Il a précisé que le Qatar n’a offert aucun explication pour cette décision.
Rejoint par la suite à Chicago, où il se trouve en voyage officiel, le ministre Baird a cependant précisé que le Qatar avait plutôt décidé de préserver ses relations avec le Canada. « J’ai parlé hier (jeudi) avec Cheikh Hamad (ben Jassim Al Thani), le premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, et il a dit que la décision avait été prise en partie à cause des bonnes relations entre le Qatar et le Canada et de leur intention de maintenir ces bonnes relations », a dit le ministre Baird.
La décision était cependant prévisible, selon le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée, qui a été rejoint, lui, à Londres. « Depuis 15 jours, on avait commencé à voir des signaux diplomatiques du côté de notre réseau diplomatique québécois et du côté du réseau canadien que les Qataris cherchaient un moyen de retirer leur offre », a-t-il expliqué.
Plus encore, les liens du Québec à travers la Francophonie avaient permis d’établir qu’il n’y avait pas de front commun des pays arabes derrière le Qatar, selon M. Lisée. « Un certain nombre de pays arabes qui sont membres de la Francophonie nous ont donné à nous des signaux qui étaient positifs. Je pense qu’il y avait toutefois une volonté de la part de plusieurs pays arabes d’attendre avant de se commettre en raison de leurs liens avec les Qataris », a-t-il précisé.
Un premier signal avait été envoyé au cours des dernières semaines, alors que 32 des 36 pays membres du conseil d’administration de l’OACI avaient voté contre la mise à l’ordre du jour d’une proposition visant à déplacer de Montréal à Doha la réunion du mois de septembre prochain où la question d’un déménagement devait être soumise au vote des 191 pays membres.
« Nous avons gagné cette bataille il y a quelques semaines. Une grande majorité des 36 pays a dit non au déménagement de leur réunion à Doha. C’était une première victoire », a signalé le ministre Baird.
Pour le ministre Lisée, ce premier vote a signalé le début de la fin de l’effort qatari. « Le conseil d’administration, les 36 pays membres, ont beaucoup d’influence. Les Qataris ont dû faire le calcul qu’ils s’en allaient vers un échec », a-t-il dit.
Ce développement signifie que le siège social de l’OACI, qui se trouve à Montréal depuis sa création en 1947, y demeurera car il n’y a aucune autre offre de même nature sur la table. L’organisme est en négociation pour le renouvellement jusqu’en 2036 de son bail qui viendra à échéance en 2016.
UN IMPACT CONSIDÉRABLE
Un déménagement aurait eu un impact considérable: l’organisme emploie environ 500 personnes et génère des retombées annuelles évaluées à 120 millions $. Il s’agissait de la première fois dans l’histoire de l’organisme qu’un autre pays tentait d’en ravir le siège à Montréal.
Le Qatar avait offert, notamment, un édifice ultramoderne et une exemption fiscale complète à l’OACI et ses employés, tout en invoquant le climat hivernal rigoureux parmi les raisons motivant un départ de Montréal.
Le ministre Lisée a cependant soutenu que les employés de l’OACI lui avaient fait part de leur volonté de rester à Montréal, lui donnant même des conseils pour contrer l’offensive qatarie, et que la question du climat s’était avérée une arme à double tranchant dans le débat.
« J’ai parlé, dans un discours devant tous les représentants, de la neige gratuite pour les enfants chaque hiver dans leur cour arrière. Plusieurs d’entre eux, des Africains, des Chinois, sont venus me dire par après que leurs enfants aimaient bien cela être dans un pays où il y a une saison hivernale », a-t-il dit.
Plus sérieusement, le ministre Lisée a indiqué que ce débat aura eu en bout de ligne un impact très positif pour la métropole. « Cette offre du Qatar nous a permis, depuis cinq semaines, de faire la plus grande campagne de promotion de Montréal dans les réseaux diplomatiques internationaux qu’on ait faite depuis Expo 67. C’est un très grand bénéfice pour Montréal. »