« Peu d’hommes ont pris autant de risques pour les droits des femmes que le docteur Morgentaler. Il a été jugé, condamné et emprisonné pour nos droits », a rappelé, émue, la ministre responsable de la Condition féminine, Agnès Maltais. Cet homme « plus grand que nature (…) mérite à jamais notre respect », a-t-elle ajouté, en soulignant qu’une motion serait présentée à l’Assemblée nationale pour honorer sa mémoire.
La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a également exprimé son admiration et sa gratitude envers ce grand humaniste. « Il disait que les enfants devaient être désirés. Ça rejoignait énormément de femmes et d’hommes qui étaient conscients que la maternité et la paternité devaient être des actes réfléchis et censés », a-t-elle indiqué. Malgré l’adversité, Mme David souligne que le docteur Morgentaler a toujours agi selon ses convictions. « Ce médecin croyait que les femmes étaient des êtres libres et autonomes, des individus adultes capables de faire des choix par elles-mêmes », a-t-elle avancé.
Dans une société où l’on tend toujours plus vers le conformisme, l’avocat Julius Grey rappelle que le docteur Morgentaler a osé s’opposer, et ce, au prix de sa liberté. « Il a eu le courage de dire non, puisque sa conscience ne lui permettait pas d’obéir à la loi, se rappelle-t-il. Il s’est battu jusqu’au point où on a établi qu’un jury a le droit d’acquitter quelqu’un pour des raisons morales et que l’individu peut donner priorité à sa conscience. »
En menant sa croisade pour décriminaliser l’avortement, le docteur Morgentaler aura polarisé l’opinion publique pendant des décennies. « Il n’y aura jamais d’unanimité autour de ces questions-là », convient Mme Miville-Dechêne.
Le président de la campagne Québec-Vie, Georges Buscemi, garde un souvenir sombre du combat mené par le docteur Morgentaler. « C’est un cadeau empoisonné qu’il nous a laissé. C’est une blessure qu’il faut maintenant guérir », indique-t-il en disant espérer que les droits des enfants à naître seront maintenant davantage respectés. M. Buscemi conteste d’ailleurs toute avancée dans la sphère de la santé des femmes. « C’est un sophisme, lance-t-il. L’avortement n’est jamais nécessaire pour aider la santé physique des femmes. Quant à la santé psychologique, la femme peut recevoir de l’aide pour garder son enfant ou le donner en adoption. »
Son groupe Campagne Québec-Vie a organisé une vigile, mercredi soir, en face de la clinique Morgentaler à Montréal. Une dizaine de personnes y ont prié « pour l’âme » du Dr Morgentaler. L’un des organisateurs, Brian Jenkins, a indiqué que le tout s’était déroulé dans le calme, précisant qu’une femme opposée à la démonstration du groupe était venue interpeller les participants.
Mary Ellen Douglas, coordonnatrice à la Coalition nationale pour la vie, avait offert dans la journée la même note discordante. « Ce n’était pas vraiment un personnage aimable. (…) Mais les femmes pro-avortement en ont fait un héros », a-t-elle souligné en ajoutant avoir espéré jusqu’à la toute fin que le médecin se repentirait avant de mourir.
À Ottawa, le porte-parole de Stephen Harper a affirmé que le premier ministre ne commenterait pas la mort du célèbre médecin. M. Harper a déjà signifié clairement qu’il n’avait pas l’intention de rouvrir le débat sur l’avortement. Il s’était opposé à une motion présentée par un député d’arrière-ban qui proposait de débattre de la question du début de la vie humaine.
Mark Warawa, un député conservateur pro-vie, a été l’un des rares membres de son parti à commenter publiquement la mort de Henry Morgentaler. Il a dit espérer que le médecin ait « réglé des choses avec son créateur » avant son décès.