SOLLICITATION
Dans un très bref point de presse, vendredi à 8h30 à l’hôtel de ville de Laval, le maire Duplessis avait répété n’avoir jamais «reçu» de services sexuels de la part de prostituées. Mais devant les questions répétées des journalistes quant à la sollicitation de tels services, il avait fini par laisser tomber qu’il n’avait pas sollicité de services sexuels, avant de se reprendre dans la même phrase pour dire qu’il n’en avait pas reçus. «Je n’ai jamais sollicité, je n’ai jamais rien reçu, rien à caractère sexuel», avait-il dit.
Les journalistes avaient tenté en vain d’obtenir des précisions sur les circonstances de l’événement; M. Duplessis avait répété la même phrase, à savoir qu’il n’avait jamais «reçu» de services sexuels, peu importe la question qui était lancée. Selon ce qui a filtré jusqu’ici mais qui n’a pas été confirmé de source policière, une prostituée et sa conductrice se seraient rendues au chalet du maire dans les Laurentides à la mi-juin. L’une d’entre elles aurait reconnu le maire, qui les aurait finalement renvoyées sans aller plus loin.
Selon la plainte d’extorsion de M. Duplessis à la Sûreté du Québec, elles auraient redemandé de l’argent en le menaçant de dévoiler publiquement l’affaire.
MENACES D’EXTORSION
Devant les caméras vendredi matin, M. Duplessis avait réitéré que c’est lui qui avait porté plainte à la police pour extorsion. «J’ai reçu des menaces d’extorsion; je ne démissionnerai pas sur des menaces d’extorsion», avait-il martelé. Après cette déclaration toutefois, M. Duplessis devait notamment rencontrer les autres conseillers municipaux à Laval, et il semble que la pression soit devenue trop forte et l’ait fait changer d’idée.
Il s’était posé en victime, affirmant que depuis les nombreux scandales qui ont ébranlé la ville de Laval, notamment à la Commission Charbonneau, les élus étaient soumis aux invectives, aux insultes de certains citoyens. «J’ai reçu dans les dernières semaines, les derniers mois, des messages haineux, des messages insidieux, certaines menaces. Une infime partie des messages que j’ai reçus avaient ce caractère-là. Je ne suis pas le seul à en avoir reçus, d’autres élus ont aussi eu ce type de messages-là de la population», avait-il raconté.
«Dernièrement, il y a quelques semaines, j’ai eu un message un peu plus important, un peu plus insidieux, à répétition, qui me visait personnellement sur des allégations. J’ai immédiatement contacté les services policiers», avait-il rapporté.
Il était passé rapidement sur la suite des événements, ne confirmant ni n’infirmant rien, se bornant à ajouter «donc, il y a eu enquête et il y a eu arrestation(s)». Le maire était très nerveux, ses mains tremblaient sur le lutrin. Il n’a répondu qu’à quelques questions avant de s’esquiver.
NOUVEAU MAIRE PAR INTÉRIM
La Ville de Laval a déjà été mise en tutelle par le gouvernement du Québec et les fonctions que le maire Duplessis ou son éventuel successeur peut encore exercer sont très limitées.
M. Duplessis a aussi été montré du doigt devant la Commission Charbonneau par l’ancien représentant officiel du parti PRO des Lavallois, Jean Bertrand, pour avoir servi de prête-nom pour le financement de son parti. Il versait une contribution financière à son parti par chèque, qui lui était ensuite remboursée en argent comptant, avait affirmé Me Bertrand devant la commission.
La Ville de Laval a fait savoir vendredi après-midi que les membres actuels du conseil municipal seront appelés à élire un nouveau maire par intérim pour tenir le fort jusqu’aux élections du 3 novembre prochain. Le greffier élaborera le calendrier des élections dès la semaine prochaine.
Fait à noter, Me Bertrand avait soutenu que la presque totalité des conseillers municipaux de Laval, à l’exception de trois, avaient eu recours au stratagème des prête-noms pour financer leur parti PRO des Lavallois.
VITE UN MAIRE, DIT GAUDREAULT
Le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a dit souhaiter, par voie de communiqué, «que le poste de maire soit pourvu rapidement afin de maintenir la prestation de services aux citoyens d’ici aux prochaines élections municipales». Il a souligné qu’en vertu de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, les conseillers municipaux doivent, dans les 30 jours suivant l’avis de vacance au poste de maire, élire l’un d’entre eux à ce poste.
L’opposition à Laval a exprimé sa satisfaction de voir le maire par intérim démissionner finalement, lui qui a succédé au maire Gilles Vaillancourt qui avait également démissionné. Ce dernier fait face à des accusations de gangstérisme et fraude, notamment. «C’est une décision vraiment logique et responsable. Il n’avait plus le choix. Il a perdu la confiance de son caucus et des Lavallois», a opiné David De Cotis, du Mouvement lavallois, en entrevue.
M. De Cotis trouve «vraiment inutile» d’élire un autre maire par intérim parmi les conseillers actuels, à quelques mois des élections. «Laval est sous tutelle. Il y a des personnes compétentes qui gèrent la ville de Laval, alors on n’a pas besoin d’un autre maire élu pour lui donner une autre prime de départ au mois de novembre», a commenté M. De Cotis.
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