Allait-on pouvoir transporter sur nos scènes une telle production d’envergure sans en perdre une parcelle de son rythme contagieux, de sa puissance culturelle et anti-ségrégationniste. Mais oui! Le défi était de taille mais Denise Filiatrault metteur en scène dynamique et son équipe de concepteurs ont réussi le tour de force de soulever les spectateurs, même si la trame des années 60 n’a plus guère cours de nos jours, quoique, dans certaines parties des États-Unis, on a encore peine à mêler les Noirs et les Blancs.
L’histoire se déroule dans l’ambiance festive des années soixante, alors que tout était possible. Mais voici que Tracy, une adolescente plutôt bien en chair et en forme, souhaite danser à l’émission de télévision la plus populaire de Baltimore, celle de Corny Collins. Mais elle est plutôt grassette, tandis que les portes s’ouvrent plutôt aux minces. Elle remportera le concours, et après avoir aboli par la force des choses les préjugés contre les grassettes, elle abolira une autre barrière et profitera de sa nouvelle notoriété pour lutter contre la ségrégation qui sévit alors.
Un pari hautement réussi, sur des chorégraphies étonnantes, vives et hautes en couleur, des chansons énergiquement rendues, sur des rythmes endiablés et des décors qui valent bien ceux de de la Grosse Pomme ou de L.A. où l’édition originale a d’abord triomphé avant de faire le tour de la planète, comme toutes les grandes productions américaines.
DES ARTISTES DE PREMIER PLAN
Denise Filiatrault a réuni dans Hairspray des artistes à son image: dynamiques, polyvalents, énergiques, capables de rendre une texte éclatant, d’interpréter une chanson et de danser en même temps. Il le fallait bien pour cette comédie musicale qui a remporté un Tony Award et un Grammy Award grâce à Marc Shaiman qui en a fait l’adaptation musicale, paroles et musique.
La brochette d’artistes triés sur le volet que l’on a applaudis au Théâre St-Denis comprend notamment Louis champagne qui se met dans la peau d’une femme pour interpréter le rôle d’Edna Turnbald, mère de Tracy, dont le rôle est tenu par Vanessa Duchel. Tous deux ont été applaudis à tout rompre. Vanessa a fait partie de la la cuvée Star Académie 2009.
UN STANDING OVATION POUR GARDY FURY
Mais il ne faut souligner les acrobaties du danseur – auteur compositeur interprète à ses heures – qui a des allures de Michael Jackson, en danse. Des prouesses à répétition. Dans le rôle du danseur Seaweed J. Stubbs, Gardy Fury a épaté la galerie à tel point qu’il a reçu un standing ovation à la fin de son numéro. Les Québécois sont tellement racistes qu’ils ont réservé un standing ovation à un autre Noir, même si certains Blancs de souche (!!!) en méritaient aussi. Je déconne certes mais ils le méritaient vraiment.
Et cette Kim Richardson. Quelle voix! Rien de surprenant à ce qu’elle ait partagé la scène avec les plus grands, dont Céline Dion, Paul Anka, Barry White, Roch Voisine, Isabelle Boulay ou encore Gregory Charles.
Danièle Lorain est convaincante dans son rôle de gardienne de prison et que dire de la petite Inez, rôle tenu par Aiza Ntibarikure. Sylvain Scott n’est pas un nouveau venu lui non plus, on l’a vu dans La mélodie du bonheur. Cette fois, le voici dans le rôle de Wilbur Turnblad, le père de Tracy. Inutile de tous les nommer, puisque Hairspray réunit une kyrielle de chanteurs danseurs qui nous épatent et qui font qu’à la fin, encore une fois, c’est un standing ovation de plusieurs minutes. Un pari réussi que Hairspray, qui va sûrement inspirer Juste pour rire à répéter l’exploit. À l’affiche jusqu’à la mi-juillet au St-Denis. Des supplémentaires sont à prévoir.
STARS À PROFUSION
France Castel avait revêtu ses plus beaux atours pour cette première. On a aussi croisé Danielle Ouimet, la directrice de casting au cinéma Hélène Rousse, la jeune comédienne Catherine Gendreau, l’incontournable Guylaine Tremblay, Mario St-Amand, Stéphane Maestro, manitou de LaMetropole.com, Mathieu Lorain, Mélanie Maynard, Pierrette Robitaille, Joanie Rochette, une championne mondiale de patinage de fantaisie, Amélie Veille, et même l’ancien Cynique Marc Laurendeau, sans oublier Luc Guérin, Élisabeth Chouvalidzé, Gilbert Rozon, président de Juste pour rire, Caroline Dhavernas, Émily Bégin et Brigitte Boisjoli, qui fait beaucoup parler d’elle – en bien – depuis quelque temps. Une première réussie et une comédie qui devrait faire le tour de la belle province, et pourquoi pas, se trouver une niche outre-mer. Nos artistes font le poids, tout comme… Tracy!