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Comment eddy savoie a fait sa fortune

L’actualité nous a appris que le fondateur des Résidences Soleil faisait  maintenant partie du club sélect des milliardaires québécois. Du coup les imaginations se sont enflammées et les spéculations sont allées bon train. La réalité est beaucoup plus simple et a une seule explication, le travail. Eddy Savoie se serait bien passé de tout ce tapage autour de ses avoirs. Non pas qu’il tenait à cacher quoi que ce soit, mais c’est un homme dont les valeurs ont toujours été celles d’une vie basée sur la simplicité.

« Prenez le vin. Des fois on m’offre des bouteilles de grande valeur, sans doute pour m’impressionner. Mais entre vous et moi, il y en a de très bonnes au dépanneur », lance-t-il en riant. Non plus vous ne le verrez courir les mondanités le soir. Tout ce dont il aspire c’est de retrouver son épouse à la maison, qu’il aime comme au premier jour. Si vous voulez savoir le maître-mot qui revient tout au long de la conversation, c’est la famille.


PARTI AVEC RIEN DANS LES POCHES

Au départ, c’est un petit Acadien de 15 ans qui vit dans une famille sans grandes ressources dans un rang du Nouveau-Brunswick. Le père est bûcheron et peine à faire vivre les siens. À 15 ans, le jeune Eddy va quitter le foyer, partant seul pour Montréal. « Et attention, il n’y avait pas de retour possible en arrière. Je n’avais pas de deuxième chance. J’avais une tête, des bras et du cœur ». Il aurait aimé travailler tout de suite dans la construction, mais il n’avait pas seize ans et pas de carte d’accréditation. « Je prenais des petits boulots. Je touchais 35 cents de l’heure. Je me suis donc inscrit à l’école technique, au cours de mécanique du bâtiment, en chauffage et électricité. » À 20 ans il obtiendra sa licence d’entrepreneur. Car s’il a travaillé beaucoup pour les autres dans la construction, il avait le goût de partir sa propre affaire. Il va d’abord prendre des petits contrats de construction, puis se lancera dans le développement domiciliaire avec des plex et des immeubles à revenus.

TOUJOUS ÉVITER DE TROP S’ENDETTER

Quand il est parti de la maison familiale, il avait déjà une tête bien faite, il savait aussi compter. Plus qu’un autre il a compris que « Qui paie ses dettes s’enrichit ». « Quand j’avais mes premiers locataires, s’il y avait des travaux, je n’appelais pas un plombier, je le faisais moi-même. Son épouse lui amenait ses lunchs sur les chantiers. Comme ça je sauvais beaucoup d’argent. Toutes mes résidences, c’est moi qui les ai construites, à bien meilleur coût que si j’avais fait appel à l’extérieur ». Construire et revendre à bon prix, telle est la clé de la réussite. Et ce n’est pas sorcier. Aujourd’hui, les Résidences Soleil, ce sont 14 immeubles, 7000 résidents et 2000 employés.

POURQUOI DES RÉSIDENCES POUR GENS ÂGÉS?

« À un moment donné, j’ai amené mes parents vivre chez moi. Mon père n’était plus en excellente santé. Et c’est là que j’ai pris conscience de la réalité des aînés. » Sa première Résidence Soleil a été celle de Boucherville, qui est toujours son siège social et où il a installé toute sa famille immédiate à des postes de commande. Sa fille Nathalie est maintenant le grand manitou des opérations, tandis que le patriarche, lui, voit plutôt aux projets de développement à long terme. Il lorgne maintenant du côté de l’Ontario. À 71 ans il n’a rien perdu du goût d’entreprendre. On l’a vu dans l’histoire de la saga du Concorde. Mais Québec est une ville à la mentalité fermée, qui a une hostilité historique envers les Montréalais. On fera tout pour qu’un Montréalais ne se sente pas à l’aise, quitte à lui bâtir une réputation. Lise Watier, sur Grande-Allée, a connu le même écueil. Mais pour lui c’est une page tournée. Il a horreur du négatif et a toujours fait le choix de voir le positif en toute chose.

UN HUMANISTE

Eddy Savoie est un croyant. Il a voulu offrir en partant un concept de résidence aux aînés qui leur permet de briser l’isolement. C’est pour ça que chaque immeuble est doté de larges fenestrations, de loisirs, de soins infirmiers, de repas équilibrés. Question de renforcer le sentiment d’appartenance, chaque locataire a son badge aux couleurs des Résidences Soleil. Et au moins une fois par année, le fondateur fait sa tournée pour connaître les besoins. « Je voyais de belles résidences ailleurs, mais il n’y avait pas de services. Et chez nous on peut séjourner avec sa seule pension, qui comprend l’hébergement et les trois repas. C’est, je crois, le minimum vital à offrir à nos gens qui ont bâti le Québec ».

On dit que pour réussir en affaires il faut être impitoyable. Qu’en pense-t-il? « Quand tu as confiance toi, tu peux avoir confiance aux autres. Moi je traite bien mon monde, qui me le rend bien en retour ». Son plus grand bonheur, c’est d’entrer chaque matin au bureau et de travailler entouré des siens. C’est sa plus grande satisfaction, plus encore que la prospérité matérielle, qui est surtout érigée sur la valeur des immobilisations. Par la force des choses il reconnaît qu’il a l’aisance, mais il n’a pas changé d’un iota son train de vie et c’est toujours le même Eddy Savoie qui est salué par ses résidents comme un homme bienveillant marqué aussi par la foi. C’est un grand croyant. Ça ne doit pas nuire, d’être connecté avec le Très-Haut.

RÉSIDENCES SOLEIL