Puis Johnny, il s’est jamais trop trop caché qu’il prenait des pots-de-vin, là », affirme M. Bolduc.
« De qui? » lui a demandé M. Arsenault.
« La façon que je peux comprendre que ça puisse se faire, c’est qu’il dit ’écoute je fais passer le dossier au conseil, pis une fois que l’autorisation est faite, l’argent est investi pour faire le développement X, mais toi, le développeur Y, tu me donnes ma part », a résumé M. Bolduc à M. Arsenault.
M. Bolduc raconte ensuite que c’est dans ce contexte que Richard Marion, ancien pdg de la SOLIM, aurait été congédié par Jean Lavallée, président du c.a., parce qu’il était au courant de la situation délicate.
« Quand Johnny a vu que l’autre, il pouvait utiliser ça comme levier, bien il l’a câlissé dehors. Johnny, là, il n’est pas blanc comme neige », conclut M. Bolduc.
Devant la commission, le principal intéressé a vigoureusement nié avoir touché le moindre pot-de-vin. « J’ai jamais accepté un sou noir de pot-de-vin à nulle part. Puis j’ai été honnête toute ma vie », a-t-il lancé sur un ton outré.
Il s’en est même pris à la commission qui a laissé dire de telles choses. « Faites les enquêtes que vous voulez. La police viendra vérifier toutes mes affaires. J’ai jamais pris un sou noir de personne. Tout le monde bave sur moi, c’est des coups de Jarnac, puis c’est des vengeances que ces gens-là ont », a-t-il tonné.
Il a souligné le fait qu’il possédait des immeubles à logements et avait travaillé toute sa vie, comme sa femme, pour bénéficier du revenu dont il dispose aujourd’hui.
AMIS DU PQ ET ’’ DEAL ’’
Les procureurs du Parti québécois, Estelle Tremblay, et du Parti libéral du Québec, Félix Rhéaume, ont tour à tour tenté d’en savoir davantage concernant les extraits d’écoute électronique entendus ces derniers jours et qui portaient sur les liens entre le PQ et la FTQ et un « deal » qui aurait été conclu avec Claude Blanchet, ex-président du Fonds de solidarité et conjoint de l’actuelle première ministre Pauline Marois.
Dans un de ces extraits, Michel Arsenault et M. Lavallée envisagent de faire appel à leurs « amis du PQ » pour tenter d’éviter la tenue d’une commission d’enquête « sur les syndicats ». M. Arsenault y mentionne qu’il a un « deal » avec Claude Blanchet.
Me Estelle Tremblay a carrément demandé à M. Lavallée s’il avait voulu « faire chanter » Mme Marois avec un investissement qui avait été fait par le fonds dans Capital BLF, une entreprise dans laquelle son mari est engagé. « Non madame », a tonné le témoin. Il a assuré qu’il n’avait jamais voulu nuire au PQ, un parti pour lequel son épouse a déjà travaillé.
M. Lavallée a convenu qu’il lui arrivait de « parler en l’air ». « J’ai dit des choses que j’aurais peut-être pas dû dire. »
M. Lavallée a aussi confirmé que Capital BLF avait bénéficié d’un placement de 2 999 999 $ et qu’ »en bas de 3 millions $ tu n’as pas à l’amener au Fonds de solidarité, uniquement à la SOLIM ».
Le témoin a aussi affirmé à l’avocat du PLQ qu’il ne visait « personne en particulier » quand il parlait des « amis du PQ », que le terme « amis » était alors pris généralement.
Les deux avocats ont aussi tenté d’en savoir davantage sur la conversation du 9 mars 2009 entre Michel Arsenault et Élaine Zakaïb concernant les dossiers qui auraient été bloqués lorsqu’ils émanaient d’entrepreneurs concurrents de Tony Accurso en vain.
M. Lavallée a confirmé que les dossiers des entrepreneurs étaient vérifiés, par exemple pour savoir s’ils respectaient les questions de santé et sécurité au travail, mais « c’était pas pour bloquer personne », a-t-il martelé.
M. Lavallée a aussi précisé qu’il a quitté la FTQ avec une prime de départ de 447 000 $, après 38 années de service.
Son témoignage est maintenant terminé. Un nouveau témoin sera entendu lundi; la commission n’a pas voulu encore l’identifier.