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Maestro denis coderre, chef d’orchestre de montrÉal

Dans quelques jours il sera assermenté comme 44e maire de l’histoire de Montréal. Il a déjà choisi le bureau qu’occupaient deux de ses illustres prédécesseurs, Camillien Houde et Jean Drapeau. Inspirant, deux maires bâtisseurs. Quand je l’ai rencontré c’était le lendemain même de sa victoire. Le rendez-vous avait été pris à 16h, le lundi, dans le hall de TVA. Une rencontre difficile à établir, vu que tous les médias se l’arrachaient. C’est grâce à l’habileté de son attachée de presse Isabelle Perreault que nous avons pu obtenir ces précieuses minutes à travers un emploi du temps démentiel.

Le nouveau maire est arrivé à l’heure. J’ai observé qu’il se fait un point d’honneur d’être à temps à ses rendez-vous. L’homme a seulement deux heures de sommeil dans le corps et malgré tout, est frais comme une rose. Jugez vous-même par les photos. Il n’a pas les yeux cernés. Décidément, la politique il en mange. « J’ai très peu dormi mais c’est pas grave. Moi je me dis que ce métier est plein de noblesse quand il est mis au service de la population ».

DES GRANDES VISIONS AUX PETITES AFFAIRES

Je lui ai rapporté que le maire par intérim, Laurent Blanchard, me disait à quel point il se passionnait pour tout ce qui fait le train-train d’une ville, cueillette des ordures, nids de poule, etc. Des petites affaires pas trop glamour, on en conviendra. Sera-t-il aussi intéressé par ces trucs-là, ou il se voit en grand visionnaire? « Je pense qu’il faut être capable de faire les deux. Maintenant, pour la gestion au quotidien, les arrondissements doivent jouer leur rôle. Mais je regarderai tout ça de très près. Il faut être des élus, et moi le premier, de proximité. C’est ce à quoi s’attend la population ».

IL PRÉVOYAIT CE RÉSULTAT

Un reporter de Radio-Canada qui couvrait la campagne prétendait qu’on était très nerveux dans le clan Coderre, durant les derniers jours qui ont précédé le scrutin. Il était dans le champ, car le vainqueur savait déjà comment les choses allaient se conclure. « J’ai été étonné de voir qu’il n’y avait pas eu de grands sondages de publiés de la veille. Mais avec nos pointages, on voyait très bien comment ça se présentait. De sorte que je n’ai pas été surpris. » Je l’ai souvent entendu dire qu’à l’Hôtel de Ville on ne se trouvait pas en face d’un gouvernement. Pourtant il y a bien une expression consacrée qui dit bien « gouvernement municipal ».

Pourquoi dit-il alors que le conseil municipal n’est pas un gouvernement? Une précision, Monsieur le maire. « C’est un ordre de gouvernement, mais ce que je veux surtout vous dire, c’est que ce n’est pas un parlement. Il faut qu’il y ait chez tous les élus une solidarité envers la métropole. J’ai toujours dit qu’il n’y aurait pas ligne de parti. »

SES AMIS LES CHAUFFEURS DE TAXI

On sait que parmi les éléments qui ont permis cette victoire, il y a eu son approche avec les chauffeurs de taxis. « Je suis allé les voir, d’ailleurs, à l’aéroport Pierre-Eliott Trudeau, à l’embarcadère où la majorité se retrouve pour cueillir les clients. Je leur ai demandé leur appui. Ce que je leur ai dit c’est que je suis favorable à ce que les taxis puissent utiliser aussi la voie réservée aux navettes 747 de la STM. Ce qui ferait bien leur affaire, d’après ce que j’ai compris. » Mais en habile stratège, il savait que les chauffeurs de taxis en voient, du monde, dans une semaine. Imaginez-les faire votre réclame. Ça n’a pas de prix.

L’IMPORTANCE DE LA REPRÉSENTATION

Denis Coderre, puisqu’il parle tant de proximité, est le premier à admettre l’aspect primordial des relations publiques dans le cadre de sa fonction. « C’est essentiel parce qu’on est ambassadeur de la Ville. Et c’est d’encourager les gens. Un peu comme un coach qui va chercher l’étincelle dans l’œil d’un de ses joueurs. » Puis il a été question des fameux 100 premiers jours pour lesquels les gens ont tellement d’attentes. Quelle sera sa ou ses priorités? « Sans hésitation la lutte à la corruption. C’est pourquoi je veux m’atteler le plus tôt possible à la création de ce poste d’inspecteur général, qui sera un agent du conseil de ville, mais totalement indépendant et avec des pouvoirs étendus pouvant même aller jusqu’à intenter des accusations au criminel. »

Et on apprenait le surlendemain que Québec, effectivement, approuvait la création de ce poste. Car toute modification à la charte de la Ville doit obtenir l’aval du ministère des Affaires municipales. La voie est donc ouverte pour cette nomination à laquelle il tenait mordicus parmi ses promesses de campagne électorale.

IL ÉVITE LE CYNISME

Avec un si peu fort taux de participation au scrutin, il y a le danger que les politiciens, voyant le désintérêt des gens pour ce qui est de la chose municipale, se mettent à jouer d’indifférence à l’égard des citoyens. Coderre ne mange pas de cette poutine. « C’est certain qu’on souhaiterait davantage d’implication des gens. Mais je peux vous assurer que nous allons être au service du citoyen. Il est souhaitable que les gens s’impliquent. Je n’ai pas été atteint par le cynisme. » Je lui ai ensuite demandé s’il serait sans doute plus confortable de rallier d’autres conseillers des autres bannières ou d’indépendants afin qu’ils joignent ceux de sa formation pour constituer une majorité. « On examine ce scénario. Mais moi je veux le consensus, pas le confort. Et c’est pourquoi je veux qu’on travaille tous dans le même but, celui de servir. Je suis le maire de tous les Montréalais. »

DU PAIN SUR LA PLANCHE

Mme Coderre a dû déjà se faire à l’idée qu’elle ne verra pas beaucoup son mari. Car bien qu’il ait été ministre fédéral, ça n’a rien à voir avec le fait d’être maire. Car vous avez tous les dossiers du monde sur votre bureau, allant du transport en commun à la police, l’itinérance, l’environnement, le développement immobilier, les infrastructures, les syndicats, le pacte fiscal pour aller chercher plus d’argent ailleurs que dans nos poches et quoi encore. Voici d’ailleurs les défis qui l’attendent : le déficit des pensions des employés municipaux, retenir les familles sur l’île, raffermir la communication et la transparence des informations livrées aux citoyens, désengorger le flux automobile à l’heure de pointe, préserver le fait français à Montréal et quoi encore.

Fait curieux, un peu plus tôt, le maire donnait son premier point de presse dans le hall de l’Hôtel de Ville. À la mezzanine surplombant le hall, le personnel administratif s’était accoudé, qui écoutait le nouveau grand patron. Je me disais, ceux-là s’inquiètent sans doute pour leur job. La question lui a été posée et il a voulu se faire rassurant. « On va s’asseoir et se parler. » Deux mots résument le style qu’il veut imprégner tout au long de son règne de maire, « proximité et écoute ».

On spécule déjà : sera-t-il le pendant pour Montréal de ce qu’est le maire Labeaume à Québec? Il n’en a rien à cirer. Il sera surtout Denis Coderre. Et comme chef d’orchestre, les musiciens sont mieux d’ajuster leurs instruments, car un orchestre, ça se mène quand même un peu à la baguette. C’est ce qui manquait à Montréal. On ne va pas s’ennuyer.

POURQUOI CODERRE

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