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« vies de plateau » À la pointe

Cette exposition est réalisée sous la direction générale de Francine Lelièvre et l’expertise des historiens Paul-André Linteau et Jean-Claude Robert. Cette exposition, intitulée « Vies de Plateau », présente les dimensions architecturales, environnementales, politiques et artistiques ainsi que les œuvres littéraires, architecturales, théâtrales et cinématographiques de ce quartier et recèle des découvertes et des surprises.  

Le magnifique Parc Laurier était, au début du 20e siècle, un dépotoir entouré de carrières de pierre grise, la pierre de Montréal. Difficile d’imaginer cette époque où le Plateau était un quartier populaire mal famé. Les gens évitaient de mentionner qu’ils habitent le Plateau. Les « bobos » du Plateau d’aujourd’hui vont en « échapper » leurs cappuccinos!    Le Plateau!, criaient les conducteurs d’autobus dès 1938 à son arrêt du parc La Fontaine. Ce cri retentissant a finalement été reconnu par la Ville comme nom du quartier en… 1971. 

L’architecture typique de Montréal s’y est aussi développée: l’escalier extérieur si caractéristique de l’espace urbain de Montréal. Cette invention utilitaire vers 1900 pour donner davantage d’espace aux propriétaires qui occupaient souvent le rez-de-chaussée a provoqué des inquiétudes au clergé qui voyait là l’occasion de regards furtifs et d’intimité violée! Des escaliers extérieurs, trop souvent couverts de glace et de neige, symbolisent de façon éloquente, le refus des Québécois d’accepter la nordicité de leur pays. Le Plateau rêve à l’Europe avec ses terrasses souvent chauffées et ses vélos toutes saisons. Ce caractère européen a attiré les communautés grecques (La Petite Athènes), portugais, et aujourd’hui des milliers de jeunes Français qui en font un Petit Paris! Le Plateau, ce méconnu, se révèle aussi par ses ruelles « salles et transversales », comme disait le chansonnier George D’Or, maintenant vertes depuis 1997.  

Le Plateau a vu naître des personnalités marquantes de l’histoire du Québec. Mentionnons Phineas et Stanley Bagg, hommes d’affaires; Léa Roback, féministe; Mgr Ignace Bourget, évêque; Camilien Houde, maire, Joseph Schubert, travailliste et Gérard Godin, poète et politicien.

Lieu de création et de créateurs, mentionnons Jacob Segal, poète Yiddish; Samuel Gesser, folkloriste;  Émile Nelligan, poète; Leonard Cohen, poète et chanteur et Paul-Émile Borduas. Le célèbre peintre Borduas reçoit, à partir de 1941, ses étudiants et amis à son atelier de la rue de Mentana : Jean-Paul Riopelle, Marcel Barbeau, Fernand Leduc, Claude Gauvreau, Françoise Sullivan et Jean-Paul Mousseau, tous signataires du Refus global de 1948. Ainsi, des œuvres originales de Riopelle, Borduas et Barbeau sont présentées dans l’exposition. L’art religieux est aussi remarquable. Mentionnons L’Étoile de Bethléem et Le Jugement dernier d’Olindo Gratton (1885-1941). La tradition continue et le célèbre sculpteur Armand Vaillancourt, par exemple, vit sur le Plateau et prépare notamment une œuvre monumentale en hommage posthume au syndicaliste Michel Chartrand. La création aujourd’hui est souvent numérique et le géant français Ubisoft a choisi d’établir ses pénates dans le Mile End, quartier du Plateau.


Seconde exposition des Automatistes. Sur la photo : Marcel Barbeau, Pierre Gauvreau, Madeleine Arbour, Paul-Émile Borduas et Claude Gauvreau. Fonds Maurice Perron, Musée national des Beaux-Arts du Québec, © Fonds Maurice Perron

Côté théâtre c’est aussi sur le Plateau, en 1968, qu’est présentée pour la première fois au Rideau-Vert la pièce de Michel Tremblay, Les Belles-Sœurs. Autre moment fort de notre histoire culturelle : L’Osstidcho a été monté par Yvon Deschamps, Robert Charlebois, Louise Forestier et Mouffe. Et la danse est réinventée à l’édifice Balfour, coin Saint-Laurent et Prince Arthur, par Louise Lecavalier, Édouard Lock et La La Human Steps, Margie Gillis, et Marie Chouinard. Finalement les films Eldorado, Léolo, L’eau chaud, l’eau frette; et Duddy Kravitz  présentent des scènes du Plateau.

Je vous invite à ce voyage dans l’histoire d’un quartier au tissu urbain éclaté et métissé devenu chef de file des luttes pour les progrès sociaux, l’économie sociale et la protection de l’environnement.

POINTE-À-CALLIÈRE