« Quand on pense au Canada, on pense aux droits de la personne. Nous nous attendons à ce que le Canada joue un rôle spécial sur ce plan. » — George Sabra, président du Conseil national syrien, avant une conférence à Montréal M. Sabra est de passage à Montréal ce week-end, première étape d’un voyage en sol canadien durant lequel il rencontrera des Canado-Syriens. Il visitera aussi Toronto et Ottawa. Il a également l’intention de discuter avec le ministre des Affaires étrangères, John Baird, au cours des prochains jours.
LE CANADA INQUIET
M. Baird a affirmé, vendredi, que la voie politique demeurait le meilleur moyen de résoudre la crise syrienne, tout en soulignant l’existence de preuves « accablantes » de l’utilisation d’armes chimiques contre des civils en Syrie. Son porte-parole, Rick Roth, a réitéré ces propos samedi, ajoutant que le Canada appuyait pleinement l’ONU, qui souhaite enquêter le plus rapidement possible sur les allégations.
Par ailleurs, le premier ministre Stephen Harper a discuté au téléphone samedi avec le premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande au sujet de la situation en Syrie. Selon des fonctionnaires du bureau de M. Harper, les trois leaders ont partagé leurs inquiétudes quant aux allégations d’utilisation d’armes chimiques contre des civils par le régime Assad. Le gouvernement syrien a nié en bloc ces accusations et a rejeté le blâme sur les forces rebelles.
UNE ATTAQUE AMÉRICAINE ENVENIMERAIT LA SITUATION
Le gouvernement syrien a accusé les rebelles, samedi, d’avoir utilisé des armes chimiques et a demandé aux États-Unis de ne pas lancer d’opération militaire contre Damas en raison des allégations d’attaques chimiques, car cela mettrait le feu aux poudres au Proche-Orient.
Au moment où le gouvernement blâme les rebelles, Médecins sans frontières affirme que 355 personnes sont mortes après l’attaque chimique alléguée survenue mercredi dans une banlieue de Damas, à Ghouta.
La Syrie est liée par des alliances avec l’Iran, le Hezbollah au Liban et des groupes militants palestiniens. L’Israël, un pays ennemi de longue date, également allié des États-Unis, borde aussi le pays. Cela rend imprévisibles les conséquences d’une attaque militaire américaine. Les violences en Syrie ont déjà débordé au Liban, en Turquie, en Irak et sur le plateau du Golan, au cours de l’an dernier. Des combattants du Hezbollah se sont joints aux troupes de Bachar el-Assad.
Selon des informations révélées vendredi, le président américain Barack Obama aurait demandé des options militaires au Pentagone pour réagir aux présumées attaques chimiques. Des navires américains se rapprochent de la Syrie sur demande du président. Les autorités de la Défense ont affirmé à l’Associated Press que la Marine avait envoyé un quatrième navire de guerre armé de missiles balistiques dans l’est de la Méditerrannée. Aucun ordre de tirer n’a été donné. Ces informations ont été partagées sous le couvert de l’anonymat.
M. Obama a insisté sur le fait qu’une intervention rapide en Syrie était problématique, étant donné les considérations internationales que soulève une attaque militaire. Selon la Maison Blanche, le président devrait rencontrer l’équipe de sécurité nationale samedi pour établir les possibles prochaines actions des États-Unis. Les autorités soutiennent qu’une fois que les faits sur l’attaque de mercredi matin seront établis, Barack Obama décidera de la marche à suivre.
Le ministre de l’Information de la Syrie, Omran el-Zoubi, a discrédité la possibilité d’une attaque américaine. Il prévient qu’une telle stratégie risque d’attiser les violences dans la région. « La répercussion fondamentale serait une flambée de la violence qui toucherait non seulement la Syrie, mais tout le Proche-Orient, a affirmé M. al-Zoubi au réseau libanais Al-Mayadeen TV. Une attaque sur la Syrie serait loin d’être facile. »
L’IRAN DU MÊME AVIS
L’Iran est du même avis. Le porte-parole du ministre des Affaires étrangères a prévenu qu’une intervention militaire des États-Unis en Syrie allait « compliquer les choses ». « Envoyer des navires de guerre ne résoudra pas les problèmes, mais envenimera la situation », a affirmé Abbas Arakji à la télé iranienne TV Al-Alam. Il a ajouté que de telles opérations n’étaient pas soutenues par la communauté internationale et que l’Iran « rejette les solutions militaires ».
En France, Médecins sans frontières affirme que trois hôpitaux qu’il soutient dans l’est de Damas ont admis environ 3600 patients présentant des « symptômes neurotoxiques » en moins de trois heures mercredi matin, après l’attaque présumée. Ils confirment la mort de 355 d’entre eux.