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Adieu hÉlÈne loiselle

Dès l’annonce de son décès, les réactions de ses camarades de théâtre n’ont pas manqué, que ce soit Gilles Pelletier, Monique Mercure ou Michel Tremblay, dont elle appréciait son œuvre pour la véracité de ses personnages. Tous ont salué unanimement la grandeur exceptionnelle de cette comédienne qui pouvait tout jouer, excellente autant dans la comédie que le drame. Au Téléjournal de Radio-Canada, Michel Tremblay a rappelé des moments de À toi pour toujours ta Marie Lou, où à un moment elle déclamait une réplique avec une telle exaltation qu’il croyait qu’encore un peu plus et qu’elle allait s’envoler.

DÉBUTS AVEC LES COMPAGNONS DE SAINT-LAURENT

Dans les années quarante elle commencera par prendre des cours privés avec entre autres Charlotte Boisjoli et François Rozet. En 1945 elle fait son entrée chez les Compagnons de Saint-Laurent du Père Émile Legault. Elle jouera tous les rôles classiques qui se présentaient à elle. C’est là qu’elle va faire la rencontre de l’amour de sa vie le comédien Lionel Villeneuve. Aussitôt formé, le couple s’envolera vers la capitale française. Paris, pour les artistes québécois de cette époque, représentait un bol d’oxygène en comparaison de la grande noirceur qui sévissait au niveau des idées chez nous, la province étant sous l’emprise religieuse.

Quand elle reviendra au Québec elle sera des premiers téléthéâtres à la télévision de Radio-Canada. On n’oubliera pas de sitôt les sorcières qu’elle a campé dans Fanfreluche, et qui tenaient les petit bouts de choux bien assis sur leur fauteuil.

DES PRÉSENCES MARQUÉES AU CINÉMA QUÉBÉCOIS

En comparaison du théâtre qui était sa vie, elle sera moins présente au cinéma. Mais chaque fois qu’elle apparaissait dans un rôle au grand écran, elle prenait tout l’espace avec sa voix de mezzo et son intensité. Qu’on se souvienne des Ordres de Michel Brault ou de Mon oncle Antoine, de Claude Jutras. En 1968 elle sera de la distribution de la pièce culte dans l’œuvre de Michel Tremblay. Elle incarne alors la snob du groupe de collectionneuses de timbres. Sur un plan personnel elle aura la douleur de voir disparaître son frère Hubert, également comédien, qui finira sa vie de façon tragique. Mais elle sera très discrète sur ce pan de sa vie privée. C’est toujours le théâtre qui l’emporte dans ces moments plus sombres et pour lequel elle dispensera son savoir en devenant professeur à l’Option théâtre du cégep Lionel-Groulx.

Le gouvernement du Québec lui décernera le prix Denise-Pelletier, soulignant l’ensemble de sa carrière. La colonie artistique et ses admirateurs sont en deuil, maintenant qu’elle a tiré sa dernière révérence.