Vivre une immersion culturelle significative
et riche en sens, qu’est-ce cela signifie ? Faut-il partir loin? Partir
longtemps ? Être coupé de son monde, de sa réalité et plongé totalement
dans une nouvelle culture ? Bien sûr, cela peut s’avérer être une
expérience unique. Mais faire le choix d’un voyage de courte durée n’empêche
pas la rencontre culturelle. J’ai vécu des expériences bouleversantes,
troublantes ou dépaysantes en quelques heures ou en quelques jours. En voici
une.
UN PEU D’HISTOIRE
Les Garifunas sont issus d’un métissage entre
l’Afrique et les Caraïbes : des esclaves africains évadés et des
populations autochtones des Caraïbes. Ce sont les seuls noirs du continent
américain à ne pas avoir connu l’esclavage. Dans leur langue, Garifuna signifie
« mangeurs de manioc ». La langue garifuna prend ses origines dans un
idiome amérindien de la grande famille arawak.
L’histoire débute en 1635 quand des navires
négriers font naufrage au large de l’île Saint-Vincent. Des esclaves réussissent
à s’échapper et sont rescapés par des arawaks des Caraïbes. Des mariages entre
les africains et les arawaks (caraïbes rouges) ont lieu et ils donnent
naissance à des caraïbes noirs. Les caraïbes noirs ou Garifunas issus du
métissage, ont adopté la culture, le mode de vie et la langue des caraïbes
rouges.
Les Garifunas sont réputés être de bons
guerriers. Ils ont résisté en effet pendant un temps à la colonisation
britannique mais ont été déportés en 1796 sur l’île de Roatan. Plus de la
moitié des Garifunas ont péri pendant le voyage. Ils sont restés sur Roatan
pendant une dizaine d’années et se sont ensuite dispersés à
travers l’Amérique centrale. Les Garifunas vivent aujourd’hui au Honduras
et au Belize mais aussi au Guatemala et au Nicaragua.
LES ENDROITS AU HONDURAS OÙ J’AI FAIT LA RENCONTRE DE
GARIFUNAS
PRÈS DE TELA
Tela est
une municipalité côtière du Honduras. Elle se trouve dans le nord de la rive
atlantique du pays, baignée par la mer des Caraïbes. Son nom proviendrait de
Triunfo de la Cruz, qui se serait simplifié avec le temps. Wikipédia
Il existe plusieurs communautés Garifunas aux
alentours de Tela : d’ouest en est Rio Tinto, Miami, Tornabe, San Juan, La
Ensenada et enfin Triunfo de la Cruz.
Triunfo
de la Cruz
J’ai entendu parler de Miguel par un nouvel
ami hondurien de Tela. Miguel est français, habite le Honduras depuis 1995 dans
un village garifuna; il a marié une femme
garifuna et de ce mariage sont nés 5 enfants franco-honduriens. Il a
fondé Coco Tours et offre des séjours et expériences en dehors des sentiers
battus et authentiques au Honduras.
Je ne suis pas normalement pas une grande fan
des tours organisés mais je contacte tout de même Miguel qui se montre très à
l’écoute et m’assure que tous ses tours sont faits en petits groupes et dans le
plus grand respect de la population locale. Il nous fait visiter
« son » village. Triunfo de la Cruz, situé à environ 5 km de Tela est
là où il habite et cela fait donc de lui un excellent guide. Il ne s’est pas
lassé de répondre à mes nombreuses questions.
Nous avons eu droit à un spectacle tout en
musique, par des enfants qui apprennent la percussion dès le plus jeune âge. Je
vous ai joint un vidéo de ce spectacle qui nous a tous fait craquer tellement
ces petits bouts de chou étaient charmants.
Miami
Imaginez une lisière de terre, entre la mer et
la lagune. Quelques huttes traditionnelles avec toit en chaume, sans eau
courante, sans électricité… Libres de toute influence extérieure, ils vivent de
la pêche. C’est ça Miami… On dit de Miami que c’est un village typique
Garifuna. Mais les Garifunas habitent surtout à Tornabe et techniquement, Miami
est habité par des « ladinos », des métissés (indigènes et
européens).
DANS LES ENVIRONS DE LA CEIBA
Cayos
Cochinos
Je manque de mots pour vous décrire la beauté
de ce paradis turquoise. Cayos Cochinos, classé monument national marin est
constitué de deux petites îles, Cayo Major et Cayo Menor et d’une douzaine
d’îlots minuscules. Situé à environ 30 km au nord de la Ceiba, cet archipel est
accessible seulement par bateau.
Aucune route, aucune voiture, aucun vélo. Les
deux petites îles surnommées Chachahuate et Chachahuate
2 sont habitées par des Garifunas. Chachahuate signifie « jumelle » dans la langue
garifuna. On peut marcher d’une île à une autre en ayant de l’eau à la hauteur
des genoux. Et pour vous donner une idée de la grandeur d’une des îles, elles
se traverse en approximativement… en une vingtaine de pas !
La plongée et le snorkeling sont magnifiques à Cayos
Cochinos.
Il est possible de passer la nuit sur Chachahuate.
Expérience authentique, dans une autre dimension; on se croit carrément à
l’autre bout du monde.
LES TOP 3 DE MES EXPÉRIENCES CULINAIRES CHEZ LES GARIFUNAS
Le tapado, une spécialité garifuna, dégusté
dans un minuscule restaurant en bordure de mer. C’est une soupe à base de
fruits de mer et de lait de coco. Un délice.
Les gâteaux à la noix de coco ! Tellement
que j’en ai fait une provision en quittant Triunfo de la Cruz!
Un soir de panne de courant à Tela, à la
chandelle, j’ai découvert le gifiti. Gifiti dans la langue garifuna, signifie
« amer ». C’est un mélange d’herbes organiques et de racines avec du
rhum qui a de multiples vertus médicinales. Célèbre à cause de son processus de
brassage par le peuple garifuna qui l’appelle aussi la médecine de l’amour…
Peut-être parce qu’il guérit supposément l’impuissance ou parce que la majorité
des Garifunas ont été conçus grâce à ce fameux breuvage… Qui sait…
CE QUI M’A MARQUÉE
Les Garifunas font évidemment l’objet de
curiosité car ils vivent encore des produits de la pêche, de leurs activités
artisanales de musique et de danse.
Le mélange… Les Garifunas sont l’exemple parfait d’un
mélange culturel, duquel métissage est né leur couleur propre. La musique, la danse
et la langue des Garifunas ont été proclamées « Patrimoine Culturel
immatériel de l’humanité » par l’UNESCO en 2001. Les
Garifunas sont très attachés à leur culture dont ils retirent une grande
fierté ! Pourquoi sont-ils aussi attachés à leur culture ? Milton
Castillo, directeur du groupe « Nuevo Amanecer » répond que cette
préservation culturelle est nécessaire afin que personne ne leur en invente une
autre.
Cette culture, avec ses multiples origines, c’est la leur et ils
en sont terriblement fiers. Comme quoi, quand on mélange, on bonifie.
Le temps… Faire une immersion dans un village Garifuna
nous apprend à adopter un autre tempo. Le rythme est lent ; on y apprend
la patience. J’y ai vu des enfants attendre le poisson pendant des heures et
des heures. Ici, dans notre culture, nous n’attendons pas. Attendre est une
perte de temps. Notre temps est comme une denrée rare. Il peut être gaspillé,
dépensé, perdu…
S’intérioriser… On y apprend aussi à être avec soi-même. Ce
temps, ici, qui est rempli à connecter, à communiquer et à socialiser, là-bas,
une fois le soleil couché et pas d’électricité prend un tout autre sens.
A NE PAS MANQUER
Le Baja Mar Garifuna festival qui a lieu
chaque année entre le 9 et le 24 juillet. Les membres de trois douzaines de
communautés Garifunas se rassemblent et vous donnent la meilleure occasion de vivre
la culture, la musique et la danse garifunas. Baja Mar est située sur la côte
Nord du Honduras à l’ouest de Tela.
POUR VIVRE UNE IMMERSION
Garifonda appuie les communautés Garifunas et
offre des voyages solidaires. J’ai vu à l’œuvre à Triunfo de la Cruz un projet
de maisons faites en bouteilles de plastiques recyclés qui sont construites
pour des familles dans le besoin.
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