzer ou encore qu’ils n’avaient pas d’âme.
Même son de cloche du côté de Joseph Baron, 31 ans, qui a noté l’aspect anormal d’être entouré de personnes à la chevelure et la carnation semblables. «C’est assez surréel de se retrouver au milieu d’un aussi grand groupe de roux alors que nous ne sommes pas en Irlande», a-t-il lancé. Le rouquin se rappelle avoir lui aussi fait l’objet de moqueries dans sa jeunesse, mais affirme être parvenu à apprécier sa rousseur.
«J’ai eu, pendant un bref moment, une période rebelle. J’ai voulu teindre mes cheveux en bleu et ça n’a pas vraiment été couronné de succès!», s’est remémoré M. Baron.