Devenir membre

«mon job, c’est de faire rouler la shop»

Il nous reçoit dans le bureau qui était celui de Jean Drapeau. Impressionnant. D’autant plus que ce collectionneur de toutes sortes d’artefacts sur l’histoire de Montréal me fait voir une photo de l’ex-maire Camillien Houde, qui occupait non seulement le même bureau, mais le même mobilier. Passant aux choses sérieuses, je lui souligne que lorsque Michael Applebaum avait été désigné maire intérimaire comme lui, le commentateur Jean Lapierre avait rappelé à quel point ce mandat était sans pouvoirs, sinon de s’assurer de la collecte des ordures et du déneigement.

Laurent Blanchard commente : «C’était un peu réducteur. La Ville de Montréal, ce n’est pas un gouvernement mais une administration qui alloue énormément de contrats. Mon job c’est de m’assurer de faire rouler la shop». Monsieur le maire a une bouille sympathique. Sans doute parce qu’il est conseiller d’un quartier populaire, Hochelaga-Maisonneuve, sous la bannière Vision Montréal. Ne lui parlez pas de la nouvelle appellation branchée HoMa, comme on dit SoHo. «C’est trop snob», se limite-t-il à répondre. C’est un gars du peuple, comme son père, qui fut éditeur de journaux de quartiers. «On est shooté à l’encre». L’espace manque pour faire défiler toutes ses implications dans ce quartier de l’Est de la Ville. Mais retenons une longue expérience du côté des journaux régionaux.

BLANC COMME NEIGE

Laurent Blanchard, qui connaît très bien les médias, sait qu’il y en a qui ne pensent qu’à déterrer des histoires sordides. Mais lui se dit heureux d’être sur la scène publique, blanc comme neige. «Même à l’école primaire j’étais premier de classe, comme en fait foi un article de l’Actualité de 1959», dit-il en riant, prévenant les journalistes qui, a défaut de scandales, chercheraient à en faire un cancre en classe. «Dans le mandat qui est le mien, c’est certain que je ne peux pas élaborer de projets visionnaires. Mais je dois m’assurer de la pérennité de la bonne administration.»  Et il reconnaît à Gérald Tremblay d’avoir œuvré pour la transparence au niveau des décisions de la Ville.

«Il a été aussi un rare maire à voir à la qualité des infrastructures. Cela lui a peut-être nuit, car la réfection des égouts, entre nous, ce n’est pas très vendeur en politique.»  Et là-dessus, concernant l’affaissement de la chaussée à l’angle des rues Guy et Sainte-Catherine au début du mois d’août, il se fait rassurant en rappelant que 82 % du réseau souterrain a fait l’objet d’inspections et est sécuritaire. Même s’il occupera si peu de temps le fauteuil de maire, peut-il laisser sa marque à tout le moins, en faisant le ménage, afin que la collusion ne se reproduise plus?

«Je crois sincèrement qu’on ne revivra plus ce qu’on a connu. Car maintenant il y a des contre-pouvoirs qui n’existaient pas. Les séances du comité exécutif sont maintenant rendues publiques et nous procédons à l’analyse sérieuse des contrats à l’interne. On peut voir les mauvaises choses par le bout de la lorgnette, mais il faut voir aussi ce qui se fait de bien. Certains disent que ça va mal à Montréal. Ce ne doit pas être si mal que ça, puisque de 2008 à 2012, pour le seul arrondissement de Ville-Marie, la valeur des permis de construction a été à  hauteur de 3,2 G$ venant des investisseurs.»

Il VEUT SERVIR HOCHELAGA-MAISONNEUVE

Quand on lui demande ce qui l’attend pour la prochaine élection : «Je veux me représenter dans Hochelaga-Maisonneuve. De toute façon j’ai jusqu’au 4 octobre pour décider de la tournure que ça prendra. Reste que l’essentiel est de travailler dans mon quartier. J’ai une préférence pour une administration municipale en mode coalition, ce qui garantit une surveillance plus étroite du pouvoir municipal». Laurent Blanchard coupe court car c’est lui qui, ce soir, doit préparer le repas familial. Un homme terre à terre, je vous dis, et proche de son monde. La shop roule bien.