Devant des représentants des médias avides de l’entendre après plusieurs jours de silence, M. Boisclair a rappelé que la subvention en question était conditionnelle à l’approbation des crédits par le gouvernement suivant (les libéraux de Jean Charest), et que la date d’envoi de la lettre confirmant l’admissibilité du projet à un financement, en 2003, précédait de trois ans la date alléguée de l’infiltration de l’entreprise Paul Sauvé par les Hells Angels.
M. Boisclair, visiblement fatigué, a dit refuser de laisser M. Duscheneau « tenter de détruire sa réputation », et a donné le feu vert pour que des procédures judiciaires soient entamées contre le député caquiste, son chef et sa formation politique. Il n’a pas répondu aux questions des journalistes.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le député libéral Robert Poëti, porte-parole de l’opposition en matière de sécurité publique, a soutenu que la première ministre Pauline Marois devait assumer ses responsabilités et « prendre le relais à des questions essentielles auxquelles il (M. Boisclair) aurait dû répondre mais auxquelles elle doit répondre ».
« Que M. Boisclair se cache derrière des poursuites civiles sur une attaque qui selon lui est personnelle, c’est une chose », a-t-il avancé, avant de répéter que Mme Marois devait répondre aux questions qui touche son propre parti par souci de transparence.
Après avoir soulevé de présumés liens entre M. Boisclair et la Fédération des travailleurs du Québec sur lesquels M. Poëti aimerait obtenir des réponses, le député libéral s’est aussi interrogé sur le fait que la poursuite civile intentée par M. Boisclair empêche quiconque de commenter.
« (La poursuite), c’était la meilleure façon pour certaines personnes du Parti québécois de museler les gens qui pourraient parler dans ce dossier-là, parce que tout le monde va se cacher derrière les poursuites judiciaires. Comme les policiers disent quand il y a une enquête en cours: on ne peut pas parler. Donc, ni la CAQ, ni la première ministre ne va commenter? Ça m’embête un peu. »
Quant au député de Québec solidaire Amir Khadir, il a affirmé que les faits allégués « nous éloignent de l’essentiel ».
« L’essentiel, c’est jusqu’à quand, comme société, devons-nous tolérer des vieux partis dont le système de financement est gangrené? Le contrôle que certains milieux d’affaires, dont les pratiques sont douteuses, ont sur ces partis-là font en sorte que les orientations et décisions qu’ils prennent ne sont pas dans l’intérêt public, mais dans celui d’une petite minorité très puissante, économiquement déjà très avantagée », a-t-il confié à La Presse Canadienne.
« Le financement (des partis) par le secteur privé n’explique pas seulement quelques contrats; ça explique toute une série d’orientations depuis 20 ans », a-t-il soutenu.