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Savoir rÉagir À la mauvaise foi

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Beaucoup de gens se sentent démunies face à mauvaise
foi. Et pour cause, la mauvaise foi est une stratégie de défense très agaçante.
Il s’agit d’une forme de mensonge, une imposture, en réaction à une accusation,
à une demande de justification ou à une incapacité à se montrer tel que l’on
est. Cette parade permet à la personne qui en use de se soustraire à ses responsabilités
ou à la réalité. Pris au piège, les gens de mauvaise foi mentent sans vergogne
et sont prêts à tout pour prouver que leur mauvaise foi est en réalité… de la
bonne foi et leur mensonge… la vérité!

La mauvaise foi est-elle un besoin d’affirmation? Un désir
de contrôle? Un peu des deux. Les personnes de mauvaise foi souffrent généralement
d’un manque de confiance en soi ou d’assurance. L’idée qu’elles se font de leur
responsabilité morale est défaillante. Leur mauvaise foi est une façon de nier
leurs responsabilités, la réalité ou les besoins d’une autre personne. C’est
pour cette raison que la mauvaise foi s’apparente au mensonge. Dans bien des
cas, elle atteint la personne dans son intégrité. Au travail comme dans la vie
personnelle, elle peut avoir des conséquences graves. Si elle est dénoncée à
temps, il est possible d’y mettre un terme.  

Conseiller en ressources humaines, Alexandre a 34 ans.
S’il manque visiblement de maturité, son énergie contagieuse et son sens de l’humour
font parfois oublier à ses collègues sa tendance à  trouver des excuses pour toute tâche non
réalisée ou pour des dossiers non complétés. Il n’a jamais tort et lorsque ses
dossiers prennent du retard, ce n’est jamais sa faute. Sa collègue Carole n’en
peut plus. Le mois dernier, elle se souvient lui avoir donné toutes les
informations nécessaires afin qu’il complète sa portion dans un dossier qu’ils
ont en commun.

Bien que Carole lui ait montré le courriel qu’elle lui
a envoyé, Alexandre continue de nier en prétextant qu’il ne l’a jamais reçu et
en affirmant que Carole aurait dû s’assurer qu’il avait bien reçu les
informations qu’elle dit lui avoir envoyées. Il ne se tient donc pas responsable
du retard de ce dossier. C’est plutôt à elle d’endosser cette responsabilité.
Ce genre de situation se produit régulièrement depuis deux ans et Carole est
au bout du rouleau. Sa patronne qualifie la situation de conflit de
personnalités, alors qu’en réalité il s’agit sans contredit d’un cas de
mauvaise foi.

Pourquoi la patronne de Carole
croit-elle qu’il s’agit d’un conflit de personnalités? En fait, Carole a trop
tardé avant de se confier à sa patronne et lorsqu’elle a fini par le faire,
elle était devenue trop émotive pour être crédible aux yeux de sa patronne. C’est
souvent très difficile de détecter la mauvaise foi comme étant à l’origine d’un
conflit quand celui-ci est rendu à un stade aussi avancé. La patronne de Carole
s’est donc basée sur les faits au moment où Carole a dénoncé le problème et,
comme personne avant Carole ne s’était plaint d’Alexandre, elle a conclu à un
simple conflit de personnalités.

Exercée sur une période prolongée, la mauvaise foi déstabilise
en profondeur et finit par faire perdre confiance à la personne qui la subit. Les
victimes de mauvaise foi se sentent tassées, éliminées, niées. Cela peut
devenir très souffrant à la longue, car elles perdent leurs repères. Existe-t-il
une façon de contrer la mauvaise foi? Doit-on passer cette attitude sous
silence ou réagir? Cela dépend du contexte et de l’impact qu’a la mauvaise foi
sur vous.

Si bien peu de choses peuvent être faites contre la
mauvaise foi de quelqu’un, le silence, une distance psychologique, la dérision
et l’humour fonctionnent généralement assez bien. La dernière chose à faire est
d’entrer dans un combat destiné à faire avouer à tout prix à l’autre qu’il ment
ou qu’il a tort. Vous ne gagnerez jamais une telle bataille! La personne de
mauvaise foi s’attache à son mensonge comme on protège sa vie. Pour l’amener à
se démasquer elle-même, vous avez intérêt à être un fin stratège! La dérision
et l’humour arrivent cependant assez souvent à déstabiliser l’imposteur.

En conclusion, dès que l’on suspecte
que l’autre est de mauvaise foi, il faut prendre du recul pour évaluer l’impact
que cela a ou que cela pourrait avoir sur nous. Si l’impact est minime,
respirer à fond et éviter de vous embarquer dans un combat dans lequel vous ne
sortirez de toute façon pas vainqueur. Si cela vous démange de remettre l’imposteur
à sa place, demandez-vous si vous tenteriez de convaincre un poisson rouge de
cesser de tourner en rond dans son bocal. Si la réponse est négative,
contentez-vous de garder le silence ou de tourner le mensonge en dérision.

Si le climat se détériore et que
cela influe sur votre motivation ou la qualité de votre travail, ne tardez pas
à en parler à une personne de confiance ou qualifiée pour traiter ce genre de
problème. Il est très important, lorsque nous avons affaire à une personne de mauvaise
foi d’éviter de laisser toute trace de conversation qui sort du cadre du
travail ou de mettre par écrit des reproches qu’elle pourrait vouloir utiliser contre vous. Méfiez-vous et assurez-vous de tout mettre vos échanges avec
cette personne par écrit.

Pour contrer la mauvaise foi d’un
collègue ou d’un employé, il faut le confronter à des éléments factuels et
replacer les éléments dans leur contexte. Plus vous avez de preuves, mieux vous
pourrez recadrer cette personne et l’obliger à faire un pas en arrière, à
défaut d’admettre ses torts. Soyez très précis : donnez-lui le jour et l’heure des faits, si vous en êtes capable. Rappelez-lui ce qui s’est dit entre vous ou
entre son collègue et lui. Ne lui laissez aucune échappatoire. Dans un cas
comme dans l’autre, il faut se faire suffisamment confiance pour éviter de
croire qu’on se fait de fausses idées. Il est très rare que notre instinct ou
nos émotions nous trompent au point de nous faire croire à tort que nous sommes
victimes de mauvaise foi.