Michel chapoutier, le rebelle

Lorsqu’il en avait la moitié moins, il a convaincu son grand-père Marc de lui vendre le domaine contre l’avis de son père Max et son frère Marc. L’entreprise éprouvait des difficultés et il l’a redressée. Avec le temps elle est devenue un succès commercial. Aujourd’hui Michel Chapoutier est une figure incontournable en Côtes du Rhône, louangé par beaucoup, critiqué par d’autres. Pour lui, le terroir se compose de trois éléments: le sol, le climat et les hommes et il ajoute un quatrième, le millésime.

Il critique les producteurs qui essaient de corriger le millésime en l’acidifiant ou en le chaptalisant. Il fait partie de ceux qui affirment que le vin se fait à la vigne et qu’il faut le moins d’intervention possible au chai. D’ailleurs aussi à la vigne il intervient le moins possible puisqu’il pratique la biodynamie. Il a un faible pour les sols granitiques et préfère les vins assemblage parce qu’ils sont plus complexes.

La complexité est la caractéristique essentielle de Chapoutier, autant du vigneron que de ses vins. Pour commencer il produit et commercialise un grand nombre de vins pour chaque millésime. Des vins avec des raisins achetés et des vins dont le raisin pousse dans ses vignes. Il y a les vins d’été et les autres. Suivez le fil d’Ariane pour ne pas vous perdre dans les méandres des Fac & Spera (Fais & Espère), qui est, dit-il, sa devise de famille, et les Sélections parcellaires. En vérité, quoique très discipliné, Michel Chapoutier est un homme libre et artiste dans l’âme. Il produit des vins selon son inspiration, et selon les matières premières dont il dispose chaque année. Toutes ses étiquettes sont en braille. Pour ne pas avoir une grosse tête avec ses succès, il affirme à qui veut l’entendre qu’il adore le champagne au-dessus de tous les vins, et a une société d’importation parce qu’il considère comme un devoir de lutter contre le chauvinisme français.

J’ai dégusté son Côtes du Rhône, Collection Bio 2012, un Fac & Spera d’assemblage fait de Grenache et de Syrah.

Le sol où poussent ces raisins est caillouteux et argilo-calcaire fait de galets roulés. Les raisins sont ramassés à bonne maturité, égrappés et encuvés en cuves de béton. La température est contrôlée pendant la fermentation alcoolique pour conserver les arômes du Grenache et de la Syrah. Il y a ensuite une macération post-fermentaire de 3 semaines. Le vin est élevé en cuves et mis en bouteille à la fin du printemps suivant à la récolte.

La robe est rouge grenat intense. Arômes de violette, de cerise noire douce, de mûre, de myrtille et de cassis. Un deuxième nez dégage des notes de figue sèche, de tabac, de moka et de poivre blanc et de graphite.

En bouche, c’est un vin généreux, puissant et gourmand, pas très acide, mais avec des tanins ronds et gras. On retrouve des notes de réglisse, d’olive noire. Une belle finale, agréable, fruitée et chatoyante. Un vin qui promet une longue garde mais qui est bon à boire dès maintenant.

Disponible à la SAQ, Code 12207025. Prix 21,95$.