RH – Dites-moi Marcello Lunelli, qui a fondé la maison Ferrari?
ML – La maison a été fondée en 1902 par Giulio Ferrari qui est né en 1879. C’était un visionnaire qui rêvait de produire en Italie un vin qui puisse se comparer au meilleur champagne. Il se prépare longuement se graduant d’abord de l’Impérial Regia Scuola di Agraria San Michele dans l’Adige, ensuite il se gradue de l’École de Viticulture de Montpellier et finalement se spécialise dans la chimie vinicole à Geisenheim. Il part ensuite travailler en Champagne pour découvrir les secrets du Champagne et les ramener chez-lui.
Lorsqu’il rentre à Trento il apporte dans ses bagages quelques précieux plants de Chardonnay alors inconnu en Italie. Il va les multiplier dans ses terres d’où il essaimera dans plusieurs régions italiennes. Ses premiers mousseux forcent l’admiration. Ils sont très chers, mais le succès est tel qu’il n’arrive pas à suffire à la demande. Déjà en 1906 il remporte la médaille d’or de Milan.
RH – Après 50 ans de travail intense et magnifique, Monsieur Ferrari se fait vieux et comme il n’a pas d’enfant, cherche un successeur pour continuer son œuvre et pense à votre grand-père Bruno Lunelli.
ML – Mon grand-père Bruno et Giulio Ferrari étaient en affaires depuis longtemps car mon grand-père avait ouvert un magasin de vins et de liqueurs fines en 1929. Giulio jette son dévolu sur mon grand-père à cause de son talent pour les affaires, et à cause qu’il a plusieurs enfants qui pourront prendre un jour la relève. La Cantina Ferrari passe aux mains des Lunelli en 1952, mais ce n’est pas un cadeau, car on a dû payer à Giulio la rondelette somme de trente millions de lires de l’époque, soit environ 5 ans du revenu total.
RH – Avec beaucoup de sérieux et de talent votre grand-père réussit à augmenter la production qui monte de 9 000 à 100 000 bouteilles par année au moment où il passe la main à ses fils. Ses mousseux sont reconnus pour leur grande qualité et toujours grandement appréciés.
ML – Mon grand-père décède en 1973, auparavant il avait passé la main à ses fils Franco, qui est mon père, Gino, et Mauro. Ils ont été formés et entrainés de longue date. Mauro qui est le chef de chai va se lancer dans des recherches très élaborées et très intéressantes qui donneront vie à plusieurs styles de mousseux pour répondre au goût du jour, toujours en évolution. Il parvient à amener les mousseux Ferrari à un sommet d’excellence inégalé. Je vais apprendre d’abord le métier à ses côtés depuis l’âge de treize ans, avant de fréquenter les écoles de formation en œnologie.
RH – Marcello, parlez-nous justement de votre expérience puisque vous êtes maintenant, le Maître de Chai de la maison.
ML – J’ai d’abord été formé comme Giulio Ferrari à l’Institut agraire de San Michele all’Adige, une des plus prestigieuses institutions viticoles de l’Italie, j’ai obtenu également un diplôme en agriculture de l’Université de Milan. J’ai perfectionné mes compétences par une expérience pratique en Californie, en Afrique du Sud et en Allemagne, avant de rentrer à Trentino, où j’ai produit mon premier vin en 1995 qui a été pour notre maison le millésime du centenaire.
RH – Vous prenez toujours la qualité très au sérieux et vous comptez avec une équipe chevronnée.
ML – Pour réussir nous comptons en effet avec une équipe de 6 ingénieurs agronomes et de 8 œnologues. Nous contrôlons tout le processus de la vigne à la bouteille. Nous pouvons ainsi travailler avec 500 vignerons indépendants qui suivent à la lettre nos recommandations et pour certains Perlés nous avons nos propres vignes.
RH – Votre maison produit 11 types de mousseux : Brut, Rosé, Demi-Sec, Maximum Brut, Maximum Demi-Sec, Maximum Rosé, Perlé, Perlé Rosé, Perlé Nero, Riserva Lunelli et Giulio Ferrari.
ML – Ils représentent notre souci de répondre à la demande et de nous adapter au goût du public, avec toujours le souci de l’excellence.
RH – À combien de bouteilles monte la production actuellement?
ML – Nous produisons maintenant 4,5 millions de bouteilles, tout en conservant et même améliorant la qualité de notre vin. À Ferrari nous ne faisons d’ailleurs que des mousseux.
RH – Franciacorta est le grand rival de Ferrari pour le plus fin mousseux d’Italie par la méthode classique. En quoi le Ferrari de Trento est supérieur au Franciacorta de Lombardie?
ML – Les deux sont des grands mousseux. À mon avis le Franciacorta est un vin ample, tandis que le Ferrari est vertical et ciselé. Notre mousseux est tout en finesse, en élégance et en fraîcheur. Nous avons des terroirs qui sont les plus semblables à la Champagne par la température. C’est un élément important car dans les trente dernières années, la température dans nos régions a augmenté d’un degré. Ce qui veut dire que pour faire des vins semblables à ceux que faisait mon grand-père nous devons déplacer nos vignes de 100 mètres en altitude. Heureusement nous sommes en terrain montagneux et nous sommes déjà en train de planter nos vignes à plus grande altitude, ce qui nous permettra d’avoir toujours des vins mousseux croquants et avec une belle acidité, une belle fraicheur.
Le vignoble de Franciacorta est déjà cultivé à sa plus haute altitude, si la température continue à augmenter il faudra qu’ils trouvent quelque chose pour obtenir la fraicheur. Un autre atout des vins de Ferrari c’est que nous prenons le temps qu’il faut. Par exemple, notre Giulio Ferrari qui est un de nos meilleurs vins, repose sur lies pendant 10 ans. Peu de vins, même en Champagne peuvent prétendre une aussi longue bonification sur lies.
L’entrevue s’est terminée avec la dégustation de plusieurs vins, dont je retiens aujourd’hui les deux qui sont en vente à la SAQ; tout d’abord le Ferrari Brut, générique de la maison. Il a été créé en 1902, et titre 12% d’alcool. C’est un Blanc des blancs, donc 100% Chardonnay. Le raisin est cultivé dans plusieurs communes du Trentin à une altitude de plus de 300 mètres sur le niveau de la mer. Vendanges manuelles, maturation de 24 mois avec des levures naturelles produites exclusivement par la maison Ferrari.
Robe jaune paille très belle. Petites bulles coquines qui viennent jouer joyeuses, avec votre langue. Arômes délicates et complexes: fleur d’oranger, chèvrefeuille, acacia, citronnelle, pomme golden, poire, biscuit. En bouche c’est un vin élégant et équilibré, avec une belle acidité, une texture croquante qui goûte le biscuit sorti du four et le goût des fruits mûrs. Une finale toute en fraîcheur qui prolonge le plaisir avec une touche saline. Ce vin est l’expression de l’harmonie parfaite entre le terroir du Trentin et le cépage Chardonnay.
Le Ferrari Brut est disponible à la SAQ code 10496898. Prix 26,45$.
J’ai dégusté aussi le Ferrari Rosé, 60% Pinot Noir et 40% Chardonnay, 12.5% d’alcool. Le raisin est également cultivé à plus de 300 mètres au-dessus de la mer et les vendanges se font manuellement. Vingt-quatre mois de maturation avec des levures naturelles, cultivés par Ferrari. Le premier millésime date de 1969.
Robe incroyable, vieux rose lumineux. Arômes d’acacia et d’aubépine, de groseille, de fraise sauvage, de confiture de roses. Croquant en bouche, caressant, élégant, avec un goût de groseille et de fraise confiturée qui revient. Un petit peu d’amande, de noix muscade, une longue finale qui prolonge le plaisir. C’est assurément le vin préféré des amoureux.
Le Ferrari Rosé est disponible à la SAQ, code 10496901. Prix 32$
Marcello Lunelli, vice-Président
Massimiliano Giacomini, export Manager
Représentés au Québec par Vins Philippe Dandurand Wines Inc.
Vanessa Besnard, coordonnatrice Marketing
1304, avenu Greene, Westmount
Tél. : 514-932-2626, poste 293
Sheila Whittaker, national Fine Wine Brand Leader
Tél. : 514-932-2626, poste 288
Anne Malhere, spécialiste vins fins Montréal