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6 univers, 6 contes… une soirÉe rÉussie

Pour leur 21e année, les contes urbains ont eu droit à une cure de jeunesse. Six auteurs émergents ont mis à profit leur talent pour créer l’édition 2013.  Six univers, une multitude de thèmes abordés et ce même esprit de Noël qui les lie entre eux. Ces histoires sont l’occasion d’une rencontre entre un auteur et un comédien. Chaque auteur choisit et dirige son comédien. Stéphane Jacques assure la mise en contes et, au besoin, la direction d’acteurs.

La pièce débute avec Rachel Graton vêtue telle une reine des neiges. Elle nous annonce candidement qu’elle se nomme Madame Renard et qu’elle est notre mère. S’ensuit une histoire de renards, d’un renard en particulier qui survit à sa progéniture, qui vit des centaines d’années, qui devient amoureux, qui procréée et qui meurt. Un conte fantastique qui nous fait voyager dans l’univers de son auteur, Julie-Anne Ranger-Beauregard.

On pense alors que ce premier conte donne le ton à cette soirée de contes urbains, mais il n’en est rien. Après cet univers fantaisiste, on revient dans la réalité, dans le « ici et maintenant » avec Saucisse bacon de Martin Bellemare. Une rencontre avec son père décédé et un message texte de sa copine ont tellement ébranlé le comédien, Hubert Proulx, qu’il décide de se livrer. Si le but d’un conte est de parler directement au spectateur et de faire fit du quatrième mur, Hubert Proulx est désarmant de naturel avec ce dialogue à sens unique.


Hubert Proulx. Photo de courtoisie, par Urbi et Orbi.

La première partie du spectacle est couronnée par le conte de Rébecca Déraspe, La crucifixion. Selon moi, le clou du spectacle. Catherine Trudeau est magnifique en mère rongée par la culpabilité et effrayée par le regard des autres. La culpabilité parentale nous est présentée sous un angle humoristique et ironique où les sentiments sont exacerbés pour notre plus grand bonheur.

Après l’entracte, on reprend le spectacle avec un extrait de la chanson It’s raining men jouée au piano et chanter par Viviane Audet. La chanson nous est livrée sur une note plutôt triste et introduit bien le conte d’Olivier Sylvestre Le No-Pain réveillon. Hubert Lemire nous raconte avec beaucoup de sensibilité cette histoire de déception amoureuse; il est et restera le colloque de Luc et non son amoureux.

Par la suite, Mathieu Gosselin nous amène en plein milieu d’un réveillon de Noël où son personnage déclarera la guerre à une fillette de 6 ans homophobe. Le texte de Sébastien David, Ruby pleine de marde,   aborde de front les sujets de l’homophobie et de notre rapport à la religion.

On termine ce réveillon théâtral avec un décompte de fin d’année. Un décompte où nous sommes tous seuls ensemble. Dans un monde où la solitude est de plus en plus présente et dans lequel nos rideaux coûtent quatre-vingt-neuf dollars et notre tapis deux cent. Dans ce monde où on oublie vite, où on ne se rappelle pas assez, où on donne trop d’importance à certaines choses et pas assez à d’autres. Ce monde nous est décrit par la plume d’Annick Lefebvre avec Ce qui dépasse et interprété par Marie-Ève Milot.

La liaison entre ces différents univers est assurée par les intermèdes musicaux de Viviane Audet et Robin-Joël Cool. La musique est parfois classique, parfois folklorique, joyeuse ou triste et toujours pertinente. Bref, une belle soirée bien remplie. Seul petit bémol, j’aurais enlevé quelques minutes à chacun des contes de ce spectacle d’une durée de 2h30 avec entracte.

THÉÂTRE LA LICORNE