Tout comme on laissait entendre durant la campagne à une remontée spectaculaire de la Coalition Avenir Québec. Ils ont gagné touts juste quatre nouveaux députés. Par contre, au vu du pourcentage, ils voisinent le Parti québécois qui a mangé toute une claque. Et le point culminant a été la défaite humiliante de Pauline Marois dans son propre comté de Charlevoix-Côte-de-Beaupré par 892 voix aux mains d’une illustre inconnue, la libérale Caroline Simard, à sa première expérience en politique. Quelle histoire!
La cheffe péquiste n’avait d’autre choix que de remettre sa démission ce qu’elle a fait dans son discours de fin de soirée. De leur côté les analystes sont allés plus loin en remettant ouvertement en question la viabilité d’un parti prônant encore la souveraineté, dont les québécois ne veulent plus, le message a été on ne peut plus clair.
COUILLARD DEVRA LUTTER CONTRE DES FANTÔMES
Malgré sa victoire éclatante, Philippe Couillard n’aura pas pour autant la partie facile. Car rien n’a été mis au grand jour des actes de collusions et de corruptions que l’on prête à sa formation du temps du règne de Jean Charest. Et ses propres relations avec Arthur Porter sur qui pèse des accusations de fraude, n’ont pas été totalement éclaircies. Il ne faut pas oublier que la Commission Charbonneau reprend ses activités en abordant précisément la question du financement des partis politiques.
Et il y a dans l’air un dossier accablant monté par l’UPAC qui mettrait en cause onze noms de libéraux qui auraient trempés dans des manœuvres illégales. Il y a peut-être des députés actuels qui étaient en poste sous Charest et qui pourraient être éclaboussés, qui sait? C’est pourquoi il est incontestable que loin d’aller de l’avant avec son programme électoral, le nouveau premier ministre va passer les quatre prochaines années à défendre l’intégrité de son parti. Ensuite, les libéraux qui étaient d’accord avec une hausse de 20% des tarifs d’Hydro-Québec iront sans doute de l’avant, au grand désespoir des usagers qui n’ont pas gobé l’actuelle hausse de 4,3%.
LA DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Ensuite, la défense de la langue française sera secondaire étant donné que dans la philosophie libérale les immigrants sont une composante de la mosaïque québécoise peu importe la langue parlée. Ne parler que l’hindi ne pose aucun problème au nouveau gouvernement. Les défenseurs de la langue de Molière auront fort à faire.
GAÉTAN BARRETTE À LA SANTÉ ?
Bien des voix se sont exprimées qui sont gênées par le fait que le nouveau député Gaétan Barrette pourrait occuper sans attendre le poste de ministre de la santé, lui qui vient de garnir ses avoirs personnels avec une généreuse prime de départ d’un million, deux cent mille dollars négociée avec son ancien employeur la Fédération des médecins spécialistes. S’il hérite de la Santé on voit mal où il trouvera l’indépendance requise pour s’opposer à ses anciens confrères lorsqu’ils lui réclameront de nouvelles hausses.
Pour calmer le jeu et être davantage éthique, le premier ministre Couillard devrait lui confier un ministère éloigné de son milieu professionnel. Et ce que nous apprenait la députée libérale sortante et défaite de La Pinière, Fatima Houda-Pépin, c’est que le maire de Brossard, à même les deniers publics, a fait parvenir une lettre aux électeurs les enjoignant à voter pour Barrette…
LE SUSPENSE DANS SAINTE-MARIE SAINT-JACQUES
Enfin Manon Massé a récolté le fruit d’un travail de terrain après cinq années d’acharnements. Elle devient la troisième députée de Québec solidaire. Et là encore, toute une surprise. C’était un comté péquiste depuis des lustres. Et voici qu’au lieu que la lutte se fasse entre le péquiste Daniel Breton et Manon Massé, ça été avec la libérale Anna Klisko!
Madame Marois s’est montrée très digne dans la défaite, rappelant l’importance d’aimer le Québec, sa langue et ses valeurs. On voyait que sa défaite crève-cœur était loin de faire partie du scénario initial. Mais elle l’aura cherchée. Sa campagne pourtant partie sur des chapeaux de roues s’est enlisée dans le sable mouvant du référendum. Et durant les dix-huit mois au pouvoir, elle aurait pu réaliser des choses concrètes sans avoir besoin d’une majorité, telle une lutte acharnée contre le fléau de l’intimidation dans nos écoles et surtout un gel des tarifs d’Hydro-Québec. Sa hausse décrétée qui a pris effet en pleine campagne électorale lui aura été fatale.
LA CAQ, À LA PROCHAINE?
Un peu comme ça été pour le début de campagne électorale qui prédisait l’anéantissement presque total de la Coalition Avenir Québec suivi finalement par une remontée inattendue, il en a été de même pour l’évolution de la soirée électorale qui débutait très mal, puis qui a pris un envol avec quatre députés en plus. Un score honorable. Il faut dire que ce parti demeure relativement jeune et que tout n’est pas joué. Qu’arrivera t-il pour le gouvernement libéral au terme de son mandat de quatre ans? De tels scandales que ça laissera toute la place à la CAQ de prendre d’assaut le pouvoir? D’autant que le Parti québécois sera empêtré par des luttes intestines qui va l’affaiblir considérablement.
PIERRE-KARL PÉLADEAU GÊNEUR?
Les observateurs n’ont pas aimé que les Bernard Drainville, Jean-François Lisée et Pierre-Karl Péladeau, se servent de la tribune, juste avant le discours de défaite de Mme Marois, pour en filigrane faire un peu leur promotion personnelle. Comme si la course au leadership était commencée avant même que le leader péquiste ait fait connaître sa démission. Mais on imagine déjà la situation inconfortable d’un Pierre-Karl Péladeau, radical nationaliste dont le fameux poing en l’air appelant de tous ses vœux un pays, aura précipité la chute de son parti. Comment sera-t-il accueilli par les militants péquistes dans l’éventualité de sa candidature au poste de chef de parti? A suivre.
LES QUÉBÉCOIS FONT DU SUR PLACE
C’est indéniable qu’en accordant la faveur aux libéraux avec une si écrasante majorité, les québécois sont condamnés à faire du sur place. D’abord pour la raison invoquée plus haut que Philippe Couillard passera son temps à se dépêtrer de l’aura scandaleuse qui colle à son parti, puis la question de la Charte sur la laïcité sera un vœu pieux qui mourra de sa belle mort. Et la défense de la langue française tant au travail que socialement connaîtra un recul évident. La peur pathologique qu’ont les québécois à décider de leur avenir par leurs propres moyens et ailleurs que dans le cadre de la Confédération trouve ici sa consécration.
Il est loin le jour où l’intérêt pour la souveraineté reprendra du terrain. Est-ce à dire que c’est la mort du projet indépendantiste? Il est sans doute trop tôt pour parler d’enterrement, mais disons que ça regarde mal.
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