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Les employÉs municipaux ne veulent pas de la facture de la corruption

La rentrée sera très chaude, si on en juge par les moyens de pression que mettent en œuvre les syndicats municipaux, qui ne veulent pas que leur fonds de pension écope pour de l’argent volatilisé qui est allé à la corruption.On verra de plus en plus souvent Marc Ranger au petit écran. C’est qu’il agit à titre de porte-parole de la Coalition syndicale pour la libre négociation.

La coalition a été créée pour contrer le projet de loi 3 du gouvernement du Québec voulant imposer les règles du jeu aux syndicats et menacer du coup les acquis chèrement gagnés lors des dernières conventions collectives. Dont une clause envisageant l’élimination de l’indexation annuelle. 68 000 syndiqués sont concernés. Sans entrer dans des détails très techniques, sachez qu’il y a autant de contrats de travail qu’il y a de municipalités. Certaines d’entre elles n’ont pas de déficit au niveau de leur plan de pension, d’autres oui. Les contributions varient d’une à l’autre. Les villes voudraient que la part de chacun au fonds de pension soit à parité 50-50. En ce qui concerne le fonds, les syndicats n’ont pas d’objection fondamentale, mais on ne peut pas mettre ça en application drastiquement du jour au lendemain. Surtout que les élus ne donnent pas l’exemple.



CODERRE ET LABEAUME DES AMUSEURS PUBLICS

Marc Ranger fait partie d’une autre génération de leader syndical. Il est instruit, posé, et aucun juron ne viendra émailler son propos. Seulement il n’a pas une grande estime pour les élus donneurs de leçons et qui ne donnent pas l’exemple. « Dans le privé ce sont des êtres charmants, mais ce qu’ils veulent nous imposer ils ne se l’appliquent pas à eux-mêmes. Tous les élus contribuent pour 23 % seulement à leur fonds de pension et font payer les 77 % restants aux contribuables. » Et de rappeler que les syndicats ont alerté les contribuables, bien avant la Commission Charbonneau, que les villes payaient 30 % plus cher les contrats. C’est pourquoi leur slogan porte le titre On n’a rien volé. « Ce qui me choque dans cette bataille, c’est que les maires sont des amuseurs publics, dit-il, dont on ne retiendra qu’une phrase choc pour les fins des médias. Nous on veut aller plus loin dans le débat. Par exemple, les cols bleus de Montréal ont souligné à quel point la Ville aurait sauvé de l’argent si elle leur avait confié notamment la réfection des trottoirs. Le syndicat aurait fait épargner des millions au lieu d’aller confier ça en sous-traitance. »



LES SYNDICATS ONT HAUSSÉ LEURS COTISATIONS

Le porte-parole, avec force conviction, a fait la démonstration que les fonctionnaires municipaux ont fait leur part pour ne pas que ce soit les payeurs de taxes qui fassent les frais de la gestion de leur fonds de pension. « Nous avons haussé de 40 % notre contribution alors que Montréal, qui a longtemps été sans contribuer, baisse maintenant les siennes. » Et il ajoute que les syndicats ont créé un fonds de prévoyance, justement pour soutenir le plan de pension si celui-ci venait à être mis en difficulté. Et M. Ranger de déplorer que les municipalités veulent sacrifier la jeune génération des travailleurs en instituant la précarité. « Nous on prévoit pour le futur, afin que la jeunesse ne soit pas sacrifiée. Déjà qu’elle devra travailler plus longtemps pour jouir de la retraite, on veut que ses conditions soient honorables. »

L’homme ne se fait pas d’illusion, le projet de loi sera adopté vers la fin novembre ou début décembre. Il veut toutefois qu’on y apporte de substantielles modifications. Et il demande aux maires vedettes, nos deux « mascottes » comme il les appelle en référant à MM. Coderre et Labeaume, de cesser de jouer aux kids kodak et de se montrer plus responsables des finances publiques. C’est le monde à l’envers, ce sont les syndicats qui donnent maintenant des leçons de bonne gouvernance aux élus. Le monde a vraiment changé.