Jacques Lamotte, poète sensible aux frémissements du monde, absorbe les rythmes et les sonorités, les ruptures et les accords du quotidien pour nous les offrir transfigurés sur la toile. L’abstraction laisse toute liberté au spectateur d’inscrire son imaginaire personnel sur l’objet pictural. La matière est généreuse, veloutée, sensuelle, elle est l’interface entre le dehors et le dedans, entre le peintre et nous.
Jacques Lamotte convie le spectateur dans un espace de liberté et lui offre d’entreprendre un voyage au cœur de la toile. Celle ci restitue l’immensité intérieure du peintre, la solitude dans laquelle s’élabore le rêve, où une heure est un voyage, un jour est une vie. C’est le lieu de la transformation poétique du réel en un langage abstrait.
Chose certaine, le vernissage montréalais du 26 juin dernier a réuni du beau monde qui unanimement chanté les louanges de ce transmetteur de beauté. On est tous restés coi devant une de ses grandes toiles représentant un amas de nuages traversé par la lumière de la lune sur un fond d’obscurité troublant. Comme si on demeurait curieux de ce qu’il peut bien y avoir derrière ces nuages saisissants d’immensité.
Et l’artiste n’a aucune prétention. Même qu’il met en garde avec un humour dévastateur qu’il y a dépassement d’achats parfois pour certains, il est tellement heureux que l’on apprécie sa démarche. Il a un côté goguenard comme Jacques Dutronc, maniant le sarcasme. C’est un sybarite qui ne dira jamais non à un whisky d’un certain âge et qui demeure en éveil devant la gent féminine.
Quel destin l’attend dans un univers bankable qui doit mettre une cote marchande sur tout. Il n’en a cure, sinon de faire la joie de ses afficionados et qui ont un problème avec sa production, c’est que le danger s’accroit avec la fréquentation. On voudrait tout posséder. Ici pour un artiste de sa trempe, c’est un heureux problème.
GALERIE ESPACE
4844 boulevard Saint-Laurent. Jusqu’au 1er juillet.
Né à Metz en 1957
Vit et travaille à Strasbourg
« Vous ne réussirez qu’en vous mettant en harmonie avec les lois de l’univers, au diapason du cosmos dont le principe clé est l’équilibre. Il faut un équilibre entre le sprirituel et le matériel, entre le ciel et la terre. L’équilibre est le maître mot. Vous ne pourrez être libre sans ce sens de l’équité, de l’égalité, de l’équilibre en toutes choses. »
Eliphas Lévy