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Candidat À la mairie de montrÉal : marcel cÔtÉ, l’Ère de l’intÉgritÉ?

Les observateurs disent qu’il sera celui qui talonnera Denis Coderre au cours de la campagne électorale. Il serait le candidat poussé par le milieu des affaires. S’il est en effet quelqu’un d’éminemment respecté dans le monde du business, il est un parfait inconnu pour la majorité de la population. Il a donc intérêt à se faire connaître de la multitude. Il m’a donné rendez-vous dans un restaurant branché du quartier des multimédias. L’ayant précédé à l’heure convenue, je croyais le voir arriver dans une bagnole à la hauteur de son statut financier.

Il aurait, dit-on, quelques centaines de milliers de dollars de plus dans son folio que vous et moi. Mais non. C’est en bicyclette qu’il surgit avec un grand sourire. « Je demeure pas trop loin et j’aime bien faire du vélo ». Ah! On ne le connaissait pas avec des préoccupations écologiques. Et rapidement on entre dans le vif du sujet. Je fais le constat qu’il n’a pas, à proprement parler, fondé de parti, se contentant d’un patchwork avec des candidats venant de tous les horizons comme Louise Harel, de Vision Montréal, et Marvin Rotrand qui était, il y a quelques mois encore, avec Union Montréal.

« Non, ce n’est pas un patchwork. Je n’avais pas le temps, d’une part,
de former un parti et de l’autre, il y avait d’excellents candidats
disponibles qui connaissent bien la ville. Le problème de Gérald
Tremblay, c’est qu’il avait fait l’erreur de ne travailler qu’avec la
moitié de la ville. Moi j’ai dans mon équipe des fédéralistes autant que
des souverainistes, des gens de l’Est comme de l’Ouest. Au fond je suis
très libéral au niveau des idées. C’est tous ensemble qu’on va gagner.
» 

Oui mais un Marvin Rotrand, grand ami de Michael Applebaum,
ça ne regarde pas bien.  « C’est que vous ne le connaissez pas. Il n’est
d’ailleurs pas convaincu de la culpabilité d’Applebaum. C’est un homme
de gauche, immensément connu dans son arrondissement. Et il est très
sincère dans es engagements ».  De même, les électeurs anglophones et
les allophones de l’Ouest de la ville sauront faire abstraction de la
présence de Louise Harel d’allégeance souverainiste? Monsieur Côté croit
qu’ils sauront faire la part des choses et apprécier la femme engagée
qu’elle est.

POUR LES TAXES IL RÉCLAME DU TEMPS

Il est marié depuis 40 ans et file le parfait bonheur avec sa femme qui s’est préoccupée, dans un premier temps, pour la charge de travail et les responsabilités, et qui va attendre son mari. Puis elle s’est ravisée. Lui ne s’en fait pas trop. C’est comme un nouveau challenge de vie. Cet ancien universitaire passé aux affaires a un gros défi mais ça ne lui fait pas peur. Il donne l’air de quelqu’un qui veut gérer la ville en bon père de famille. On a parlé de l’anglicisation de la ville. Il réitère sa foi en un Montréal où le français demeure essentiel. « Le français constitue une identité fondamentale. D’un autre côté, je considère que les Montréalais ont réussi depuis longtemps, et de façon harmonieuse, l’intégration des immigrants. D’ailleurs, les statistiques nous montrent que les jeunes anglophones parlent davantage le français, c’est encourageant. Et puis la loi 101 fonctionne. » 

Puis on a abordé la question du lourd fardeau fiscal. Un gel des taxes ou une baisse de celles-ci, si jamais il remporte la mairie? « Honnêtement je ne connais pas en profondeur les dossiers. Il va me falloir une bonne année pour savoir ce qu’il y a lieu de faire. Si tu gèles les taxes, tu dois geler aussi les dépenses. Les politiciens ne sont pas forts sur l’entretien des infrastructures. Ils inaugurent pleins de choses, mais après ils laissent les choses se délabrer. C’est ce qui est arrivé avec l’échangeur Turcot et le métro. Comme maire je veux que les citoyens en aient pour leur argent ».

LA PROPRETÉ EST UNE PRIORITÉ

Est-ce l’enseignant qu’il fut? Toujours est-il qu’il croit que la question de la propreté passe par l’éducation, l’information. « Écoutez, je ne demeure pas très loin d’un campus universitaire. Autour de chez moi il y a plein d’immeubles où viennent s’installer des étudiants de passage, qui ne se donnent même pas la peine de s’informer quelle est la journée de la cueillette des déchets. Avec le résultat fâcheux qu’ils déposent leurs rebuts sur le trottoir une journée après la journée de ramassage.  Des mouettes, des pigeons et des chats viennent ensuite ouvrir les sacs verts et tout traîne dans nos rues et sur les trottoirs. Je veux que de l’information soit distribuée partout pour que l’on soit au courant des usages. » 

Et les itinérants, Monsieur Côté? « C’est un problème sérieux. Je trouve qu’on ne s’en occupe pas. Remarquez que beaucoup ne veulent pas aller vivre en institution. Malheureusement il faut s’habituer à cette réalité urbaine. Par contre il faudrait voir à retirer de la circulation ceux qui se montrent trop agressifs. »



IL EST CONTRE LES TRAMWAYS

S’il prend la bicyclette, il prend aussi les transports publics. Dans ses projets il souhaite l’expansion de la ligne bleue du métro jusqu’à Pie IX. Et il ne veut pas de tramways. Ça défigure la chaussée, d’après ce que j’ai pu comprendre. Cet urbain avant tout imagine Montréal avec des artères commerciales attrayantes et des commerces variés. « Je veux des rues conviviales où il fait bon vivre. »  Je lui fais part de la fermeture de l’hôtel Delta centre-ville, qui n’a rien de rassurant pour l’avenir touristique. Il ne semble pas inquiéter outre-mesure « C’était un hôtel à problèmes avec des dénominations successives. Ils avaient de gros pépins de gestion. » 

Et au chapitre de la sûreté de nos rues, comment voit-il les choses? « Steven Pinker a mené une étude qui montre que globalement la violence dans le monde est en déclin. Et ça se reflète aussi à Montréal. »  On a enlevé les bacs à déchets sur les quais de métro, de crainte d’attentats. Lui qui préconise la propreté, a-t-il une solution? » « Il faudrait prendre l’exemple du métro parisien où on a installé, le long des murs, des cerceaux au milieu desquels pendent des sacs transparents. Ce qui permet de pouvoir mieux identifier un colis suspect. »

UN HOMME DÉTENDU

Même s’il a sauté dans la mêlée de manière in extremis, il semble dans son élément. On se souviendra que lors de l’annonce officielle de sa candidature, il avait réuni autour de lui sur la tribune des noms réputés du monde des affaires, dont Caroline Néron. Si son réseau joue à plein, il lui reviendra de faire sortir le vote. L’homme n’est pas nerveux, pas une miette. Il semble s’amuser énormément de ce qui lui arrive. Il fait penser à ce sage de l’Antiquité nommé Diogène, qui désespérait de trouver l’homme honnête. Dommage qu’il soit mort quelques siècles trop tôt. Qui sait ? Après l’ère de corruption, Marcel Côté annonce-t-il celle de l’intégrité?

MARCEL CÔTÉ