« La réalisation de ce projet nous force, en quelque sorte, à nous éveiller collectivement à une réalité qui était presque tabou », a déclaré ce dernier. L’ouverture de cette section du cimetière permettra d’offrir gratuitement à toutes les familles touchées par un tel drame un lieu de sépulture digne leur permettant de se recueillir et de faire leur deuil dans la sérénité. Elle fait suite à l’ouverture d’un site de même vocation par l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont en 2012.
« La venue d’un bébé porte tous les espoirs de la vie. On l’attend, on l’espère et on se projette dans un avenir qu’on imagine heureux et plein de promesses. Puis, le destin frappe, l’espoir se brise et la tragédie occupe toute la place. Ce scénario est tellement contre nature qu’on refuse d’y croire. Pourtant, c’est bien la réalité qui éprouve cruellement la mère et la famille. Notre rôle, comme établissement de santé, est de soigner le corps, mais aussi de prendre soin de l’âme. Je pense que le deuil qui frappe les parents d’enfants décédés très jeunes est très profond et qu’il doit être vécu correctement. L’espace dédié au recueillement que nous inaugurons aujourd’hui au Cimetière de Laval aidera les familles à mieux vivre cette épreuve », a déclaré Mme Caroline Barbir, directrice générale du CSSS de Laval.
UN BEAU GESTE D’IMPLICATION SOCIALE
Même décédé à la naissance ou quelques jours plus tard, un enfant demeure un enfant, tout spécialement aux yeux de ses parents, d’où la nécessité d’accompagner ces derniers avec la plus grande humanité.
« Imaginez, vous vous apprêtez à célébrer une naissance et vous sortez de l’hôpital assommé, en devant au contraire organiser des funérailles… C’est à ce moment critique que nous intervenons. Nous prenons en charge le bébé, nous le préparons et nous fournissons le contenant d’inhumation, le lieu de sépulture, ainsi que la plaque et la gravure. C’est autant de soucis en moins pour les proches », a résumé Michel Gignac, directeur chez Magnus Poirier.
« Magnus Poirier est une entreprise familiale de cinquième génération qui a toujours jugé important de s’impliquer dans la communauté et, depuis sa fondation, le Cimetière de Laval s’est lui aussi fait un devoir de s’engager socialement. Ces situations déchirantes nous touchent, surtout quand il s’agit d’une jeune famille qui n’a pas nécessairement les moyens d’offrir un lieu de repos adéquat à sa progéniture », a expliqué Isabelle Poirier, vice-présidente ressources humaines chez Magnus Poirier.
LE TÉMOIGNAGE D’UNE MÈRE ÉPROUVÉE
Martine Joly, infirmière au CSSS de Laval, qui a perdu un bébé en 2012 dans des circonstances extrêmement douloureuses, assure qu’elle aurait bien aimé pouvoir bénéficier d’un tel soutien.
« Nous tenions à accompagner notre petite fille jusqu’au bout. À l’époque, nous avons dû nous occuper de toutes les démarches funéraires nous-mêmes. C’est extrêmement difficile à vivre quand on est sous le choc, anéanti par la douleur. Je crois que le fait d’avoir un lieu pour se recueillir représente un véritable baume pour les familles qui ressentent le besoin de célébrer le petit ange qui n’a fait que passer. C’est différent pour chaque personne, bien sûr, mais si on avait pu bénéficier d’un tel service, cela nous aurait bien aidés, nous et son grand frère, à surmonter cette épreuve », a raconté Mme Joly.
À l’occasion de l’inauguration du terrain du CSSS de Laval, deux monuments ont été dévoilés, dont une magnifique sculpture à l’entrée. Il est déjà prévu que deux autres centres hospitaliers auront bientôt leur propre section réservée aux bébés décédés au Cimetière de Laval.
CSSS DE LAVAL