L’ancien président du Fonds de solidarité FTQ et de la Société générale de financement réagissait pour la première fois aux allégations voulant qu’il ait pu exister un « deal » entre lui et le Fonds de solidarité FTQ, en particulier avec son bras immobilier, la Solim, au moment où le Parti québécois devait prendre position sur la nécessité de tenir une commission d’enquête sur l’industrie de la construction.
Claude Blanchet nie avoir été au centre d’un trafic d’influence visant sa conjointe Pauline Marois, alors chef de l’opposition officielle.
LE « DEAL »
Dans un enregistrement effectué par la police et diffusé à la commission Charbonneau, l’ex-président de la FTQ, Michel Arsenault, parlait d’un « deal » passé avec Claude Blanchet, qui a dirigé le Fonds de solidarité FTQ de 1983 à 1997.
« S’ils veulent faire une enquête sur les syndicats, va falloir que tous les deux on s’assoie, pis parler à nos amis du PQ », disaitt Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-Construction, à Michel Arsenault dans la conversation enregistrée du 20 avril 2009. « Faut pas que le PQ embarque dans ça à cause que s’ils embarquent dans ça, ils vont se faire ramasser eux aussi », ajoutait-il. M. Arsenault répliquait alors : « Ben, ils sont mal pris en ostie, parce qu’on a un deal avec Blanchet. »
Dans son témoignage à la commission Chabonneau, Michel Arsenault qu’il n’avait évoqué la possibilité de se servir de ce levier que lors d’une séance de « brainstorming », avant de finalement y renoncer.
Cette expression a soulevé toutes sortes de questions à l’Assemblée nationale. S’agissait-il d’un deal financier ou encore d’un deal avec M. Blanchet pour qu’il convainque sa femme de ne pas réclamer de commission d’enquête sur l’industrie de la construction? En demandant à Pauline Marois de s’expliquer, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ancien ministre et député péquiste, avait même suggéré de faire comparaître Claude Blanchet en commission parlementaire.
Au coeur de l’affaire se trouve aussi Capital BLF, entreprise dont Claude Blanchet a abandonné la direction après l’accession de Pauline Marois au pouvoir, en 2012. Le fils de la première ministre a aussi participé à la gestion de Capital BLF.
En décembre dernier, Claude Blanchet a également abandonné la présidence du conseil d’administration de l’entreprise, un mois après que Radio-Canada eut révélé que l’ex-président du conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ Michel Arsenault avait participé à des rencontres privées avec Pauline Marois, alors dans l’opposition, à une époque où le Fonds avait investi dans Capital BLF.
Le frère de Pauline Marois, qui était également impliqué dans Capital BLF, a vendu l’ensemble de ses participations dans l’entreprise.
Dans le communiqué de vendredi, M. Blanchet fait état des transactions qui le lient à Capital BLF, financé en partie par la Solim, le bras immobilier de la FTQ :
Il dit avoir acheté un premier lot d’action le 10 avril 2007, 15 mois avant que la Solim ne s’y implique. La deuxième transaction de Claude Blanchet a été réalisée le 31 mars 2008, au coût de 30 ¢ par action. Trois mois plus tard, le 9 juillet 2008, la Solim achetait des actions de Capital BLF au même prix, soit 30 ¢ par action, alors, souligne M. Blanchet, que « le Parti québécois ne formait ni le gouvernement, ni l’opposition officielle à l’Assemblée nationale ». Le PQ avait en effet été relégué au statut de deuxième groupe d’opposition, derrière l’Action démocratique du Québec, lors des élections générales de mars 2007. Il allait reprendre son statut d’opposition officielle en décembre 2008.
Le 18 décembre 2009, la Solim se procurait d’autres actions de Capital BLF, au même moment que Claude Blanchet et au même prix de 7,5 ¢ par action. Cela survenait trois mois après que le PQ eut exigé la tenue d’une commission d’enquête, souligne M. Blanchet. La FTQ s’opposait à la tenue de cette commission.
Claude Blanchet a assuré vendredi qu’en « aucun temps il n’a bénéficié de conditions d’achat plus favorables des actions de Capital BLF que celles qui prévalaient sur le marché. Les transactions ont été faites dans les règles de l’art et selon les règles et les conditions applicables ».
M. Blanchet a affirmé qu’il ne ferait pas d’autres commentaires. Il ne semble pas vouloir poursuivre les personnes qui ont, selon lui, tenu des propos diffamatoires à son endroit.
Source: Radio-Canada